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Accaparement des terres : un fléau qui touche tous les continents

vendredi 22 juin 2012, par Yves Ruamps

Dans cet atelier proposé par Enda Pronat, sont venus témoigner, des militants du Bénin, du Mali, du Sénégal et du Cambodge.

Selon le pays et le contexte politique, le processus prend des formes diverses. Une militante souligne qu’en Colombie, la spoliation des paysans passe par l’intervention militaire, sous couvert de lutte contre les narcotrafiquants. Les témoins africains précisent qu’ils sont confrontés à trois formes d’accaparement de terre : les notables locaux, les fonds souverains de pays étrangers, les multinationales.

Selon les acteurs, la finalité de la prise de contrôle des terres agricoles diffère : les fonds souverains cherchent à assurer la sécurité alimentaire dans leur pays (Arabie Saoudite, Chine,...), les notables locaux trouvent là un moyen d’asseoir leur fortune personnelle, les multinationales et autres investisseurs étrangers y voient un placement spéculatif, ne se préoccupent pas de l’exploitation des terres "acquises".
Quelle que soit la finalité, c’est toujours une spoliation brutale des paysans, des violences, des interventions armées, la criminalisation des actions de résistance des populations, une atteinte grave à la biodiversité (monoculture avec apport massif d’intrants chimiques, cultures destinées à la production d’agrocarburants : jatropha et canne à sucre).

L’atelier apportait un éclairage particulier sur l’ampleur des dégâts, en citant quelques chiffres marquants : la Banque Mondiale annonce 42 millions d’hectares déjà passées aux mains des spéculateurs ces dernières années, dont 75% en Afrique ; les paysans sénégalais ont perdu 30% des terres agricoles ; au Mali, sur la zone irrigable de l’Office du Niger, 56 % des familles disposent de moins de 3ha, alors qu’il faut au minimum 5ha pour nourrir une famille, et cependant 600 000ha sur un total de 1,3 millions ont déjà changé de main.

Le Sommet des Peuples fournit une belle opportunité d’échanges et de consolidation des réseaux. Au Bénin (avec"Synergie Paysanne"), au Mali (avec le ROPPA) au Sénégal (avec Enda Pronat), mais aussi au Cambodge, en Colombie, … les paysans s’organisent, développent les réseaux, défendent le droit d’accès à la terre, l’agriculture vivrière, la souveraineté alimentaire.