Impressions et rencontres d’après Forum

Dans une Tunis rendue à ses habitants, je descends en ville dimanche 31 mars depuis mon quartier de Ksar Said 2 par la ligne numéro 5 et la station Omrane Supérieur.

Dans une Tunis rendue à ses habitants et à leurs soucis quotidiens, le métro de la ligne 5 chemine difficilement comme à son habitude vers la place de Barcelone, déjà plein au départ mais arrivant toujours à embarquer de nouveaux voyageurs dans des conditions qui feraient exercer un droit de retrait au plus réformiste des syndicats cheminots.

Le forum a baissé ses rideaux depuis hier et pour reprendre la phrase de Claude Nougaro dans sa chanson Mai Paris Mai : « Chacun est rentré chez son automobile ». Les altermondialistes ont repris les low costs par lesquels ils étaient venus en remportant dans leurs bagages portables, tablettes, ipods et autres joyaux de la technologie occidentale avec en plus de belles images et quelques épices qui s’éventeront avec le temps.

Dans une Université rendue à ses étudiants, la ligne 5 passe par la station Campus comme s’il ne s’était rien passé là au cours des jours précédents.

Dans une Tunis rendue à ses habitudes, et parcourant la ville en tout sens, j’ai pourtant rencontré quelques fantômes égarés.

C’est ainsi que descendant à la station République et empruntant l’avenue de Paris, je croise Annie, figure bien connue du DAL, qui se rend à une réunion de coordination dont j’ai oublié le sujet, n’ayant retenu que la fulgurance de la rencontre.

Un peu plus loin alors que je savourais quelques fraises assis sur une borne à l’entrée de la Médina, c’est Yacob d’Attac Togo qui m’interpelle et vient à ma rencontre.

À midi bien sonné, dans une gargote de la rue du Caire et venant juste d’achever une kamounia aux poulpes, j’aperçois Jean-Michel, mettant en pratique le Forum étendu en restant visiblement après sa clôture mais que je n’ai pas hélé et qui ne m’a pas vu.

Et puis plus tard au parc du Belvédère, lieu de prédilection des familles tunisiennes les dimanches après-midi, attablé au café de l’oasis, je tombe nez à nez avec Antoine, animateur radio qui coproduit avec Mermet l’émission Là bas si j’y suis, et qui suit fidèlement Attac Pays d’Arles chaque année depuis dix ans à l’occasion du festival des Suds et du 14 juillet altermondialiste organisé par le comité local.

Dans une Tunis rendue à ses habitants, je prends la ligne 5 pour regagner mon quartier de Ksar Said 2.

Cette fois plus de fantômes, des Tunisiennes et des Tunisiens, et l’appel du muezzin : c’est l’heure d’Al Maghrib, la prière du coucher du soleil.

Le minaret de la petite mosquée Ibn Al Jazzar situé juste derrière la maison est déjà illuminé de son halo vert.

Rendez-vous dans deux ans pour un nouveau Forum, Inch’Allah.

Hervé