Douce France ...

Tout à l’heure au hasard des rues de Marseille, je croise une foule de quelques milliers de personnes regroupant pêle-mêle mais en bon ordre, prêtres en soutane, familles aux enfants propres et bien peignés, quelques cranes rasés, beaucoup de jeunes plutôt chicos, deux ou trois anciens à gueule de vichystes, bref une France qui fait peur à voir, qui sent la poussière et le renfermé mais qui n’hésite plus à arpenter le pavé, bannières déployées, chants religieux et slogans ultranationalistes à pleine bouche.

Ils présentent bien aujourd’hui et mis à part les quelques calotins nostalgiques de service, ce sont des gens modernes. Et pourtant ce sont les mêmes qu’hier, ceux qui ont rasé Guernica en chantant Viva la Muerte, ceux pour qui les congés payés étaient des salopards, ceux qui déjà manifestaient en 1984 pour l’école libre et contre le projet d’un grand service public unifié de l’éducation nationale.

Ils sont fiers les garants de la famille papa - maman, n’hésitent pas cette fois à en appeler à la République et à la laïcité, eux qui l’appelaient pourtant "la chienne" devenus soudain démocrates au point de réclamer un référendum.

Et le grand Barbarin et ses gros mots d’inceste et de polygamie, lui dont la hiérarchie a couvert si longtemps les horreurs de ses troupes ensoutanées.

Non décidément, de quoi se mêlent-ils ?

"Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie" disait Prévert et il avait bien raison.