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Joads et mégabassines

Voyage en Inde avec Tarun Bharat Sang

dimanche 14 juillet 2024, par Daniel Hofnung

Au cours de sept jours d’abord de conférence puis de visites nous avons vu plusieurs ouvrages de stockage d’eau de mousson, certains en service depuis plusieurs années, d’autres récents et pas encore remplis par la mousson, et deux autres en chantier.
Ces ouvrages sont l’opposé des mégabassines : ils remplissent les nappes phréatiques, alors que celles-ci les vident.

Au Rajasthan (Inde) plus de 15.000 petits ouvrages de stockage de l’eau de la mousson (joads) ont permis de plus que doubler les revenus des agriculteurs grâce à l’irrigation, avec une deuxième récolte et à boire pour les troupeaux donc plus de lait.

Joad avec tuyau pour irriguer un champ
Champs irrigués en contrebas d’un joad

Avec le stockage de l’eau, le niveau des nappes phréatiques a remonté, les puits et les forages ont de l’eau, et 13 rivières qui étaient devenues intermittentes coulent maintenant, abondantes, toute l’année ; nous avons vu la rivière Sherni. Un million de personnes ont vu leur vie transformée.

La rivière Sherni qui coule maintenant toute l’année, à droite, une pompe diesel pour l’irrigation, derrière un champ de blé, en face culture de moutarde (oléagineux) récoltée.

En France, à l’inverse, les mégabassines vident les nappes en pompant l’hiver pour les remplir, au profit de groupes d’agriculteurs. Les conséquences : la nappe baisse, des rivières sont à sec l’été et deviennent intermittentes.

Mégabassine de Mauzé sur le Mignon (Deux-Sèvres)

Les joads sont un exemple prouvant qu’on peut remplir les nappes phréatiques avec des ouvrages de stockage d’eau de pluie.
D’autres exemples existent, comme les barrages en bois dans les thalwegs où l’eau s’écoule réalisés par Ludia a Voda en Slovaquie ou les tranchées horizontales suivant les lignes de niveau, "keyline design" utilisées en permaculture.
Tous permettent de remplir les nappes phréatiques avec l’eau de pluie, à l’inverse des méga-bassines qui les vident.