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La gauche, le peuple et la stratégie contre-hégémonique (Christian Delarue)

Membre du Conseil scientifique

mercredi 13 septembre 2017, par Martine Boudet

La convergence des luttes sociales contre les oligarchies et autres dominations et oppressions (pluri-émancipation).

Plusieurs thèmes sont à aborder dans cet objectif.

I - Sur l’oligarchie : Ne pas oublier ni l’état (la photo) ni le processus.

II - Sur l’hégémonie et la notion de bloc hégémonique oligarchique : Étudier ce qui conforte l’oligarchie, lui donne sa puissance. Les divisions et les inégalités, sa richesse, ses pouvoirs.

III - Mouvement pour la construction d’une contre-hégémonie : front social et peuple-classe en lien avec la pluri-émancipation et dans une perspective transnationale, internationaliste. Ce qui n’est pas mépriser le cadre national pour la construction des services publics par exemple.


I Oligarchisation du monde et évocation multiforme du peuple

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/200317/oligarchisation-du-monde-et-evocation-multiforme-du-peuple

II Hégémonie

On évoque non seulement l’hégémonie (Gramsci cf notes et Cox - cf extrait Thierry Brugvin en note ci-dessous) mais aussi la méta-hégémonie dans cet extrait (3) : "Ce que nous entendons par la forme politique prise par le néolibéralisme ne se résume pas à un parti, mais correspond plutôt à un ensemble de contours et de règles propres à une époque basée sur la concurrence, sur le devenir capital de la force de travail, sur le chevauchement des temps de vie et de travail ainsi que sur l’entreprise comme communauté imaginée. Cette méta-hégémonie néolibérale nie les antagonismes, elle ne distingue pas la droite de la gauche, le haut du bas, ni le dedans du dehors, mais s’impose de facto comme l’élément transversal qui traverse toutes les facettes de la société. "

Pour Jacques Woda "tout mode d’organisation sociale procure avantages et profits, matériels et symboliques, à certains groupes dominants, qui donc œuvrent pour que leur situation perdure, quitte à accepter voire initier les changements qui font que rien ne change. A cet effet, ces groupes dominants mettent en œuvre, spontanément, sans complot (ou à peine) des outils de toutes sortes :

 des outils économiques, juridiques, policiers, militaires, etc…., qui servent à contenir les contestations des dominés, quand elles apparaissent ;

 des outils culturels qui servent à prévenir, avant qu’elles n’apparaissent, les contestations, en modelant les idées, les postulats, les valeurs qui règlent les comportements de tout individu. En pratique, cela consiste à promouvoir et inculquer, dans l’esprit des groupes dominés, un système de valeurs morales, de pseudo évidences non discutées, qui ont un objectif démobilisateur, anesthésiant, ou qui dérivent leurs luttes vers de faux ennemis."

La lutte pour l’hégémonie des dominants au plan économique et social ne passe pas seulement 1) par les médias « mainstream », qui sont de puissants appareils d’influence idéologique, mais aussi 2) par les États et les lois - ce qui n’oblige pas à l’anarchisme -, 3) par les entreprises capitalistes, 4) par les religions aussi, et 5) d’autres appareils encore qui travaillent à forger l’hégémonie des mensonges pour le renforcement des positions et pouvoirs des dominants. Si l’hégémonie des idées, des principes et intérêts des dominants avec les puissants moyens d’y faire consentir un maximum d’individus est une puissante force (au service de ces dominants économiques), une force et un dispositif surplombant qui recouvrent un large ensemble de la société (civile et politique), alors la contre-hégémonie sera les idées, les principes remodelés pour que ceux et celles d’en-bas - ensemble large - s’y retrouvent et ce sur tous les champs sociaux sans exclusive, Etat compris.

III Gauche, peuple, contre-hégémonie et émancipation plurielle.

Posons ici comme hypothèse introductive que ce qu’on nomme la gauche - sans distinguer ici gauche politique et gauche sociale (ou d’autres distinctions comme réformiste - révolutionnaire) - forme cet ensemble de militant-e-s et de citoyens qui sont non seulement favorable - au plan du projet - à une alternative (contra-systémique ou extra-systémique) plus qu’à une simple alternance (intra-systèmique) mais sont aussi aux côtés du peuple, non pas du peuple nation (peuple communauté nationale) ou du peuple ethno-national mais du peuple social soit l’ensemble des couches et classes sociales dominées et opprimées, pas que les pauvres au bas de l’échelle socio-économique. Pour mettre l’accent sur l’idée de rapport de domination économique et d’opposition d’intérêts on parlera de peuple-classe (contribution 1).

Comparativement, la position de droite sera favorable à une simple alternance dans l’ordre actuel, au sein du système capitaliste mais aussi du patriarcat maintenu. Les formations centristes dites d’alternance ou socio-libérales veulent aménager le système avec un plâtre social d’accompagnement sans modifier radicalement les dominations structurelles existantes . On ne pousse pas vers l’égalité réelle en pensant aussi aux pluri-émancipations (outre la justice sociale on vise l’anti-impérialisme, l’anti-sexisme, l’anti-racisme, la laïcité, l’anti-intégrisme religieux et tout ce qui est réactionnaire). La droite, conservatrice ou réactionnaire, ignorera le peuple au profit des seuls individus et si peuple il y a c’est juste le peuple légal démocratico-citoyen. Quand à la droite nationaliste ou de l’extrême-droite, elle évoque un peuple nation ou d’un peuple ethno-racial (blanc judéo-chrétien) englobant toutes les classes sociales. L’ennemi est alors l’étranger, le migrant, le résidant non national y compris celui installé depuis plus de dix ans à qui l’on refuse de donner une carte de citoyenneté.

Quelques problèmes de stratégie de contre-hégémonie sont à débattre. Plus rien ne va de soi tant les références anciennes - marxisme révolutionnaire avec luttes féministes et antiracistes - furent bousculées et abandonnées. Cette liste n’est donc qu’indicative.

1 - L’ adoption d’une vision agonistique de la société

Les élites néolibérales ne travaillent pas pour l’intérêt général, la justice sociale, le bien commun ou la République en cohésion sociale mais pour les intérêts de classe de l’oligarchie et des classes économico-sociales dominantes. Elles ne font pas ce qu’elles disent ! Elles exploitent le peuple-classe ! La critique du néolibéralisme et des écarts dans les contenus de revenus et plus encore de patrimoines permet alors de déniaiser les esprits intoxiqués par l’idéologie des puissants mais encore faut-il qu’elle vise explicitement l’oligarchie et pas seulement des mécanismes abstraits, des dispositifs juridico-techniques surplombant le peuple-classe. Critiquer des mécanismes abstraits et des dispositifs institutionnels surplombants et aliénants est nécessaire mais pas suffisant . L’oligarchie est un rapport social . Elle a donc son "autre" : le peuple-classe !

2 - La critique de la "démocratie réellement existante" et de la République néolibérale

Les institutions et le droit ne sont pas neutres. Ce construit social et historique masque au-delà des jolis termes juridico-institutionnels - démocratie plutôt que gouvernance oligarchique ou République plutôt que régime corrompu et prédateur - une division structurelle entre des élites qui veulent et qui parviennent à conserver le pouvoir face à un peuple-classe subalterne.

3 - Les classes et couches d’appui de l’oligarchie pour l’hégémonie

Les appareils d’Etat et les institutions de l’Union européenne construisent une hégémonie variable de la domination autour des classes dominantes. Il existe par exemple une riche « classe d’appui » de l’oligarchie qui est nommée par une fraction du mouvement altermondialiste « le 1% d’en-haut ». Il n’y a pas que ce 1% d’en-haut à soutenir l’oligarchie ni même tout ce 1% mais ce 1% sert indéniablement de classe de soutien du capitalisme prédateur au plan économique, social, démocratique et écologique.

4 - Le peuple-classe d’en-bas divisé

Cette division du peuple-classe est multiple . Elle est tout à la fois réelle - quoique construite et non naturelle - et objet d’une activité spécifique des classes dominantes pour la maintenir et renforcer afin d’empêcher une contre-hégémonie de conquête des droits et des pouvoirs et outils institutionnels au service de ces droits : les services publics notamment. cf point 6 ci-après.

5 - Le peuple-classe comme front de contre-hégémonie à construire.

Le peuple-classe n’est pas un « peuple total » ou un « peuple totalité » (100%) car il est cette très très large fraction de peuple qui fait front ou pour le dire autrement qui se lève pour gagner une hégémonie d’alternative, une hégémonie d’en-bas pour autre chose que l’ordre dominant. Ce peuple-classe n’est pas constitué que par les couches sociales et populaires les plus pauvres ou modestes. Pour faire front il doit embrasser largement. D’ou l’idée des 99% qui n’est qu’un ordre d’idée et pas une vérité objective et scientifique.

6 - Les principales stratégies d’hégémonie des classes dominantes.

On trouve 1) la monstration d’un ennemi en-bas avec un discours de bouc émissaire : les migrants, les fonctionnaires "bras cassés", etc , 2) l’évocation d’une fausse communauté - Nation, Europe, Nord, Occident, … - qui englobe dominants économiques et dominés, 3) l’évocation de la "triche" des pauvres ou des Rroms , de leur violence, de leur racisme ou sexisme. A poursuivre tant il y a de l’habileté perverse au dénigrement.

7 - Contre-hégémonie contre les diverses dominations

Le principal problème de constitution d’un front social contre-hégémonique est l’articulation des luttes contre toutes les dominations et oppressions. Pour un tel front social large il importe que des acteurs de mobilisation s’adresse au peuple en essayant de le structurer de l’organiser pour que le peuple devienne peuple-classe, pour que le peuple cesse d’être "un agrégat relativement indéterminé d’individus" comme le dit Michel Wieviorka dans "Le peuple" in "Le peuple existe-t-il ?" ouvrage collectif qu’il a dirigé en 2012. Dans cette adresse au peuple, il n’y a pas un tribun mais plusieurs acteurs, des animateurs locaux, régionaux et nationaux des luttes. Parfois il y a un aspect international. On voit qu’il est difficile d’articuler des luttes sociales de type syndicales. C’est toute une expérience. Un art même.

Pour d’autres articulations plus hétéroclites, c’est plus problématique encore. On le voit lorsqu’il s’agit, par exemple, de repousser les intégrismes religieux sur une base de gauche et anti-raciste. Le livre Urgence antiraciste - Pour une démocratie inclusive - coordonné par Martine Boudet - (Ed Le Croquant mars 2017) développe ce qu’il convient de nommer les antiracismes (au pluriel), car comme le féminisme aujourd’hui divers et même divisé entre universalistes et relativistes, il y en a plusieurs. Ce livre en prend acte. Lisez Patrick Farbiaz notamment. Le volet anti-intégrisme religieux n’est pas oublié pas plus que l’anti-colonialisme ou les migrations humaines. Heureusement car les intégrismes religieux sont montants c’est une sorte de peste sociale réactionnaire qui ronge le corps social dans un sens réactionnaire. On a donc là un ouvrage collectif antiraciste et anti-intégrisme religieux à plusieurs mains.
http://www.editions-croquant.org/component/mijoshop/product/384-urgence-antiraciste

8 - Contre-hégémonie et front.

La constitution d’un tel front se fait autant au plan social et sociétal au sein de la société civile qu’au plan démocratique et de la société politique. Il se constitue autant dans la rue (front social) que dans les urnes (front populaire démocratique) . Pas de raccourci électoraliste mais aussi aucun champ social ou politique n’est à éliminer. Cependant la dialectique "mobilisation sociale" et "mobilisation électorale" n’est pas réussie si elle se termine dans... l’isoloir !

9 - Contre-hégémonie et volonté de cibler l’oligarchie néolibérale.

On sort du schéma de la conflictualité classiste habituelle qui oppose patrons et travailleurs salariés - qui n’est pas nécessairement déniée - pour en montrer une autre qui oppose oligarchie à peuple-classe. Le néolibéralisme est la phase du capitalisme financiarisé qui donne puissance aux oligarchies.

10 - Oligarchie sur tous les plans et niveaux

Il convient en effet de décider de mettre la focale contre cette oligarchie tant au plan national que continental et notamment au sein de l’Union européenne. L’oligarchie est aussi présente au niveau mondial . On évoque ici la Caste contre l’humanité-classe.

11 - Quel statut des organes de mobilisation ?

Quid des avant-gardes de mobilisations populaires dans la rue pour constituer un front social de résistance et d’alternative(s) ? On comptera ici plus sur les syndicats favorables à la Charte d’Amiens ou à la Commune de 1871 (et donc plus certains que d’autres).

Quid des partis de gauche - petits ou grands - mais réellement de gauche (cf introduction) pour mobiliser ce front social, ce peuple-classe, vers les urnes dans une perspective démocratique qui fait le lien avec les luttes sociales ? Le débat sera "pour quelle alternative contra-systémique ? "La perspective du socialisme que nous voulons est objet du débat démocratique en lien avec les revendications transitoires dont la RTT sans perte de salaire pour les 99% d’en-bas est un axe fort.

Christian DELARUE

Classe dominante et oligarchie contre peuple souverain et peuple-classe.

http://mouvements.info/classe-dominante-et-oligarchie-contre-peuple-souverain-et-peuple-classe/

EXTRAITS DE TEXTES

1 - "La classe ouvrière est divisée tant socialement (« cols blancs » / « cols bleus », profs/élèves, etc.), que politiquement (la variété de partis dans lesquels les travailleurs s’organisent en est une expression) ou idéologiquement (certains travailleurs sont racistes mais tous ne le sont pas). Ces divisions pèsent sur la conscience que la classe a (ou plutôt, n’a pas) d’elle-même et impliquent, pour Gramsci, que les révolutionnaires soient les artisans de son unification, tant au niveau théorique que pratique : « Le Prince moderne [le Parti] doit, et ne peut pas ne pas être le champion et l’organisateur d’une réforme intellectuelle et morale ; ce qui signifie créer le terrain pour un développement supérieur de la volonté collective »

in Antonio Gramsci, "L’hégémonie comme stratégie" - Revue Que Faire ?

http://quefaire.lautre.net/Antonio-Gramsci-l-hegemonie-comme

2 - "Constatant que les révolutions communistes promises par la théorie de Marx n’avaient pas eu lieu dans les sociétés industrielles de son époque, Gramsci formule une hypothèse. Si le pouvoir bourgeois tient, ce n’est pas uniquement par la main de fer par laquelle il tient le prolétariat, mais essentiellement grâce à son emprise sur les représentations culturelles de la masse des travailleurs. Cette hégémonie culturelle amenant même les dominés à adopter la vision du monde des dominants et à l’accepter comme « allant de soi ».

Cette domination se constitue et se maintient à travers la diffusion de valeurs au sein de l’École, l’Église, les partis, les organisations de travailleurs, l’institution scientifique, universitaire, artistique, les moyens de communication de masse… Autant de foyers culturels propageant des représentations qui conquièrent peu à peu les esprits et permettent d’obtenir le consentement du plus grand nombre.

Pour renverser la vapeur, toute conquête du pouvoir doit d’abord passer par un long travail idéologique, une lente préparation du terrain au sein de la société civile. Il faut, peu à peu, subvertir les esprits, installer les valeurs que l’on défend dans le domaine public afin de s’assurer d’une hégémonie culturelle avant et dans le but de prendre le pouvoir.

Exemple récent, l’idéologie néolibérale qui s’est auto-instituée comme seul système d’organisation économique possible. Il est le fruit d’un long travail sous-terrain de conquête des esprits depuis les cercles de réflexion d’économistes américains et européens (think-tanks) des années 50 aux journalistes, hauts fonctionnaires, leaders d’opinion, lobbys et artistes qui imposent peu à peu ses principales idées dans la sphère culturelle : « La compétition généralisée est saine », « Le marché s’auto-régule », « Il faut limiter les dépenses publiques et baisser les impôts », « L’État est un mauvais gestionnaire », etc.) avant de connaître une traduction politique dans la prise de pouvoir par Ronald Reagan aux États-Unis, Margaret Thatcher en Angleterre jusqu’à Deng Xiaoping en Chine."

in "L’hégémonie culturelle" selon Gramsci

https://www.agirparlaculture.be/index.php/theorie-de-la-culture/4-lhegemonie-culturelle-selon-gramsci

3 - Ce que nous entendons par la forme politique prise par le néolibéralisme ne se résume pas à un parti, mais correspond plutôt à un ensemble de contours et de règles propres à une époque basée sur la concurrence, sur le devenir capital de la force de travail, sur le chevauchement des temps de vie et de travail ainsi que sur l’entreprise comme communauté imaginée. Cette méta-hégémonie néolibérale nie les antagonismes, elle ne distingue pas la droite de la gauche, le haut du bas, ni le dedans du dehors, mais s’impose de facto comme l’élément transversal qui traverse toutes les facettes de la société.

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/040717/macron-lentreprise-comme-modele-politique

4 - Thierry Brugvin [GROUPE-CS-DIM-SOC_CULTURELLE] : Extrait :

L’HEGEMONIE SELON GRAMSCI ET COX,

Cox a développé une économie politique critique. Pour cela il a prolongé la pensée d’Antonio Gramsci au plan international. Au sein des structures historiques, Cox distingue donc trois forces fondamentales : les forces matérielles, celles des idées et des institutions. Il définit trois pôles au sein du bloc historique. « Dans une perspective matérialiste historique transnationale, il n’y a pas systématiquement une hiérarchie prédéterminée entre les trois pôles » que sont : « les rapports de production, les principales structures de production, et l’appareil d’Etat » (Cox 1987 : 5). Cependant, les structures de production tendent nous semble-t-il a conserver un pouvoir prépondérant, même si leurs relations sont interactives et circulaires.

Le modèle de Cox s’inscrit dans celui de Gramsci, qui considère qu’au sein du bloc historique, il existe une relation dialectique entre la superstructure (forces matérielles, forces des idées) et l’infrastructure (forces matérielles incluant les rapports sociaux de production). Gramsci (1975) considérait que l’hégémonie idéologique et politique résidait, au sein de la société civile. A la suite de Marx, Gramsci a montré la relation dialectique entre l’idéologie (la superstructure) et l’infrastructure. Le mode de production rend compte d’une relation dialectique entre :

 la base matérielle de la société (dite infrastructure), qui comprend les forces productives (moyens de production, techniques, connaissances, forces de travail) et les rapports sociaux (de production) étant eux-mêmes dans une relation dialectique ;

 et les structures politiques et idéologiques (dites superstructures), essentiellement au service de la classe dominante.

Gramsci insiste sur l’unité organique et dialectique : «  l’infrastructure et la superstructure forment un bloc historique  ». Ces deux pôles « ne sont pas véritablement séparables, ni réellement, ni chronologiquement. » Ainsi, au sein du bloc historique, il existe une interdépendance, entre les deux pôles, qui le constituent : «  les forces matérielles sont le contenu et les idéologies, la forme (...). Mais, la distinction de forme et de contenu est purement dialectique, car les forces matérielles ne seraient pas concevables, historiquement, sans les formes, et les idéologies seraient de simples fantaisies individuelles sans les forces matérielles  » (Gramsci : 1975 : 869).

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/020717/la-gauche-le-peuple-et-la-strategie-contre-hegemonique
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Messages

  • un texte de base contre l’hégémonie financière et oligarchique s’impose effectivement depuis 2008 au delà de toute idéologie..

  • Il y a des textes qui me réconcilie un peu avec le projet de démocratie effective en France, pour (re)commencer quelque part.
    Je partage complètement les propos de Jacques Woda :
    "tout mode d’organisation sociale procure avantages et profits, matériels et symboliques, à certains groupes( entités) dominants, qui donc œuvrent pour que leur situation perdure, quitte à accepter voire initier les changements qui font que rien ne change. A cet effet, ces groupes dominants mettent en œuvre, spontanément, sans complot (ou à peine apparent ? conscient ? ) des outils de toutes sortes :
    - des outils économiques, juridiques, policiers, militaires, etc…., qui servent à contenir les contestations des dominés, quand elles apparaissent ;
     des outils culturels qui servent à prévenir, avant qu’elles n’apparaissent, les contestations, en modelant les idées, les postulats, les valeurs qui règlent les comportements de tout individu. En pratique, cela consiste à promouvoir et inculquer, dans l’esprit des groupes dominés, un système de valeurs morales, de pseudo évidences non discutées, qui ont un objectif démobilisateur, anesthésiant, ou qui dérivent leurs luttes vers de faux ennemis."

    (Schmilblick 2018) Aussi, même si le repérage des structures oppressantes et émancipatrices est indispensable pour commencer,
    ces outils culturels ou structuraux peuvent aussi servir de SAS de décompression des populations/individus opprimées de longue date :
    - soit pour faire rebondir ces "99%" vers une contre-hégémonie et une reprise en main de leur vie quand cela n’est pas encore irrémédiable,
     soit pour contrôler les éléments devenus perturbateurs par provocations incessantes qui pourraient conduire tout au plus à fissurer leur hégémonie et finir par "écorner juste un peu leur image" que cette tranche ou type de population s’évertue depuis tout petit car longuement chéri et glorifié, à soigner, à défaut de se soucier des échanges équitables et du cadre à faire respecter pour que ceux-ci soient possibles.
    C’est pourquoi les structures ne suffisent pas pour reconquérir et maintenir une société équilibrée. Une éthique, démocratique effective universaliste protectrice d’un environnement naturel pour que les générations puissent redevenir acteur de leur décisions collectives et se projeter dans le futur, équitable est indispensable à ce CADRE / aux cadres s’y prêtant volontiers à défendre. Pour cela encore faudrait-il que les institutions n’aient pas une fâcheuse coûtume de les dénigrer constamment.

    Conclusion : les institutions faisant partie de l’infrastructure, doivent aussi subir un grand ravalement, que ce soit de façade comme de fond.
    Faire rebondir l’ensemble des 99% de la même manière est-il bien équitable déontologiquement ? Cela reste une question pour moi car l’esprit de vengeance n’apaise pas davantage.

    Merci pour ce travail conséquent.