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Analyses d’air en région parisienne, chiffres étonnants concernant l’aluminium et audition publique sur les épandages aériens en Californie.

Le titre étonnera sans doute : quel rapport entre des analyses d’air près de Paris et une assemblée en Californie ?

samedi 24 janvier 2015, par Daniel Hofnung

Les analyses : ce sont des analyses d’air ambiant faites par AIRPARIF, autour de la centrale d’incinération d’Ivry-Paris 13 (une des plus grosses d’Europe), pour caractériser « les niveaux de métaux et particules ». Certaines mesures font suite à des demandes faites par des associations.

L’audition publique en Californie, c’est sur les traînées laissées par les avions et leurs conséquences environnementales.

Les mesures de particules et de métaux [1] ont été faites du 16 septembre au 27 octobre 2013, sur 3 sites à Ivry-sur-Seine (de 250 m à 1,8 km de la centrale), un site à Charenton (1,1 km de la centrale, de l’autre côté de la Seine, près de la ligne de chemin de fer Paris-Lyon) et un site au square de Choisy, dans le 13ème (2,3 km de la centrale). Pour les particules, les mesures ont été comparées à celles de Paris centre, de Paris 18ème et de Vitry-sur-Seine.

Le résultat le plus évident est …qu’il est difficile dans la pollution ambiante, de savoir ce qui est causé par la centrale.
Le cas des métaux et des particules fines (PM 2,5 inférieures à 2,5 micromètres (µm) [2] est significatif : leur taux est un peu plus élevé à l’école Dulcie September, à 250 m de la centrale. Mais il l’est aussi au foyer Chevaleret, à 1,1 km de celle-ci, ou au centre technique Lamant à 1,8 km : la pollution automobile est probablement en cause, d’autant plus qu’Ivry en est entourée : boulevard périphérique au nord, autoroute A 4 à l’est. Les chiffres sont équivalents à ceux de Paris centre et les plus bas sont constatés quand on s’éloigne de Paris, à Vitry, par exemple, plus au sud, où la ville est moins dense.

Les mesures ont été faites aussi sur les particules PM 10 (< 10µm). Il en ressort des chiffres comparables à ceux de Paris et de la proche banlieue, les plus élevés étaient à Paris centre. Le plus inquiétant est, dans un autre rapport, ce qui est mesuré au sortir des cheminées de la centrale [3] : les PM 2,5 y représentent 97 % des PM 10, or ce sont les plus dangereuses pour la santé. Le pourcentage des PM 1, les pires, n’est pas disponible.

Nous avions demandé des mesures sur les dioxines et furannes bromées (en développement actuellement en particulier avec les retardateurs de feu, non traitées et non réglementées). Les dioxines et furannes chlorées, les plus courantes, étaient déjà mesurées, réglementées et filtrées à l’usine.

Le résultat est édifiant : si les composés chlorés sont très inférieurs au seuil de la réglementation (0,1 µg/m3), oscillant entre 0,0004 et 0,078, les bromés sont très au-dessus de ce seuil, et compris entre 0,33 et 0,40 µg/m3. Des études épidémiologiques sont indispensables pour faire réglementer ces polluants, dont plusieurs articles disent qu’ils pourraient être aussi nocifs que les composants chlorés.

Pour les métaux, les mesures ont porté sur ceux faisant l’objet de normes (arsenic, nickel, cadmium et plomb) et sur des métaux ne faisant pas l’objet de normes : le mercure, l’aluminium, le chrome, le manganèse, le cuivre et le zinc. Certains étaient déjà mesurés au niveau des fumées de la centrale, d’autres non, en particulier l’aluminium, que nous avions demandé en raison de son danger pour la santé (maladies neuro-dégénératives) et de sa présence dans les ordures ménagères (films et barquettes alu). Il apparaît relativement peu important dans les fumées de la centrale d’incinération, représentant au plus entre la moitié et le quart des émissions de « 9 métaux lourds  [4] ».

Au niveau de ceux-ci, les taux moyens mesurés dans l’air ambiant sur les cinq sites (données sur les 6 métaux les plus présents) sont d’environ 54,5 ng/m3 (dont 8,5 pour le plomb, 14 pour le manganèse et 25 pour le cuivre). Pour le cuivre, l’école de Charenton a un chiffre double (50 ng/m3), mais l’usure des caténaires pourrait l’expliquer, les voies SNCF étant à quelques dizaines de mètres de celle-ci. Pour le zinc, les chiffres oscillent entre 20 et 40 ng/m3, mais sa présence est connue dans les fumées d’incinération, approchant le double des métaux lourds. Ceux qui font l’objet d’une norme sont largement inférieurs (de 10 fois ou plus)

La surprise vient de l’aluminium, qui pourtant est relativement peu présent dans les fumées de la centrale. Les mesures sur les cinq sites (3 à Ivry, un à Charenton, un à Paris 13ème) oscillent suivant les jours entre un peu plus de 40 et de 160 ng/m3, avec une moyenne autour de 89 ng/m3, ce qui en fait le métal largement le plus présent dans les mesures de l’air ambiant.

D’où vient cet aluminium, dangereux pour la santé ?

La réponse pourrait venir de Californie.

Quadrillage du ciel, Ivry-sur-Seine 4/10/2012

J’avais déjà écrit sur ce blog un article sur les traînées chimiques laissées par les avions, qui parfois quadrillent littéralement le ciel. Cet article était basé sur un colloque au parlement européen, en avril 2013. Mais peu de données chiffrées étaient disponibles pour notre pays.

A l’initiative d’associations locales et nationales, une audition publique par les autorités locales sur le sujet s’est déroulée dans le comté de Shasta, en Californie du nord. Pendant 2 heures et demie à 3 heures, les témoignages de pilotes, d’anciens militaires, de médecins, de météorologistes, de neurologues se sont succédés.

Qu’ont-ils dit ?
Que les traînées de certains avions, celles qui subsistent longtemps, ne sont pas normales.
Que de l’aluminium, du baryum, du strontium et du manganèse y sont présents.
Qu’une analyse de pluie contenait 13.100 µg/l d’aluminium en 2013, alors que normalement cela devrait être zéro, et que c’était 100 dans les années 2000, puis des milliers dans les années 2010. Que dans la neige du mont Shasta, on a trouvé 61.000 µg/l d’aluminium (= 0,061 g/l), soit 4 fois le taux du sol à cet endroit : d’où venait-il, puisqu’il ne pouvait venir du sol ?
Que durant les 5 dernières années, le nombre de patients d’un neurologue de Reading, atteints de la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou de maladies neuro-dégénératives avait été multiplié par quatre.
Que chez les enfants l’autisme en concernait un sur 100.000 dans les années 70 et qu’aujourd’hui ce sont 148 pour 100.000. Qu’Alzheimer touche des malades de plus en plus jeunes, dans les années 70 c’était après 80 ans, aujourd’hui il a des cas à 56 ans.
Que la destruction de l’environnement et de l’agriculture sont plus graves que la maladie d’Alzheimer, les insectes aquatiques, les poissons, les sols, les arbres sont touchés.
Que la NASA fait des recherches sur des carburants métallisés pour les avions, contenant justement de l’oxyde d’aluminium, dont l’ajout augmente l’efficacité.
Que les nanoparticules d’aluminium traversent les barrières cellulaires et bloquent le fonctionnement des mitochondries, c’est-à-dire inhibent la capacité de l’organisme
à se défendre.
Un ancien militaire a demandé comment Monsanto avait-t-il su qu’il fallait réaliser des plantes résistantes à l’aluminium ?
Un attorney a montré une éprouvette : la plupart des gens penseront qu’il s’agit d’une toile d’araignée : quand il l’a analysée, il y a trouvé des niveaux scandaleux de baryum, de strontium et d’aluminium.

Pour finir, tous les responsables du comté de Shasta ont à l’unanimité voté pour une enquête publique indépendante des agences fédérales. Ils ont aussi approuvé un texte, envoyé à tous les sénateurs et représentants au Congrès, ainsi qu’à tous les représentants élus de Californie pour les alerter, en joignant l’enregistrement vidéo complet de l’audition publique.

Unevidéo (15’), sous-titré en français, présente des extraits de l’audition.

Il est clair que le situation en France n’est pas celle des USA, où ce type d’intervention dure depuis plus de 20 ans et ne fait que s’amplifier.

Si nous ne pouvons calquer les situations, nous devons néanmoins nous interroger sur le taux d’aluminium dans l’air de la région parisienne (et sans doute ailleurs, au vu des traînées observées partout en France et en Europe) qui n’a rien de normal, et représente un danger pour notre santé. Nous ne connaissons pas le but de cette action, et si nous voyons les avions, nous ne savons pas qui les a commandités. Nous ne pouvons que constater les faits.

Des mesures d’eau de pluie ont été faites à certains endroits, des analyses de cheveux montrent la présence d’aluminium (qui s’y stocke)

Des filaments semblables à des toiles d’araignées ont été aussi trouvés dans notre pays, je l’ai constaté dans un journal local, le « Républicain Lorrain » lors d’un voyage récent à Metz le 23 octobre dernier, pour animer une réunion publique.

Évidemment, ce sont les faits décrits qui sont intéressants, pas le commentaire mettant en avant les « interprétations fantaisistes » des « adeptes de la théorie du complot ». Il faut remarquer que l’article a eu une suite : dans le journal du lendemain, les mêmes observations étaient mentionnées dans d’autres localités.

On retrouve ici des éléments similaires à ceux constatés en Californie. Il y a problème, avec un réel danger pour notre santé à tous et une menace pour l’environnement.

Il faut accepter les faits réels, et plutôt qu’imaginer des explications que nous n’avons pas, il faut recueillir des données, des analyses et demander des comptes à nos décideurs. Probablement ils diront qu’il n’y a rien et que tout s’explique par des phénomènes normaux. Cela a été le cas pour une question écrite posée sur le sujet par Joël Giraud, député des Alpes de Haute-Provence et maire de l’Argentière-la-Bessée.

Photo : Toulouse 20/11/2014 15 h 30, vue et détail grossi

La réponse, basée sur des conditions de température et d’hygrométrie qui causeraient l’apparition de ces traînées ne permet pas de comprendre que dans certaines régions, elles sont pratiquement quotidiennes et se produisent à des altitudes assez basses, souvent crées par deux ou trois avions volant de concert, avec parfois des interruptions et des reprises. Elle n’explique pas la largeur de la traînée dans les photos prises avec un zoom puissant, puis grossies. Et surtout, elle n’explique pas les concentrations d’aluminium dans l’air ambiant.


[1les particules dans l’air sont responsables de cancers bronchiques, entraînent 42.000 décès prématurés et une réduction d’espérance de vie de 8 mois pour l’ensemble de la population : http://www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/Environnement-et-sante/2012/Impact-sanitaire-de-la-pollution-atmospherique-dans-neuf-villes-francaises

[2µm = micromètre ou micron millième de millimètre, les unités sont similaires pour les poids µg = microgramme ou millionième de gramme, le nanogramme est un milliardième de gramme

[3pages 39 à 43

[4Antimoine, Arsenic, Chrome, Cobalt, Cuivre, Manganèse, Nickel, Plomb, Vanadium

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