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Le chemin est ouvert vers l’interdiction des armes nucléaires

vendredi 13 juin 2014, par Daniel Hofnung

Après les conférences d’Oslo puis de Nayarit, l’agenda s’accélère : à Vienne puis en Afrique du Sud, un traité d’interdiction des armes nucléaires va être préparé

Le comité préparatoire à la conférence de révision du Traité de Non Prolifération nucléaire (« Prepcom » du TNP) s’est réuni à New York du 28 avril au 9 mai [1]. L’ensemble des États étaient présents, c’est la dernière conférence avant l’assemblée qui en 2015 doit réviser le TNP et faire le point sur le désarmement.

Le tableau est peu réjouissant. Le plan d’action de 2010, approuvé par consensus par les États – y compris les pays dotées d’Armes Nucléaires – listait 64 actions, dont 22 de désarmement nucléaire. On sait que la Conférence pour une Zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient n’a jamais pu être convoquée. Quant à l’action 5 « accélérer les progrès concrets sur les mesures tendant au désarmement nucléaire » et faire un rapport en 2014, elle s’est traduite par des rapports d’auto-satisfaction... sans mesures concrètes, cachant la réalité : la poursuite de la modernisation des arsenaux nucléaires dans les différents pays.

La stratégie « étape par étape », la seule poursuivie par notre pays, est un fiasco complet : elle devait d’abord passer par la signature du traité d’interdiction des essais nucléaires (appliqué dans les faits, à part la Corée du Nord), mais que les USA n’ont même pas ratifié, puis par le traité d’interdiction de production des matières fissiles, qui serait un traité d’inégalité, donc a peu de chance d’aboutir : les 5 pays nucléaires d’origine en regorgent tellement qu’ils n’en produisent plus et même doivent en reconvertir (les USA et la Russie), mais les pays arrivés après en produisent, pour certains en concurrence – le Pakistan veut rattraper l’Inde beaucoup mieux équipée grâce à l’aide des États-Unis – .

Ce bocage du processus du TNP amène des États non dotés d’armes nucléaires à envisager d’ « atteindre ses objectifs » par d’autres moyens : engager un processus d’interdiction des Armes Nucléaires.
La dernière conférence, à Nayarit (Mexico), a rassemblé 140 pays, une prochaine, à Vienne, en décembre prochain, commencera à travailler à un traité d’interdiction des armes nucléaires, dans la lignée de ce qui s’est fait pour les armes chimiques, les mines ou les bombes à sous-munitions. Chacun de ces traités inclut des dispositions pour le démantèlement des armes existantes sous contrôle international. Une nouvelle conférence est déjà prévue en Afrique du Sud en 2015 pour finaliser le traité : le groupe de pays à l’initiative a clairement décidé d’opposer à l’incurie et à l’immobilisme des États nucléaires leur volonté d’arriver rapidement à un traité qui mette chaque pays devant ses responsabilités et conduise enfin au désarmement nucléaire.

Ce processus ne peut vaincre que s’il est mené au niveau des peuples et des élus nationaux.

C’est ce à quoi travaille, dans de nombreux pays, la coalition ICAN [2]. En France, une audition de deux militants à la Commission de la Défense de l’Assemblée Nationale a rassemblé une trentaine de députés le 14 mai [3]. Auparavant, le 20 janvier, une conférence au Sénat sur l’impact humanitaire des armes nucléaires avait touché un large public. Une nouvelle conférence se tiendra à l’Assemblée Nationale, les 26 et 27 juin à l’initiative du mouvement international « global zéro » qui rassemble des anciens responsables de premier plan agissant pour l’élimination de l’arme nucléaire.

Mais l’action se mène avant tout au niveau des peuples. Un forum pour la paix et la sécurité humaine « Peace Event 2014 Sarajevo » s’est clos lundi 9 juin, et a rassemblé 2.500 participants au total. Lors des interventions d’ouverture et de clôture, le désarmement nucléaire a été mentionné comme une nécessité. L’atelier sur les « conséquences humanitaires de la guerre nucléaire » a permis la rencontre entre les militants d’ICAN de France et de Serbie (dont plusieurs étaient des anciens combattants de la guerre d’il y a une vingtaine d’années). Ceux-ci nous ont fait part de leurs actions : réunions d’informations dans des localités, pétitions, diffusion de publications ...

ICAN Serbie : 1°, 2°, 4° et 5° en partant de la gauche, les autres : ICAN France (Mouvement de la Paix, ATTAC, Armes Nucléaires Stop, Médecins contre la Guerre Nucléaire)

Le film « la bombe et nous », réalisé récemment par la coopérative de cinéma DHR, a été présenté en version anglaise, pour la première fois, devant un public, hélas limité, après pas mal de difficultés et un changement de salle. Avec une histoire de la bombe nucléaire, de nombreuses interviews d’anciens généraux, d’anciens ministres de la défense et de militants de plusieurs pays, il devrait être utile pour faire sortir de l’ombre la question de la dissuasion nucléaire, si peu objet de débats ou de remises en cause.

Il sera montré cet été (en français) à plusieurs reprises, en particulier à l’ESU des ATTAC-Europe, le samedi 20 août matin (horaire prévu actuellement).

Lever le tabou du nucléaire militaire et de la dissuasion est une priorité pour nous.


[1Voir sur le site www.icanfrance.org

[2International Campaign to Abolish Nuclear weapons www.icanw.org

[3Voir sur le site www.icanfrance.org

Messages

  • Je suis adhérent d’ATTAC, membre du MAN (Mouvement pur une Alternative Non violente) et engagé dans la campagne de ce mouvement.
    Nous nous rencontrés le 20 janvier au Sénat.