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Crime d’Etat le 17 octobre 1961 à Paris

Marcel Leroux président du CL de Toulouse

jeudi 21 octobre 2021, par Groupe Afrique

Contrairement à ce que Macron a voulu nous servir hier, les tirs à balles réelles, les corps jetés à la Seine, les milliers de manifestants arrêtés, emprisonnés, torturés et, pour beaucoup, transférés vers des camps de la mort dans l’Algérie coloniale, les soi-disant « retours vers leurs douars d’origine », ne sont pas la responsabilité d’un seul homme, mais bien celle de l’État français et de cette idéologie coloniale raciste qui a servi depuis le début à justifier les crimes commis en son nom.

Si Papon, préfet collabo sous Pétain, puis au Maroc et en Algérie, avait été nommé à ce poste, c’est bien parce qu’il était un parfait serviteur de cette idéologie coloniale raciste.
Pour illustrer cela je ne prendrai qu’un exemple.
En 1840 Bugeaud qui dirigeait la conquête de l’Algérie, donnait l’ordre suivant à ses troupes :
“Le but est d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, de jouir de leurs champs. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes ou bien exterminez-les jusqu’au dernier”
En 1960, en pleine guerre d’indépendance, la promotion des élèves officiers de Saint-Cyr, l’école qui forme les futurs cadres de l’armée, est baptisée « promotion maréchal Bugeaud ». Pour les futurs officiers le message était clair, Bugeaud et cette stratégie étaient la référence, ils savaient ce qu’ils auraient à faire en Algérie.
En 1871 l’Algérie est finalement « pacifiée ». Le successeur de Bugeaud, le général Lacroix, décrit ainsi sa stratégie : «  Obtenir un effet de terreur destiné à dompter définitivement les indigènes, mais aussi à procurer terres et argent à la colonisation. »
Il achèvera la mise en place de l’infâme Code de l’indigénat, plaçant les peuples d’Algérie sous la tutelle de l’administration française sur une base purement raciste.

En plus de l’exploitation des ressources de l’Algérie, comme des autres colonies, au seul profit de la France, on a eu l’importation d’immigrés quand on en avait besoin, soit pour monter au front en 14-18 dans les pires conditions, soit pour reconstruire la France. Ils étaient parqués dans les bidonvilles, soigneusement tenus à l’écart de la population, pour éviter tout risque de fraternisation.

Oui, il faut en finir avec le beau roman national sur la réalité de la colonisation, qui n’a été qu’un outil de pillage des ressources des pays qui en ont été victimes, pour le seul profit des grandes entreprises des pays colonisateurs, pillage qui continue et s’accélère avec la Françafrique, la décolonisation dans la plupart des pays n’ayant été qu’un changement cosmétique des structures de pouvoir entièrement au service de ces grandes entreprises.

Nous devons dénoncer les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis tout au long de la colonisation, mais cela ne peut se faire qu’en dénonçant cette idéologie coloniale raciste toujours hégémonique et qui produit et banalise le racisme, l’islamophobie et les discriminations dont sont victimes aujourd’hui toutes les personnes d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, les violences policières, les contrôles au faciès, mais aussi toutes les discriminations dans tous les domaines de la vie courante.

Toulouse, le 17 octobre 2021
Week-end anticolonial

https://iaata.info/15-16-17-octobre-2021-week-end-anticolonial-a-Toulouse-4963.html