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Mobilisations anti-racistes : déclarations du CA
jeudi 13 août 2015, par
– Déclaration du CA le 12 janvier 2015
– Déclaration du CA du 25 février 2015
"Lutter contre l’islamophobie et l’antisémitisme, deux impératifs urgents et indissociables"
– Intervention au meeting du 6 mars à Saint Denis (Jean-Michel Dupont)
– 21 juin : réunion du CA, CS et membres fondateurs d’Attac sur la stratégie d’Attac concernant les racismes
Le 12/01/15 11:32, Attac France a écrit :
Après le choc et le sursaut, quelles tâches pour les mouvements sociaux ?
Les attentats des 7 et 9 janvier marquent un tournant dans la situation politique en France. Les gigantesques manifestations de ce week-end ont montré une volonté profonde de liberté, de fraternité et de tolérance, et le cortège des puissants - incluant jusqu’à Bongo, Orban ou Netanyahou - n’y a rien changé. Mais la "guerre contre le terrorisme" pourrait déboucher sur une guerre des civilisations si la relégation et la stigmatisation des catégories populaires issues de l’immigration continuent à s’aggraver, si les services publics - éducation, justice,... - continuent à se déliter, si les interventions militaires françaises continuent à proliférer. Comment le mouvement social peut-il aujourd’hui se positionner et s’organiser pour faire face à cette nouvelle situation ? Comment s’appuyer sur l’élan citoyen pour recréer du lien entre les diverses composantes du peuple ?
Pour en débattre Attac organise une réunion conjointe de son Conseil d’administration, de son Conseil scientifique et de ses membres fondateurs, ce vendredi 16 janvier à 18h à l’Ageca, 177 rue de Charonne.
Déclaration du CA du 25 février 2015
Lutter contre l’islamophobie et l’antisémitisme, deux impératifs urgents et indissociables
https://vie-interne.attac.org/conseil-d-administration/article/declaration-du-ca-du-25-fevrier
La grande marche républicaine du 11 janvier, même si elle ne reflétait pas la diversité de la société française, a porté un message fort de fraternité. Cet élan ne peut cependant masquer l’augmentation sensible des actes islamophobes et antisémites, ainsi que la stigmatisation insupportable de personnes voire d’enfants qui ne se sentent pas « Charlie ».
Face au chômage et aux inégalités aggravés par l’austérité, nous connaissons tous les dangers de la désignation de bouc-émissaires. L’antisémitisme, toujours vivace, fait l’objet d’une lutte résolue et indispensable de la part des pouvoir publics. Mais l’islamophobie - « la peur, ou une vision altérée par des préjugés, de l’islam, des musulmans et des questions en rapport » selon le Conseil de l’Europe – tend elle aussi à se répandre.
La laïcité refuse que des dogmes religieux déterminent la loi commune. La neutralité confessionnelle de l’Etat garantit à chacun la liberté de conscience et l’égalité des droits. La laïcité respecte donc les croyances et réfute la représentation néoconservatrice des antagonismes sociaux qui voit en l’Islam une menace contre la démocratie et prône le « choc des civilisations », désignant les jeunes musulmans de France comme autant d’agents djihadistes potentiels.
Or les populations issues de l’immigration sont déjà victimes de contrôles répétés au faciès dans la rue et de discriminations supplémentaires sur le marché du travail. La France soutient sans faille Israël contre les Palestiniens. Ses interventions répétées en Afrique (Mali, Lybie, Centrafrique, Côte d’Ivoire …) renforcent la déstabilisation du continent. Tous ces facteurs discréditent la promesse républicaine de liberté, d’égalité et de fraternité, déjà bien mise à mal, et alimentent le sentiment d’injustice et de relégation dans les banlieues populaires.
Islamophobie et antisémitisme se renforcent mutuellement. D’autant plus que, dans le contexte d’injustice permanente contre les Palestiniens, l’indignation face à la politique israélienne est assimilée par le Crif et par l’État à de l’antisémitisme, et que des manifestations de solidarité avec Gaza ont été interdites sous ce prétexte. L’identification faite officiellement entre sionisme, Israël et juifs contribue alors à ce qu’une légitime indignation puisse parfois se perdre dans un antisémitisme hideux. Ce qui aggrave encore la fracture sociale et culturelle au sein du peuple français.
Après les émeutes de 2005, le mouvement social et syndical n’a pas su réduire cette fracture, qui s’est même encore amplifiée. Le racisme, en divisant les classes populaires, a toujours favorisé le maintien des dominations. Il est urgent de nouer un dialogue et une coopération entre les organisations associatives et syndicales classiques et celles des quartiers populaires qui, confessionnelles ou non, luttent pour l’égalité des droits et la démocratie. C’est pourquoi Attac participera au meeting contre l’islamophobie organisé le 6 mars à la Bourse du Travail de Saint-Denis.
Attac France,
Paris, le 25 février 2015
Intervention au meeting du 6 mars à Saint Denis (Jean-Michel Dupont)
Nous constatons depuis plusieurs années une augmentation inacceptable des actes racistes, en particulier islamophobes etantisémites. Les attentats de 7 janvier 2015 ont amplifié ce phénomène, plus particulièrement les agressions islamophobes, qu’elles soient physiques,verbales ou sur des bâtiments de culte, ce que nous condamnons fermement.
Mais si les condamnations sont indispensables, il faut aujourd’hui aller plus loin, pour inverser un processus qui s’inscrit en profondeur dans une partie de la société française.
Face au chômage et aux inégalités aggravés par les politiques d’austérité menées par tous les gouvernements, nous connaissons tous les dangers de la désignation de bouc-émissaires, qui vise à la division des citoyens. L’antisémitisme, toujours vivace, fait l’objet d’une lutte résolue et indispensable de la part des pouvoirs publics. Mais l’islamophobie - « la peur, ou une vision altérée par des préjugés, de l’islam, des musulmans et des questions en rapport » selon le Conseil de l’Europe – tend elle aussi à se répandre. Nous devons combattre tous les racismes, c’est le sens de notre présence ce soir ici.
Pour les combattre, nous devons identifier clairement les causes, éviter les amalgames et être porteurs d’alternatives.
La lutte contre les actes racistes passe par une prise de conscience collective, par un travail d’éducation populaire, par une condamnation forte de ces actes. Cette mobilisation doit se faire dans la pluralité du mouvement social, qui est aujourd’hui trop absent dans ce combat, avec tous ceux qui luttent pour l’égalité des droits et la démocratie. La dénonciation des actes doit dépasser la sphère des associations directement concernées, elle doit être portée par d’autres associations dont ce n’est pas le cœur d’activité afin de toucher une partie plus importante de la société. Attac y prendra toute sa part.
Il est également de notre responsabilité collective de lutter contre les dérives sécuritaires. A la suite des attentats du 7janvier, certains ont cru bon d’utiliser des termes tels que « chocs ou guerre de civilisation ». La finalité est la stigmatisation de certaines populations, en particulier les musulmans et les personnes noires. Cela conduit également à la multiplication des procédures pour apologie du terrorisme, avec une sévérité accrue des peines prononcées. L’école fait aussi l’objet de mesures d’exception, et participe ainsi à cette stigmatisation. Nous condamnons toutes les dérives sécuritaires et toutes les stigmatisations, et nous avons à travailler ensemble pour les combattre.
L’islam est également mis en avant, généralement pour s’interroger sur sa prétendue compatibilité avec la démocratie. Ce n’est pas l’islam qui a tué à Charlie Hebdo et dans la supérette HyperCacher. Ce sont des terroristes dont l’unique objectif est la déstabilisation des démocraties et des gouvernements, aussi bien en occident qu’au proche orient. En France, ils utilisent l’opinion publique, essayant de l’opposer à la communauté musulmane. Il nous appartient collectivement de dénoncer ces amalgames dans nos réunions et nos réseaux, dans les médias, auprès du grand public, comme il nous appartient de dénoncer tous ceux qui veulent restreindre la liberté d’expression. Cette liberté d’expression est un des piliers de la démocratie.
Les valeurs de la laïcité, qui subissent une tentative de récupération par ceux qui veulent profiter de ces amalgames, sont le garant du libre exercice des cultes. La laicité peut faire l’objet d’échanges entre nous. Mais c’est à travers sa défense collective que nous pourrons aussi ouvrir de façon plus large le débat. Nous ne devons pas laisser aux extrémistes la récupération des valeurs de la laïcité, qui a contribué à la démocratie et à l’émancipation des citoyens depuis 1905.
Enfin nous devons renforcer nos combats pour faire disparaître la fracture sociale qui existe dans notre société, mais qui existe aussi bien au delà dans toute l’Europe et au-delà.
Les quartiers défavorisés ont été laissés à l’abandon depuis des décennies. Les politiques de la ville, menée par des gouvernements de droite comme de gauche, se sont toujours heurtées à un manque d’ambition et à des contraintes budgétaires qui ont limité leurs effets.
Une politique de la ville ambitieuse et dotée de moyens importants est indispensable.
Les logements sont à construire, en particulier dans les communes qui n’appliquent pas la loi SRU, et ceux existants doivent être rénovés, entre autre par une isolation des habitations contribuant à diminuer les factures de chauffage et à la lutte contre la pollution. L’accès à l’emploi doit être une priorité pour permettre une véritable insertion professionnelle et sociale, alors que le taux de chômage est le double, parfois plus, que la moyenne nationale dans les quartiers défavorisés. L’accès à l’éducation doit favoriser à la fois une plus grande mixité mais également une égalité de réussite pour tous. Voila très succinctement quelques unes des exigences à porter, et l’on sait que ce ne sera pas facile, par l’immensité et la complexité du chantier.
Les habitants des quartiers, de même que les associations qui y sont présentes, ont déjà fait des propositions, il faut les amplifier par une appropriation plus collective pour être à la hauteur des enjeux.
Un des axes forts de la réussite des combats que nous avons à mener est dans le dialogue et la mobilisation commune entre nos différentes associations. Il serait négatif pour tous que nous en restions seulement à des bonnes intentions, comme après les manifestations de 2005.
Le racisme, en divisant les classes populaires, a toujours favorisé le maintien des dominations. Il nous appartient collectivement de faire en sorte que puisse se nouer un dialogue et une coopération entre les organisations associatives et syndicales classiques et celles des quartiers populaires qui luttent pour l’égalité des droits et la démocratie. Attac y contribuera activement.
21 juin : réunion du CA, CS et membres fondateurs d’Attac sur la stratégie d’Attac concernant les racismes
Dans la suite de la réunion du CA, du CS et des membres fondateurs convoquée en urgence à la suite des attentats de début janvier 2015, le CA propose une nouvelle réunion avec le conseil scientifique et les membres fondateurs le dimanche 21 juin, de 10h à 16h.
Les échanges de mails sur différentes listes et les débats qui ont eu lieu au CA, en particulier à l’occasion de la participation d’Attac au meeting du 6 mars 2015 à Saint-Denis « Contre l’islamophobie, pour les droits civiques. Contre la dérive sécuritaire, pour les libertés publiques », montre la nécessité d’échanger sur différentes thématiques.
Il est proposé que la réunion du 21 juin soit en deux parties :
– un premier temps, le matin, pour débattre sur certaines définitions ou concepts, et construire une information et une analyse partagée sur les racismes, en mettant un focus sur le racisme à l’égard des musulmans.
– un deuxième temps, l’après midi, pour définir la stratégie d’Attac face à la montée de l’idéologie raciste, de la « guerre des civilisations » et à l’émergence des mobilisations de mouvements , avec ou sans lien avec des fondements religieux, essentiellement issus des quartiers « défavorisés ».
Pour la première partie, il sera nécessaire d’approfondir une définition commune du concept d’islamophobie et des réalités liées à ce type de racisme. De même des échanges sur les termes de « mixité » des quartiers, de quartier « populaire » ou « défavorisé », de « racisme d’État » , de « laïcité », devront permettre de construire des définitions communes aux mots que nous employons dans nos débats, et/ou les divergences existantes.
Pour la deuxième partie, il est proposé d’aborder le débat en trois temps :
– Une présentation des mouvements principaux qui s’opposent à l’islamophobie.
– Quelle stratégie pour Attac face aux initiatives prises par ces mouvements dans le cadre de la lutte anti islamophobe ?
– Quelles initiatives venant d’Attac pour promouvoir l’égalité réelle, et articuler positivement les luttes contre les différentes formes de discriminations (sexistes, racistes, de classe...) ?
Une partie de ces travaux pourraient servir de base à la tenue d’une plénière lors de l’université d’été d’Attac, au mois d’aout.
Attac France,
Paris le 7 avril 2015