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Pour le contrôle de la gestion des affaires publiques, renforcement de l’analyse institutionnelle

Contribution (AG d’Attac 2012)

mercredi 3 octobre 2012, par Groupe Société-Cultures

Dans le contexte de la crise systémique générée par le système néo-libéral, il importe de renforcer expertises et préconisations progressistes dans le domaine institutionnel. En effet, l’objectif des marchés financiers est que leurs diktats soient répercutés par les gouvernements à l’échelle de l‘Union européenne et des Etats membres. Cette gestion oligarchique des affaires publiques est destructrice des droits sociaux et des services publics. Il importe d’inverser cette tendance mortifère pour les peuples, cela passe par la démocratisation des institutions héritées de l’histoire, une démocratisation porteuse de droits sociaux, environnementaux et culturels qui protègent les peuples et servent d’appui à leur émancipation.

Dans certains pays européens sinistrés tels la Grèce et l’Espagne, les mouvements sociaux et citoyens ont mis en évidence les facteurs institutionnels responsables de l’aggravation de l’endettement public, source d’une dépendance accrue :
 en Grèce, l’insuffisante imposition des institutions de l’Eglise orthodoxe ainsi que l’excessive budgétisation de l’armée au regard des nécessités du pays
 en Espagne, les privilèges de la monarchie, qui constitue de la même manière un lourd fardeau dans les dépenses publiques.

En France, les budgets illégitimes accordés à l’armée, les grands projets inutiles et imposés (tel l’aéroport de Notre-Dame des Landes) et le train de vie de l’Etat doivent être évalués et sanctionnés. A l’ère néo-libérale-autoritaire inaugurée par la présidence sarkozyenne, les équipes oligarchiques et les lobbies militaro-industriels ont occupé le terrain, au compte d’une politique belliciste criminelle et source de surendettement et de déstabilisation pour les pays du Sud (Côte d’Ivoire, Lybie, Mali…) ainsi que de privilèges indus en métropole. Cette politique-là, dont nous n’avons pas à payer les effets, doit être endiguée.

La résultante en est la montée de l’extrémisme xénophobe ainsi que de l’individualisme concurrentiel, cette perte de repères et de valeurs se manifestant au niveau de la jeunesse par la progression des violences et dépendances. A partir des expériences alternatives menées entre autres dans les quartiers délaissés de la République, l’alternance au pouvoir doit être l’occasion d’accroître le contrôle de la gestion des affaires publiques, dans le sens d’un fonctionnement plus autogéré des services publics par les fonctionnaires et usagers, d’un renforcement des institutions de l’Etat social et de la pleine reconnaissance des situations d’urgence sociale. La volonté du gouvernement de créer une Banque publique d’investissement (BPI) ou celle du collectif voulant créer un pôle public financier (PPF) est une opportunité à saisir pour envisager le passage de l’appropriation publique à l’appropriation sociale, dite aussi socialisation.

A l’échelle européenne et internationale, ce travail d’expertise institutionnelle est une condition à la reconstruction des pays sur de nouvelles bases - notamment moins productivistes et technocratiques - et à la reconquête de leur souveraineté. Par ailleurs, sortir de l’européocentrisme, forme d’enfermement nationaliste à l’échelle continentale, nécessite d’assumer et de liquider la part de responsabilité historique du "modèle" européen dans la crise engendrée par le système néo-libéral. Cela en sympathie avec les démarches d’autonomisation des pays latino-américains à l’égard de ce système, avec les révolutions en cours dans le monde arabe, avec les mobilisations des peuples africains pour leur intégrité. Si l’oligarchie uniformise la gestion des Etats (voir les équipes incolores et sans saveur imposées en Grèce et en Italie, par exemple), l’analyse inter-institutionnelle permet de créer des dynamiques interculturelles, facteurs d’identification et de remobilisation. Dans le cadre du comité d’audit de la dette publique et de ses autres partenariats (altersummit européen, Forum Social mondial...), il importe qu’Attac œuvre à la réalisation de ces objectifs.

Signataires : Adda Bekkouche- Martine Boudet- Thierry Brugvin- Christian Delarue- Fabrice Flipo- Daniel Hofnung- Olivier Labouret- Yannick Lacroix- Sophia Mappa- Evelyne Perrin- Juan Roy de Menditte- Jean-Paul Vanhoove