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Abolir le système prostitutionnel

8 avril 2014, 17:48, par Sandra R.

Bonjour,
Le fait que (certains) hommes supportent mal la privation de rapports sexuels n’a rien à voir avec « les différences physiques et psychologiques » supposées naturelles entres les sexes « fort » et « faible ».
Aucun être humain, homme ou femme, n’a « besoin » d’avoir des relations sexuelles pour être en bonne santé. Aucun cas de décès ou de maladie n’a jamais été constaté pour cause d’absence de relations sexuelles chez des hommes (ni des femmes). Une vie sans sexe est peut-être moins épanouissante, elle n’empêche nullement de vivre longtemps et en bonne santé.
Si l’on s’en tient aux différences physiques d’ailleurs, ce qui devrait plutôt nous étonner c’est que les femmes « gèrent mieux l’abstinence » étant donné qu’à la différence des hommes, elles disposent d’un organe uniquement dédié au plaisir sexuel (le clitoris), doté de huit mille terminaisons nerveuses, ce qui en fait l’organe le plus sensible qu’on puisse trouver chez l’être humain.

Pourtant les clients des prostitué-e-s sont à 99% des hommes, quel que soit par ailleurs le sexe des personnes prostitué-e-s.
Le comportement sexuel des hommes et des femmes n’est pas déterminé par leur biologie, ce que confirme aussi le fait que de nombreux hommes arrivent parfaitement à gérer la non-satisfaction de leurs désirs.

L’idée que les hommes auraient des « besoins » sexuels irrépressibles naturalise ce qui relève d’une construction sociale, véhiculée par toute une batterie de représentations sexistes dans l’éducation, les médias, la culture, les traditions, et particulièrement présente dans l’imaginaire pornographique qui érotise la violence et la soumission sexuelle des femmes, présentées comme des objets uniquement dédiés à la satisfaction des désirs masculins.

La lutte contre le système prostitutionnel est aussi une lutte contre cette construction de la virilité basée sur la domination masculine, contre les stéréotypes sexistes au fondement de la société patriarcale qui assignent les un-e-s à l’assouvissement des désirs sexuels des autres.

C’est une lutte pour l’émancipation et la libération sexuelle des femmes, qui suppose de changer les représentations (des femmes et des hommes) et d’inscrire la sexualité dans le registre non pas des « besoins » mais des désirs à partager dans le respect et la réciprocité.