Très rapidement, elles obtiennent des augmentations de salaire et la prise en compte des années d’intérim pour la titularisation. Contre les heures supplémentaires non payées qui leur sont imposées, elles revendiquent l’embauche de personnel. Parallèlement, pour sortir des humiliations et du mépris quotidien qu’elles subissent, elles exigent de travailler dans des conditions de respect et de dignité. Enfin, elles arrachent à la direction la mise en place d’une classification des métiers.
A partir de là, le conflit se durcit. Au mépris des négociations engagées et du droit du travail tunisien, la direction organise une répression antisyndicale systématique et les responsables syndicales reçoivent des menaces de mort. Venus discuter avec les grévistes, après un lock-out d’un mois imposé par la direction, le secrétaire général de l’UGTT du secteur de Ben Arous, mais aussi le gouverneur du secteur de Ben Arous, sont….séquestrés par la direction de l’entreprise. Les pratiques néocoloniales des entreprises françaises n’ont pas vraiment disparu !!
Aujourd’hui, la stratégie de l’entreprise consiste à se débarrasser de 200 postes d’intérimaires, avec 200 autres suppressions annoncées d’ici fin 2013. Pour casser la mobilisation elle déplace temporairement vers la France le matériel nécessaire à la fabrication des câbles. Pour la première fois dans l’histoire des luttes au Sud, la direction de l‘entreprise a transféré au Nord l’outil de travail ! Ainsi, il ne s’agit pas aujourd’hui de délocaliser ailleurs au Sud pour continuer d’engranger des profits, mais avant tout de casser un mouvement social très dynamique.
Les travailleuses de Latelec ont fait preuve d’une détermination collective inébranlable, rendue possible par la dynamique de la révolution tunisienne. La direction de Latelec ne s’attendait pas à une telle résistance de la part de ces femmes tunisiennes, travailleuses qualifiées du Sud. Elle tente aujourd’hui de briser ce mouvement social exemplaire.
Françoise Kiefe, Huayra Llanque et Jacqueline Penit
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