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Rwanda : complicité française dans le génocide des Tutsi -18 ans d’impunité (Survie, 5 avril 2012)

vendredi 13 avril 2012, par Groupe Afrique

France-Rwanda Complicité française dans le génocide des Tutsi
18 ans d’impunité

5 avril 2012 par Survie

Le 7 avril prochain est le dix-huitième anniversaire du déclenchement du génocide des Tutsi au Rwanda. Depuis 18 ans, aucun présumé génocidaire vivant dans notre pays n’a encore été jugé, pas plus que leurs complices français. Depuis 18 ans, Survie réitère ses revendications de vérité et de justice, et demande l’instauration d’un véritable contrôle de la politique de la France en Afrique.

L’instruction des six plaintes contre X, déposées en 2005 par des victimes tutsi pour « complicité de génocide et complicité de crime contre l’humanité », visant des militaires français ayant participé à l’opération « humanitaire » Turquoise, pourrait continuer à être retardée si le pôle judiciaire « génocides et crimes contre l’humanité », opérationnel depuis le 1er janvier 2012, n’est pas rapidement doté de moyens plus conséquents. Par ailleurs, des éléments essentiels permettant d’éclairer l’implication française dans le génocide des Tutsi restent toujours couverts par le secret défense. Un acteur aussi central que Paul Barril n’a toujours pas vu son rôle, pendant et après le génocide, éclairci par la justice ou par des parlementaires : il n’a même pas été entendu par la Mission d’Information Parlementaire de 1998.

Le 10 janvier 2012, le rapport d’expertise sur l’attentat du 6 avril 1994, remis aux juges Trévidic et Poux, a posé les bases d’une réorientation complète de l’instruction sur l’événement qui servit de prétexte à un génocide planifié depuis de longs mois. Les vives réactions à ce rapport de la part de plusieurs acteurs de la politique menée par la France au Rwanda entre 1990 et 1994 témoignent une fois de plus que le génocide des Tutsi fait partie de l’histoire de notre pays. Il apparaît de plus en plus clairement que nos concitoyens ont été victimes de manipulations concernant tant l’identification des auteurs et commanditaires de l’attentat, que le lien entre cet événement et le génocide. L’attribution au FPR [1] de la responsabilité de l’attentat du 6 avril a été utilisée pendant des années par certaines personnalités du monde journalistique, universitaire ou politique pour servir une désinformation permettant de faire oublier ou de justifier la politique de soutien de l’exécutif français aux génocidaires. Un soutien qui a perduré avant, pendant et après le génocide. Un soutien confirmé par les nouveaux éléments qui n’ont cessé d’apparaître ces dernières années, et qui jettent une lumière crue sur ce scandale d’État.

Des citoyens français de plus en plus nombreux, maintenant rejoints par certains partis politiques, estiment que le travail de vérité et de justice sur ce passé douloureux est indispensable à notre démocratie. C’est aussi en acceptant de regarder en face la page la plus sombre de la politique africaine de la France que notre pays saura en tirer les conséquences et se doter d’institutions renforcées, notamment par un véritable contrôle parlementaire. Ce travail de vérité nécessite des parlementaires courageux.

Concernant le génocide des Tutsi au Rwanda, Survie demande :
-une prise de position publique des partis politiques, à l’occasion des élections françaises de 2012, pour soutenir la recherche de la vérité sur l’implication française dans le génocide des Tutsi ;
-la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la politique de la France au Rwanda, qui complétera le travail partiel de la Mission d’information parlementaire de 1998, pour déterminer les responsabilités politiques et militaires, et devra notamment obtenir et rendre publics les documents encore occultés par le pouvoir exécutif, ainsi que les archives de François Mitterrand ;
- la dotation du pôle judiciaire spécialisé dans les crimes de guerre, crimes contre l’humanité, génocide et torturecréé le 1er janvier 2012, en moyens permettant l’avancée sans délai de toutes les instructions liées au génocide des Tutsi du Rwanda : plaintes contre les présumés génocidaires présents sur notre sol et plaintes contre des militaires français de l’opération Turquoise ;
-une justice indépendante des pressions politiques, en particulier dans l’instruction sur l’attentat du 6 avril 1994.

Annexe 1 : Le rôle de la France au Rwanda

Annexe 2 : Éléments nouveaux apparus depuis la Mission d’information parlementaire de 1998 sur le Rwanda

Annexe 3 : Les revendications de Survie

Contact presse : stephanie.duboisdeprisque(a)survie.org 01 44 61 03 25

[1] Front Patriotique Rwandais

Messages

  • Bonjour Martine !
    Ce travail est à faire mais jusqu’au bout ! C’est à dire qu’il faudra voir aussi les responsabilités des USA, de la GB et d’Israël qui soutiennent Paul Kagamé, Museweni, Joseph Kabila.
    Ces trois personnages pillent comme ils veulent la RDC et en particulier les 2 Kivu pour l’or, les diamants et surtout le coltan.
    Kissangani est devenue la nouvelle plaque tournante du trafic des diamants.
    Comment se fait-il que personne ne soit gêné à Survie par les plus de trois millions de morts depuis 1994 en RDC. Etaient-ils tous des miliciens interahamwe ? Comment se fait-il que les USA et Kagamé ont empêché Carla Del Ponte d’enquêter sur les crimes du FPR/APR lors de la prise de Kigali et ensuite sur ceux commis en 1997-98 en RDC ?
    Pour qui travaille Survie ?
    Doit-on connaitre toute la vérité de 1990 à nos jours ou bien nous contenter de la version tronquée que Survie voudrait faire admettre comme seule vérité.
    Pourquoi le témoignage de Ruzibiza est-il mis au placard ? Que cherchait le FPR en 1994 ?
    Arrêter le génocide ou bien surtout prendre le pouvoir à Kigali au plus vite parce que le patron de l’Ouganda en avait marre de voir à la tête de son armée les "rebelles " Tutsi rwandais ?
    Tout cela mérite une étude très approfondie des relations délicates entre les "alliés" de la 2è guerre mondiale.
    Comme le disait si bien un copain ivoirien : "Les états n’ont pas d’amis,ils n’ont que des intérêts" .
    En Côte d’Ivoire, pas de soucis les intérêts sont communs (jusqu’à quand ?) entre les USA et la France : c’est le candidat Ouattara qui les incarne. Au Mali c’est pas pareil.
    En 1994, les intérêts français et US étaient en contradiction totale dans la région des grands lacs. C’est le candidat US, Paul Kagamé, qui a pris le dessus avec l’aide de l’Ouganda qui a servit de base d’entraînement à l’APR. La Tanzanie a elle aussi fournit des hommes à l’APR comme le Burundi.
    Donc ne vouloir étudier que la période de l’année 1994 au Rwanda et dans la région des grands lacs ne fait que conforter la version officielle du génocide rwandais. C’est à dire occulter les responsabilités des USa, de la GB et d’Israël.
    Je n’oublie pas pour autant le rôle joué par les DAMI dès 1990 pour soutenir le régime d’Habyarimana... Mais il ne faut pas limiter les investigations au côté responsabilités françaises si l’on veut réellement comprendre les tenants et les aboutissants du génocide rwandais.
    Vidimo se !
    Ronan.