Accueil > Groupe Afrique > A La Té Sunogo/Dieu ne dort pas (Jean-Louis Sagot-Duvauroux)

A La Té Sunogo/Dieu ne dort pas (Jean-Louis Sagot-Duvauroux)

samedi 8 juin 2013, par Groupe Afrique

Dieu ne dort pas : c’est au Grand Parquet, Paris XIXème (jusqu’au 26 mai 2013)

Bon, voilà, on apprend que Christiane Taubira a été voir la pièce de Jean-Louis Sagot-Duvauroux au Grand Parquet, "Dieu ne dort pas" et ça fait plaisir que d’aucuns de la politique s’aventurent rue d’Aubervilliers, mais comme j’y ai été avant elle, je sais qu’elle a eu plus que raison !

De quoi s’agit-il ?

A Bamako, capitale du Mali, un opérateur culturel dont le succès crée des jalousies fait l’objet du harcèlement d’un fonctionnaire trop zélé.
Dans le même temps, un jeune homme muet, qui s’exprime par la danse, se révèle en star de la danse contemporaine dans un pays où l’on ne sait pas ce que cela signifie, à moins que l’on soit un opérateur culturel ouvert sur le monde et la création.

"Dieu ne dort pas "’est un petit bijou dramaturgique.
Pour les raisons suivantes et parfaitement objectives :

 Le traitement inspiré, façon burlesque irrésistible, du double thème de la corruption au Mali et de la culture contemporaine face à la tradition,
à commencer par la danse contemporaine. Les deux y sont abordés avec intelligence, humour, malice, un vrai régal.
 L’interprétation de Adama Bakayogo, le grand comédien malien qui continue d’oeuvrer dans le sillage du koteba thérapeuthique, et nous offre là un vrai numéro, en fonctionnaire compromis jusqu’à la moelle autant qu’en travesti, une performance si savoureuse qu’on ne peut trouver les mots pour la dire. Il FAUT LE VOIR.
 L’interprétation de la bien connue Bougouniéré, Diarrah Sanogo qui a fait les beaux jours de Blonba et autres scènes avec un talent qui ne surpasse encore ici, surtout quand "Super Bougou" a tout compris de la Chinafrique, un morceau d’anthologie !
 L’interprétation , en alternance, de Souleymane Sanogo et Tidiani Ndiaye, tous deux danseurs formés par Kettly Noël dans la compagnie de Bamako Donko Seko, et qui en quelque sorte inteprètent leurs propres rôles de jeunes gens surdoués venu à la danse contemporaine par le hasard des rencontres, et la certitude de leurs talents.
Ici, les yeux de l’amour y jouent un rôle non négligeable... On vous laisse apprécier.
Avec leurs prestations, un nouveau genre nait sur cette scène : le koteba chorégraphique.
 L’interprétation de celui qu’on connait sous le pseudonyme de Ramses, Sidy Soumaoro, qui confirme, en dehors de son talent de rappeur, ses qualités de comédien.
 La bande son qui est un régal, notamment dû aux compositions du père de Ramses, le grand Idrissa Soumaoro, auteur de la chanson culte "Anciens combattants"

Et il faudrait citer tout le monde, la douce Goundo (Alimata Baldé) au risque d’être injuste tant s’opère ici une véritable alchimie : un propos intelligent et constructif même s’il vise aussi à dénoncer ce qui fait obstacle à l’épanouissement des talents d’un pays aussi puissant que le Mali, un sens de la farce réjouissant qui porte la parole satirique au plus profond.

Quand on a écrit "Novembre à Bamako", passé un long moment avec Kettly Noël et son danseur Aly Karembé, quand on connait l’extraordinaire investissement dans un Mali ouvert sur le monde culturel d’aujourd’hui réalisé fraternellement par Alioune Ifra N’diaye et Jean-Louis Sagot -Duvauroux au sein de (feu) Blonba, ce studio théâtre, production télé, boite de nuit,
dont l’histoire est ici retracée, on est forcément ému jusqu’au plus profond par cette pièce de théâtre.
Mais le grand pas que l’on sent ici franchi, c’est que cette oeuvre concerne tout le monde, parce qu’elle raconte un pays et bien d’autres en Afrique ou ailleurs,
la tenacité inspirée des créateurs en milieu hostile, et la force de rebondissement de tous ceux qui croient en la culture et trouvent en eux, et autour d’eux le talent de nous offrir ce moment exceptionnel.

Je voudrais, en tant que journaliste, écrire dans toutes les rédactions (mais celle du Canard enchaîné et d’autres ont pu heureusement déjà s’en faire l’écho)
et faire savoir par toutes les antennes que "Dieu ne dort pas" est une aventure à vivre, un nouveau théâtre grand public, presque de boulevard dans le meilleur sens du terme, mâtiné d’imaginaire d’ailleurs mais non point "exotique" car il nous parle à chacun, ici et maintenant.
Je ne peux me résoudre au silence, et profite de la vitrine de notre livre, avec Christine Fleurent ma complice photographe, pour ce "chapeau bas" à cette équipe.
En espérant que le bouche à oreille fonctionnera.
Que le dieu du théâtre prête longue vie à ce spectacle...

En savoir plus sur le spectacle : LE DOSSIER COMPLET
http://gallery.mailchimp.com/c81e176d9b35ca463ca848acf/files/DossierAlaTeSunogo.pdf