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Chroniques de l’œil de la chéchia no 2 : mercredi 25 mars 2015
par Hervé Youcef (Attac La Goulette)
mercredi 25 mars 2015, par
Le Stand d’Attac c’est au no 95
On en parlait depuis des mois du stand d’Attac au FSM 2015 et on allait voir ce qu’on allait voir : plus grand, plus beau, et tellement plus séduisant qu’en 2013, bref un stand à faire baver nos amis spécialistes de Bizi ! qui en connaissent un rayon question communication… Sauf que Bizi ! est visible partout dans Tunis mais n’a pas de stand. Sitôt passé la station Rommana (lignes 3 et 5 du métro) et les pelouses où broutent quelques kebch [1] faméliques engraissant en vue du prochain Aïd, on sait qu’il faut descendre à la prochaine, d’ailleurs on ne peut pas se tromper, tous ceux qui descendent ont mis sagement leur petit écriteau autour du cou.
Une heure de retard, que va dire Nikolaz, alors qu’on devait faire l’ouverture ? Ben rien du tout, d’ailleurs il n’y a pas de stand, juste une tente vide ouverte aux quatre vents et quelques militants perdus et désolés.
Mais en quelques minutes, la gigantesque machine Attac fait preuve de sa légendaire efficacité et chacun part s’enquérir de ce qu’il peut là où il le peut. Petit à petit, la tente se meuble de tout un tas d’objets hétéroclites glanés ici et là jusqu’à ressembler à quelque chose et la magie commence à opérer : les visiteurs se pressent autour de la documentation disponible, les discussions s’engagent, les adresses s’échangent, des relations se nouent, bref la vie comme on l’aime et le tout sous un beau soleil doux après le déluge d’hier lors de la marche d’ouverture.
Et ce qui m’a le plus frappé aujourd’hui, c’est la présence massive des Algériens qu’ils soient pour ou contre le gaz de schiste, l’occasion d’échanger quelques mots en dialecte, de parler du pays, de taper cinq bien fort (khamsa), de s’étreindre un peu pour ne pas s’éteindre trop vite.
Quelques portraits de militants d’Attac croisés aujourd’hui sur le stand et que je décris au masculin, mais sur ce point nos compagnes n’ont bien souvent rien à leur envier : j’espère qu’ils se reconnaitront au passage. Il y a celui qui entre deux ateliers vient donner des conseils voire des ordres sur ce qu’il faudrait faire ou ne pas faire mais se garde bien de s’inscrire pour tenir le stand ; il y a celui qui conteste le prix de mise en vente des ouvrages et considère que le choix fait est un déni de démocratie (il veut des noms le bougre !) ; celui plus insidieux qui achète ses livres en dinars (il n’y a pas de petites économies) ; celui qui nous prend pour un tour opérateur ou simplement une consigne de bagages et qui oublie juste au passage de dire bonjour, bref tout un concentré d’humanité et de comportements auquel Attac n’a aucune raison d’échapper : c’est promis au prochain FSM, on prévoit en plus un divan pour creuser un peu nos inconscients.
Ce qui est bien c’est qu’on y retourne demain, même heure même endroit, rendez-vous à 8 h dans notre petit paradis.
Et pendant que le muezzin chante depuis La Goulette et appelle sous l’orage qui vient de reprendre à la prière de Maghreb (celle du coucher du soleil), Tonton Hervé Youcef vous donne sa recette du jour : une bonne ojja merguez.
Ojja merguez
Pour 8 personnes, il faut : 20 poivrons verts - 20 tomates - 1/2kg Merguez (ou plus) - Huile d’olive, sel, tabel, karouia et ail.
Dans un fait-tout, verser l’huile d’olive, y ajouter les tomates coupés en dés et assaisonner avec sel et tabel, les faire revenir environ 10 à 15 mn jusqu’à ce que les tomates soient réduites en purée. Pendant que les tomates mijotent, laver les merguez et les couper en deux. Une fois les tomates bien réduites en purée, ajouter un peu d’eau et y mettre les merguez. Il ne faut pas oublier de bien remuer le tout de temps en temps pour rectifier la sauce et ajouter de l’eau. Entre temps, laver et couper les poivrons en 4 (en enlevant les grains), ajouter de l’ail et du karouia et passer le tout au mixer, moi, j’utilise le ’’mehrez’’ traditionnel. J’ajoute le mélange ’’poivrons-ail’’ à la sauce ’’tomate-merguez’’, je laisse cuire pendant 10 à 15 mn environ, je rectifie le sel. Vu que les oeufs sont vite cuits, avant d’éteindre, je casse les oeufs un par un sans les brouiller dans la marmite et je mets le couvercle.
C’est délicieux !
Portfolio
[1] le kebch c’est le mouton.