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Ukraine, Donbass, nazis et Russie
contre l’agression russe et pour perdre ses illusions sur l’Ukraine
vendredi 4 mars 2022, par
Une déclaration du président ukrainien qui nous ferait bondir fin 2014, et aujourd’hui, la guerre
« Nous aurons du travail et eux non,
Nous aurons les retraites et eux non,
Nous aurons des avantages pour les retraités et les enfants, eux non,
Nos enfants iront à l’école et à la garderie, leurs enfants resteront dans les caves,
Parce qu’ils ne savent rien faire,
C’est comme ça,
C’est précisément comme ça,
Que nous gagnerons la guerre »
Petro Porochenko, décembre 2014 (président ukrainien du 7 juin 2014 au 20 mai 2019
Extrait du discours sous-titré en français visible au début du film Donbass d’Anne-Laure Bonnel tourné en 2015 :
Ce discours était entre le premier accord de Minsk (5 septembre 2014) et le deuxième (12 février 2015) alors que la guerre avait repris dans le Donbass.
Ceci devrait permettre de comprendre qu’il n’y a pas d’un côté les gentils agneaux ukrainiens et de l’autre le méchant loup russe.
Anne-Laure Bonnel est retournée récemment au Donbass, elle a été invitée sur Cnews, en même temps que Bernard Henri Lévy : elle a témoigné des bombardements réguliers de cette région par l’armée ukrainienne, avec 13.000 morts en 8 ans et une population qui se terre régulièrement dans les abris.
Le nombre de morts qu’elle cite concerne en fait l’ensemble des victimes de cette guerre, civils et militaires, des deux camps, les civils pouvant représenter environ 3500 victimes.. Donc tous ne sont pas liées aux bombardements ukrainiens, mais seulement une partie, le reste étant lié aux bombardements venant des territoires des républiques indépendantistes et aux combats. Par contre, je considère son témoignage suffisamment documenté pour être crédible. Il est confirmé largement par les documents de l’OSCE, qui produit des rapports quotidiens sur les incidents où il apparaît clairement que les projectiles tombent surtout sur les zones non-contrôlées par le gouvernement ukrainien.
Poutine invoque régulièrement la présence de nazis en Ukraine, ce que nie Zelinski. Il existe plusieurs groupes, dont Svoboda. A l’époque de Porochenko, suite à la pression des occidentaux, ils ont eu plusieurs postes de ministres (intérieur et écologie) et ceux-ci ont dicté la composition du gouvernement( voir surtout de 9.00 à 11.00 mn )
Depuis leur influence électorale a fondu (2,5%) mais ils ont des bataillons qui secondent l’armée régulière :
AZOV : il s’agit bien de forces intégrées dans la garde nationale ukrainienne, dont la direction est ouvertement d’extrême droiteet qui a dans ses projets l’instauration d’un pouvoir fort en Ukraine, en renversant le gouvernement légal. Ils ont été créés pour lutter contre l’insurrection pro-russe à l’est de l’Ukraine et ont commis bon nombre d’exactions.
AIDAR qui a commis des enlèvements, séquestrations, vols et a fait l’objet d’un rapport d’Amnesty International
Auparavant l’Ukraine avait reconnu la langue russe comme l’une des langues parlées dans le pays, en plus de la langue principale mais désormais l’ukrainien doit être la seule, et Zelinsky a confirmé qu’une seule langue avait droit de cité, l’ukrainien .
Voir page 37 dans https://www.syllepse.net/syllepse_images/articles/liberte---et-de--mocratie-pour-les-peuples-dukraine-1.pdf
Exactions contre des civils, bombardements depuis 8 ans ayant causé des milliers de morts, collaboration avec des milices fascistes, interdiction de langue maternelle pour les russophones : il est temps pour les militants de comprendre qu’il n’y a pas dans ce conflit une Ukraine qui serait seulement la victime, et à qui il faudrait apporter une aide inconditionnelle, contre une Russie qui serait intervenue d’emblée pour assurer sa domination. L’occasion lui en a été donnée par les exactions ukrainiennes et la pression de l’OTAN pour s’installer dans la région, depuis le début de cette crise.
Il n’est pas question ici de légitimer l’invasion russe, celle-ci doit cesser au plus vite, il y a déjà eu trop de victimes, et il risque d’y en avoir bien plus si elle continue.
Les troupes russes doivent se retirer d’Ukraine. Il faut, comme cela a été proposé dans le document de Stefan Bekier pour le CN d’Ensemble ! aller vers la convocation par l’OSCE et le Conseil de l’Europe d’une conférence pour non seulement arrêter la guerre mais se donner comme objectif la dissolution simultanée des deux blocs, avec un retrait supervisé par l’OSCE et le Conseil de l’Europe des troupes russes en Ukraine et des troupes de l’OTAN en Europe de l’Est. J’y ajouterais le désarmement nucléaire, en commençant par le retrait des forces nucléaires de l’OTAN en Europe et des forces nucléaires russes leur faisant face.
Il est utile ici de mentionner une déclaration du 3 janvier 2022 des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, cinq puissances nucléaires, qui dit qu’« une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée » et évoque l’objectif d’« un traité de désarmement général et complet sous contrôle international strict et efficace ».
Ceci a hélas été suivi récemment de menaces en brandissant la force nucléaire par Poutine.
En juillet prochain, se tiendra la première réunion des états ayant ratifié le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires, avec l’Autriche, l’Irlande et Malte qui l’ont ratifié, mais aussi la Suisse et la Suède qui souhaitent y adhérer, ainsi que la Finlande, la Norvège, l’Allemagne où des membres de la coalition gouvernementale sont intéressés par le traité. D’autres états européens pourraient y être en tant qu’observateurs.
Il est plus que jamais urgent d’aller vers le désarmement, la Russie, ces dernières années, a accumulé un arsenal nucléaire comprenant des missiles à propulsion nucléaire pouvant faire le tour de la terre avant d’atteindre leur objectif, et des missiles hypersoniques contre lesquels aucun antimissile ne peut agir. La course aux armements est pleinement relancée, alors qu’on sait que cette arme ne peut pas être utilisée pour gagner une guerre.
La présente guerre en Ukraine doit déboucher, à l’occasion de son arrêt, sur de nouveaux accords de paix et de sécurité entre les états, dans un monde qui sera enfin débarrassé des armes nucléaires.
Les droits des différentes minorités ou populations devront être respectés, sans discrimination. C’est la base de toute coexistence et de toute paix, comme cela a été le cas – parfois difficilement – après la guerre dans l’ex-Yougoslavie, et comme en avait témoigné le premier Forum Social Mondial sur la paix, à Sarajevo du 6 au 9 juin 2014, justement au moment où se mettaient en place les éléments qui ont conduit à l’actuelle guerre. Nous y avions projeté une première version du film« la bombe et nous », film qui va devenir de nouveau d’actualité.