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Nous savions que la Tunisie n’était pas...

jeudi 28 mars 2013, par Jacqueline Balvet

Nous savions que la Tunisie n’était pas exempte de recherches d’hydrocarbures en grande profondeur, et c’est bien ce que nous ont confirmé les différent(e)s tunisien(ne)s intervenant dans l’atelier organisé au FSM de Tunis sur les stratégies de lutte contre les gaz et huiles de schiste, atelier co-animé par Attac France et Food and Water Watch. Une centaine de personnes étaient présentes et des militants de Tunisie, du Québéc, des Etats-Unis, d’Espagne, de France, du Mexique, d’Argentine, du Vénézuéla nous ont parlé des projets en cours des pétroliers et des luttes citoyennes qui se développaient pour bloquer et interdire ces projets.

La situation tunisienne est assez disparate : si l’exploitation n’est pas commencée réellement, des recherches sont en cours dans une opacité totale, tant du côté des dossiers des compagnies pétrolières que du côté du gouvernement. Les actions d’information s’organisent dans tout le pays depuis 6 mois, en particulier via les réseaux universitaires, les médias et les réseaux sociaux. Le Forum a été un lieu privilégié pour que les différentes forces tunisiennes engagées dans la bataille contre les gaz de schiste, se rencontrent et commencent un travail en commun.

Au Québec, beaucoup de similitudes avec la France, avec la constitution de collectifs citoyens et l’acquisition d’une expertise citoyenne très pointue pour faire face aux mensonges des compagnies. Le moratoire annoncé en septembre 2012 doit être conforté par une enquête lancée récemment et confiée à des experts, pas vraiment indépendants. En Espagne, de plus en plus de permis sont accordés dans une large majorité des régions.

La France a fait état de la situation ambigüe actuelle avec des prises de position du gouvernement très contradictoires face à des luttes qui ne demandent qu’à ressurgir dès qu’il y a une nouvelle annonce de travaux. Le film Gasland a été un support utilisé très largement dans les pays : en Tunisie, opération Gasland dans 40 sites universitaires, au Québec, aux USA, en France, en Espagne.

Un des questions majeures qui est ressorti du débat est le manque d’information du grand public dans certains pays (Tunisie, Mexique, Argentine), dont les conséquences sur l’emploi et l’économie en général, ainsi qu’un manque d’expertise des militants pour argumenter et déconstruire les mensonges des pétroliers auprès du public. Ce constat a encouragé les militants présents à décider d’améliorer les échanges et ’informations par langue (il existe une liste mail en anglais, sans doute faudrait-il en organiser une en espagnol, en français et en arabe) Une autre décision de cet atelier aura été de porter la problématique des gaz de schiste dans les autres débats du forum afin de l’intégrer aux campagnes internationales sur l’eau, les multinationales, la souveraineté alimentaire, la transition énergétique . En contrepartie, les campagnes gaz de schiste pourront à leur tour prendre en compte des luttes nécessitant une approche plus globale.

Enfin, tous les militants présents s’engagent à se mobiliser très fortement pour faire de la prochaine « Global Frack Down day » le 19 octobre 2013 » un véritable événement international.

Jacqueline Balvet
Tunis, mercredi 27 mars 2013