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Focus sur l’Articulation des Peuples Indigènes du Brésil (APIB)
lundi 18 juin 2012, par
L’APIB est une instance de référence nationale des peuples indigènes du Brésil, regroupant six organisations régionales elles-mêmes composées de nombreux peuples, qui propose de :
– fortifier l’union des différents peuples et organisations du pays,
– unifier les luttes et revendications, et la politique du mouvement indigène,
– mobiliser ces peuples et organisations contre les menaces et agressions faites aux droits des peuples indigènes.
Tout en promouvant les articulations et les formations de ses membres, elle fait pression auprès du gouvernement pour la construction d’une politique publique spécifique, en particulier dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la terre et de l’environnement, de la législation, des droits humains et de leur participation aux débats nationaux. De plus, elle développe un programme d’information sur la réalité des droits indigènes, et construit des alliances avec mouvements similaires internationaux.
Ce mouvement tient une place importante dans ce sommet des peuples, avec des activités journalières au sein d’une grande tente installée au cœur de l’évènement.
La revendication principale est avant tout une demande de respect : trop souvent considérés comme des peuplades attardées, leur parfaite intégration au milieu naturel, leur empreinte énergétique et leur bilan carbone nuls devraient plutôt nous inspirer des pistes de solutions pour la société post-carbone qui nous attend… Actuellement, les politiques prédatrices des pays dits développés amènent au massacre de ces populations : les garimpeiros (chercheurs d’or illégaux), les voleurs de terre, les agricultures déforestant massivement (soja OGM et agrocarburants en particulier) et les grands projets (barrages, extractivismes divers…) détruisent chaque jour un peu plus leurs conditions de vie. Au son des maracas et tambours, portant avec fierté tatouages, tenues traditionnelles et coiffures à plumes, ils affirment leurs différences, en laissant la part belle aux femmes, souvent parmi les plus véhémentes. Comment protéger à la fois leurs cultures, leur santé, et la nature ? Ils ont conscience de se battre aussi pour tous les peuples indigènes du monde, contre la « société de l’électricité ».
Afin d’apprécier la complexité de leur situation, concentrons nous par exemple sur le domaine de l’éducation : coincés entre le marteau de l’acculturation et l’enclume de la marginalisation, leurs revendications en ce domaine sont nuancées : ils souhaitent des cursus spécifiques, bilingues, adaptés à leurs besoins, protégeant leurs cultures tout permettant l’ouverture sur le monde et la défense de leurs droits fondamentaux.
Ils se battent et se battront encore contre le simplisme de notre vision manichéenne, où le bon riche peut faire la leçon au mauvais pauvre, mais pauvre de quoi ? De nos dépendances à l’énergie ? Une autre réalité brésilienne existe ici, loin de l’officielle, loin de la course au « toujours plus » ; un autre monde est possible, aidons ceux qui nous le démontrent encore à sauvegarder leurs cultures irremplaçables.
Benjamin Malan
crédit photo :
Jean de Peña - Collectif à-vif(s)