Rencontre sur les luttes au travail contre les violences faites aux femmes

Aujourd’hui, dès 9h étaient programmés les premières activités du Forum Social Mondial 2016 à Montréal. Parmi celles du réseau Globattac l’atelier La lutte au travail contre les violences faites aux femmes se plaçait dans la continuité d’une activité organisée au Forum social mondial de Tunis de 2015, avec notamment des syndicalistes tunisiennes et des travailleuses du secteur des services. Pour certaines d’entre elles faire face à des humiliations et des comportements sexistes sur leur lieu de travail a été le déclencheur pour s’organiser et défendre leurs droits.
La volonté de poursuivre un travail collectif a permis à nouveau de croiser analyses et expériences du Canada, de France, du Mexique, du Sénégal.

Au Canada, la Confédération des Syndicats Nationaux s’est emparée de ces questions depuis plusieurs décennies et a aboutit notamment à la production d’un ensemble d’outils à destination des syndicats. Créée en 1997, la brochure « La violence au lieu de travail : tolérance zéro » a été un premier guide pour briser le tabou qui entoure les violences. Alors qu’au départ la préoccupation de trouver des moyens d’y faire face provenait des femmes, les questions ont commencé à émerger de la part des syndicats eux-mêmes.
Par ailleurs, une enquête nationale réclamée depuis longtemps par les femmes autochtones a permis de mettre en lumière une surreprésentation de ces femmes parmi les victimes de violence : alors qu’elles représentent 4,3 des femmes au Canada, elles constituent 16% des femmes victimes d’homicide, et 11,3% des femmes disparues.

Diverses formes d’organisation sont adoptées pour faire face aux violences.
Au Sénégal, des femmes de la région du Saloum font face à la concurrence dans laquelle elles se trouvent face à des hommes, considérés comme prioritaires pour vendre leur production agricole.

L’atelier a permis de suivre les avancées des luttes des femmes de Ciudad Juarez au Mexique. Dans cette zone franche de l’état de Chihuahua, l’installation des maquiladoras bénéficie essentiellement aux entreprises étrangères ainsi qu’aux propriétaires terriens. De nombreuses femmes y sont employées dans des mauvaises conditions de travail. Le contexte social associé au sexisme profond créée les conditions d’une violence extrême envers les femmes, longtemps minorée par les autorités mexicaines. La lutte contre le féminicide engagée par les familles et les féministes a commencé par identifier les disparitions et meurtres de femmes : entre 1993 et 2016, 1600 femmes ont été assassinées. L’exigence de justice se poursuit : en 2015 des procès importants ont eu lieu, aboutissant pour la première fois à la condamnation de plusieurs criminels. En parallèle des mobilisations dans les maquiladoras ont éclaté pour dénoncer les conditions de travail et le harcèlement sexuel. Récemment, un syndicat autonome a réussi à s’implanter dans l’une des entreprises.

Durant le temps du Forum Social Mondial, d’autres réunions sont prévues pour avancer sur des pistes communes.

Huayra Llanque