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Produire de l’énergie avec quelques grammes de nickel, les transmutations biologiques...

de nouveaux concepts pour le XXI° siècle ? article complété le 31/1/2018

mardi 23 décembre 2014, par Daniel Hofnung

Et si la transition énergétique était différente de ce que nous attendons ?

Pour le courant écologiste, le courant altermondialiste et plus généralement pour tous ceux qui se mobilisent actuellement en prévision de la tenue de la COP 21 à Paris l’an prochain, il est essentiel de diminuer massivement notre consommation d’énergie fossile, et pour cela, de réduire notre consommation d’énergie, tout en faisant appel aux énergies renouvelables.

La parution récente sur « Wikileaks » (le site fondé par Julian Assange) d’un article sur un procédé de production d’énergie non-polluant, s’apparentant à la « fusion froide » risque d’amener un élément nouveau important.

De quoi s’agit-il ? De la possibilité de production d’énergie à bon marché, sans pollution, utilisant une ressource abondante en très faible quantité, ce qui ouvrirait la possibilité de passer plus facilement à une économie « non-carbonée ».

Dans le modèle expérimenté, il y a synthèse d’un isotope du nickel (le Ni 62) à partir de nickel naturel (mélange de Ni 58, 60, 61, 62 et 64), d’hydrogène et de lithium en présence d’un catalyseur, avec un fort dégagement d’énergie.

Dans une expérience précédente, il s’agissait de la synthèse de 10 % de cuivre et de 11 % de fer pour produire 18 mégawatt heure en 2 mois et demie à partir de poudre de nickel (100 g) et d’hydrogène (2 g) en présence d’un catalyseur.

photo James Rodney E-cat 5 Kw, dans l’article cité de Wikileaks

Cela paraît absurde, au vu de la physique classique, car il y aurait rupture de la barrière de Coulomb, qui empêche les particules d’entrer dans le noyau atomique.

La possibilité d’y échapper avait été formulée par les physiciens Pons et Fleischmann en 1989, avec la fusion froide, ou LENR (Low Energy Nuclear Reaction - réactions nucléaires à basse énergie), mais cette découverte a rapidement été mise à l’écart par la physique nucléaire conventionnelle et officiellement oubliée.

Mais il y a 4 ans, un ingénieur italien, Andrea Rossi, réussissait à mettre au point un appareil, empiriquement (il dit avoir essayé des centaines de combinaisons), avec l’aide du Professeur Focardi. Cet appareil baptisé, E-cat, pour « energy catalyzer » utilise une faible quantité de poudre de nickel, de l’hydrogène et parfois du lithium. Sa température peut s’élever à quelques centaines de degrés, voire 1.400 degrés, et il génère de l’énergie pendant plusieurs mois.

Le catalyseur est le secret de l’inventeur, ce qui fait que l’expérience ne peut être reproduite isolément.

Mais, comme l’indique l’article cité plus haut de Jean-Pierre Cousty sur Wikileaks : « aujourd’hui, et pour la première fois, des essais ont été effectués par une équipe de scientifiques d’universités (italienne et suédoise) totalement indépendante et soumise au strict protocole des comités de lecture. Les essais ont commencé en mars 2014 et le rapport final vient juste de « fuiter », le 8 oct. 2014, sur le net, avec semble-t-il, l’approbation de l’ingénieur A. Rossi... L’énergie nette totale obtenue pendant les 32 jours [de l’expérience] était environ 1,5 MWh. Cette quantité d’énergie est beaucoup plus grande que celle qui pourrait être obtenue de n’importe quelle source chimique connue dans le petit volume du réacteur… La composition d’isotope dans le lithium et le nickel a changé considérablement après les tests… Aucune radioactivité n’a été détectée à l’extérieur du réacteur pendant l’essai. »

photo : E-cat illustration dans l’article cité de Wikileaks

Que s’est-il passé ? Ce qui paraît important c’est le niveau atomique, et les neutrons. En effet, d’après le blog du physicien Jean-Paul Biberian sur Médiapart, voici le bilan avant et après à ce niveau, le nickel ayant pour numéro atomique 28 (nombre d’électrons et de protons) :

  • Ni 58 = 68,1 % des atomes de nickel dans la nature
  • Ni 60 = 26,2 % des atomes de nickel dans la nature
  • Ni 61 = 1,1 % des atomes de nickel dans la nature
  • Ni 62 = 3,6 % des atomes de nickel dans la nature
  • Ni 64 = 0,9 % des atomes de nickel dans la nature
  • Li 6 (7,5%) et Li 7 (92,5%) à l’origine

Or, après 32 jours de fonctionnement du réacteur E-Cat, les isotopes plus légers Ni 58, Ni 60 et Ni 61 ont été transformés en Ni 62, plus lourd, tandis que le lithium 7, très majoritaire à l’origine, a fait place au lithium 6 :

  • Ni 58 = 0,8 % des atomes de nickel après l’expérience
  • Ni 60 = 0,5 % des atomes de nickel après l’expérience
  • Ni 61 = 0 % des atomes de nickel après l’expérience
  • Ni 62 = 98,7 % des atomes de nickel après l’expérience
  • Ni 64 = 0 % des atomes de nickel après l’expérience
  • Li 6 (92,1%) et Li 7 (7,9%) à la fin.

A-t-on a eu un échange de neutrons ? (avec la disparition du Ni 64 et la transformation de Lithium 7 en lithium 6 et un apport d’un, deux ou 4 neutrons dans les atomes de nickel pour transformer presque tous les atomes en Ni 62). Qu’en est-il de l’hydrogène ? Quel rôle joue-t-il, car un neutron c’est un proton plus un électron, autrement dit les composants d’un atome d’hydrogène ?

Comment cette réaction se produit-elle ? C’est un mystère. D’autant plus qu’une version précédente du E-Cat avait donné du cuivre (situé juste après le nickel dans le tableau des éléments, n° atomique 29) et du fer (situé avant, n° atomique 26), comme si les nucléons du nickel s’étaient répartis entre le noyau plus léger - fer - et le noyau plus lourd - cuivre- , qui sont en proportions presque égales (10 et 11%).

On peut remarquer qu’on n’a pas eu transmutation dans la réaction donnant des isotopes de nickel, mais que c’est le cas dans la réaction donnant du cuivre et du fer.

Cette expérience est bien plus intéressante que le dispendieux projet international « Iter » qui rêve de réaliser une fusion nucléaire contrôlée, en réalisant les réactions nucléaires du soleil pour produire de l’énergie. Les problèmes de confinement, de rayonnements (alpha, neutrons), de radio-activité (contamination de l’enveloppe) y sont énormes.

Ici rien de tout cela : faible coût, pas de pollution, pas de risques ni de radio-activité. Espérons donc qu’E-Cat – ou d’autres avancées du même type - permettra d’enterrer le projet en cours d’ITER.

La commercialisation d’E-CAT se prépare, avec une unité d’un mégawatt et par l’intermédiaire d’Industrial Heat LLC (IH), une entreprise américaine basée à Raleigh, North Columbia.

D’autres projets de « fusion froide » sont en cours dans le monde, et la 19° conférence annuelle internationale sur le sujet se réunira en avril 2015 à Padoue en Italie avec 500 participants prévus, d’après l’article de Wikileaks.

S’agit-il d’une redécouverte moderne de l’alchimie (transformation d’un élément chimique en un autre) ? Ce n’est pas la première fois que la question est soulevée, les "transmutations biologiques" ont déjà été étudiées par des scientifiques, les bases ayant été posées par Corentin Louis Kervran (1901-1983). De nombreux scientifiques ont contesté la validité des interprétations de Kervran, même le physicien Olivier Costa de Beauregard, qui a correspondu avec lui, a exprimé des réserves.

Pourtant des exemples nombreux existent et une tentative de synthèse en a été faite sur Wikibooks.

En général, ces transmutations impliquent l’hydrogène (comme dans la fusion froide à base de nickel), de l’oxygène et du carbone. Elles peuvent produire des éléments nombreux par exemple du soufre (cas de pousses de cresson, poussant en milieu fermé, avec de l’eau distillée, l’expérience date de 1844), du calcium (avec de l’avoine fourragère à partir de potassium, expérience de 1972) ou même transformer des isotopes radioactifs de Baryum 140 et de Lanthane 140 en isotopes non-radioactifs des mêmes éléments (Russie, 2003)

Fusion froide pour produire de l’énergie, alchimie à redécouvrir ou transmutations biologiques pour mieux comprendre notre monde et peut-être, à terme, produire des matériaux ou se débarrasser de déchets nucléaires : voilà du pain sur la planche pour des révolutions scientifiques du XXI° siècle, qui contrairement à celles des périodes écoulées, pourraient pleinement intégrer le caractère fini de notre monde.


Lors du symposium "sols vivants" de Montréal, j’ai pendant une pause entre francophones, discuté avec l’un des intervenants, François Mulet (voir mon article régénérer la planète, redonner vie aux sols et sauver le climat"). La discussion est venue sur les transmutations biologiques et il m’a conseillé un ouvrage écrit par Vladimir I. Vysotskii, directeur de département d’une université de Kiev, auteur de très nombreux travaux, et Alla A. Kornilova, chercheuse d’une université de Moscou "Nuclear Transmutations of Stable and Radioactive Isotopes in Biological Systems" (Pentagon Press 2010). C’est excessivement intéressant, la première fois que je lis un ouvrage développant une méthode scientifique rigoureuse sur un tel sujet. Il commence justement par une critique du manque de rigueur d’un de ceux qu’il considère comme pionniers dans ce domaine, le français Corentin Kervran, que je citais dans l’article. Il étudie d’abord la transmutation de manganèse en fer 57 (isotope rare du fer) en présence de deutérium (eau lourde) et de bactéries choisies avec spectromètre de masse et effet Messabauer. Et une faible quantité (2%) de transmutations sont effectivement mesurées. D’autres expériences concernent des déchets radioactifs, avec la désactivation de césium 137 radioactif en présences de bactéries : on passe en 40 jours d’une période de 30 ans à une période de 310 jours pour 12% de l’échantillon dans une des expériences. Le livre contient aussi une partie avec des résultats sur la mémoire de l’eau (comment une eau activée par un champ électromagnétique basse fréquence en garde des propriétés et combien de temps), il y a une interprétation sur la manière dont la barrière de Coulomb a pu être franchie dans les transmutations (il évoque des "puits quantiques", mais j’avoue ne pas avoir les connaissances dans le domaine pour comprendre), une réflexion sur comment les organismes vivants pourraient fabriquer les atomes d’éléments dont ils ont besoin mais qu’ils ne trouvent pas dans leur environnement. Ils travaillent aussi sur la fusion froide mais ne l’évoquent pas dans cet ouvrage. Il semble y avoir une forte activité dans ce domaine dans l’ex-URSS, sans avoir les tabous qu’il y a ici et qui font considérer ce genre de recherches comme sulfureuses.

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