Chroniques de l’œil de la chéchia n^o 5 : samedi 28 mars 2015

Emballé, c’est pesé !

C’est parti pour le dernier jour de ce deuxième FSM tunisien plutôt marqué par les caprices du temps, clin d’oeil en pointillé au dérèglement climatique qui s’annonce.

Un drôle de spectacle nous attend sur le campus, nous qui croyions avoir déjà tout vu : plus un seul stand debout sur les espaces où nous sommes et notre propre stand a été volontairement affaissé avec tout le matériel dessous.

Que faire, aurait dit le camarade Vladimir Illitch ? Mais nous ne sommes pas Lénine et attendrons encore un peu avant d’être embaumé pour l’éternité qui chante à défaut de lendemains : illico presto la tente principale est remise sur pied alors que l’autre est installée façon khaïma avec un espace d’accueil avec tables et des chaises à l’abri du vent.

Et à notre grand bonheur, sans doute car il ne reste que notre stand sur tout le secteur, il y a affluence des beaux jours, pas des gens d’Attac ou d’autres associations de l’autre côté de la Méditerranée (la bonne rive bien sûr !), mais d’étudiants tunisiens, d’organisations algériennes diverses, de familles qui profitent du début du week-end pour venir voir ce qu’est le Forum. C’est dans ces moments qu’on se dit qu’on n’est pas venu pour rien, que tout cela a peut-être un peu de sens, qu’on n’est plus seulement entre nous et que ça fait du bien.

Et puis l’heure vient de faire les cartons et de charger la voiture, l’espace est désormais vide et désert tandis que s’agite déjà le personnel de l’université qui commence à ranger le matériel.

Que reste t-il de ces moments une fois chacun retourné pour paraphraser Nougaro « dans son automobile » ? Quelle image et quel message laissons-nous aux Tunisiens ? Qu’est ce qu’on remporte d’eux qui nous rendra plus grand ?

Je dois dire à titre personnel que pour moi, en dehors de ce stand, le Forum s’est surtout passé à l’extérieur, dans ce petit faubourg de La Goulette, où j’ai réellement éprouvé le désir des Tunisiens de continuer à vivre ensemble dans leur diversité, j’en veux pour preuve cette petite synagogue de La Goulette où en ce samedi, jour de chabbat, les fidèles vont et viennent tranquillement, tout comme bars et restaurants proposent à la vue de tous des boissons fermentées tandis que des groupes de femmes sont attablées au bord de l’eau en devisant gaiement.

Tandis que chacun aura déjà regagné ses pénates pour d’autres combats, que dès dimanche soir les commentateurs nous abreuveront de leur science après le résultat des départementales, j’irai dimanche à Bab Saadoun pour la grande marche du peuple tunisien.

Encore une recette de Tonton Hervé Youcef avant que vous ne partiez : c’est la célèbre kamounia qu’on peut faire aussi bien au mouton qu’au poulpe. Nous avons encore beaucoup à apprendre…

Kamounia

Pour 4 personnes, il faut :

• huile d’olive
• 300g de foie de mouton (ou d’abats)
• ½ oignon émincé
• 1,5 cs de concentré de tomates
• 2 cc de piment en poudre
• 1 cc de tabel-karouia
• 1,5 cc de cumin
• 4 gousses d’ail
• 1 cc de sel, 1 pincée de poivre, huile d’olive
• persil

1. Mettre dans un faitout un fond (un peu épais) d’huile d’olive, l’oignon émincé, le foie coupé en petits morceaux (environ 3-4 cm), les épices (SAUF LE CUMIN), le sel et le poivre. Ajouter par dessus la tomate concentrée.
2. Mettre sur une flamme vive, et faire revenir sans ajouter d’eau pendant 5 bonnes minutes en remuant très souvent.
3. Ajouter ½ l d’eau bien chaude, et laisser cuire à couvert pendant 20 minutes. Au bout de 10 minutes, mettre l’ail écrasé dans la sauce. Ajouter le cumin 5 minutes avant la fin.
4. En fin de cuisson, la sauce doit être bien épaisse. Servir chaud décoré avec du persil haché.

Les chats de Willis from Tunis à la gare de Tunis Marine

La Synagogue de La Goulette