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NON au pipeline Energie Est

dimanche 14 août 2016, par Jacqueline Balvet

Un atelier très intéressant et constructif, celui sur la mobilisation contre la construction du pipeline Energie Est, s’est tenu jeudi 11 août : ce sont une mobilisation exemplaire qui compte plus de 150 collectifs citoyens tout au long du trajet prévu pour le pipeline, une campagne "Coule pas chez nous" boostée par un soutien financier conséquent (400 000 $ récoltés en peu de temps) et un élargissement des soutiens à un grand nombre d’associations, de municipalités, de syndicats et allant jusqu’à l’armée qui émet des réserves sur ce projet.

Deux syndicats se sont positionnés contre le projet et ont gagné l’adhésion de leurs adhérents en leur faisant partager une vision globale de la transformation sociale : créer des emplois avec le développement des énergies renouvelables et avec une transition juste est une option qui s’inscrit dans le long terme et représente beaucoup plus d’emplois en nombre que la construction du chantier – puis l’entretien du pipe line – n’en apporterait.
Ce pipeline est prévu pour transporter 1 100 000 barils par jour sur 4 600 km en traversant 6 provinces (de l’Alberta au Nouveau Brunswick), ceci pour un coût de construction de 12 milliards $. Pour alimenter ce pipeline, la production de pétrole issu des sables bitumineux génèrerait 30 millions de tonnes de CO2 par an, émissions qui dépasseraient celles de toutes les voitures, camions légers et lourds en circulation au Québec qui est de 27,4 millions de tonnes par an (1).

Les photos apportées par Melina, jeune habitante d’une communauté autochtone de l’Alberta, Little Buffalo, étaient sans appel : en 2012, Total a été responsable d’une fuite de 5 millions de litres de pétrole là où les habitants chassaient, a complètement détruit toutes les ressources de la vie de la communauté. Au delà de cette catastrophe, c’est la forêt boréale toute entière qui est menacée car actuellement son déboisement est plus important que celui de l’Amazonie. Mais les autochtones ne baissent pas la tête et ont commencé à mettre en place un projet solaire de 20 000 MW (2), fidèles à la tradition autochtone qui est de régénérer plutôt que d’extraire.
Cet atelier a permis de mettre en relation directe les luttes au Québec et celles qui commencent à s’organiser en France dans les ports méthaniers, à Dunkerque en particulier où un collectif d’associations s’est mobilisé début juillet pour afficher leur refus d’accueillir du gaz de schiste américain. D’autres mobilisations vont se construire dans d’autres ports, en France et en Europe, pour refuser le pétrole issu des sables bitumineux. "Ni ici, ni ailleurs", le slogan des collectifs pétrole et gaz de schiste et de couche français se réalise désormais dans toutes ses dimensions.
(1) https://www.pembina.org/media-release/2520
(2) http://www.lubiconsolar.ca/

Quelques nouvelles de la campagne CETA

En marge des forums et ateliers du FSM, nous avons participé à une rencontre entre mouvements sociaux ou citoyens européens et québécois avec des parlementaires européens et québécois sur les prochaines échéances du CETA. Les délais sont courts mais la volonté est présente de nous renforcer mutuellement de part et d’autre de l’Atlantique pour faire pression au maximum sur nos gouvernements avant la signature du conseil européen le 18 octobre et la venue du premier ministre canadien à Bruxelles le 27 octobre. Nous avons appris à cette occasion qu’au Canada, c’est le gouvernement qui a la compétence pour approuver ce type d’accord, le vote du parlement n’est pas nécessaire : cependant, et étant donné que les provinces doivent donner leur accord pour mettre en conformité les lois provinciales avec le traité, elles pourraient signifier au gouvernement qu’elles sont en désaccord avec des modifications qui vont affecter grandement leur fonctionnement. Ce serait une pression supplémentaire sur le gouvernement canadien. Les mois de septembre et octobre seront très chargés en mobilisations de par et d’autre de l’Atlantique, l’objectif étant, sinon d’anéantir l’accord dès à présent, a minima de faire reculer l’échéance de la signature.