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La démocratie cognitive et culturelle au service de l’individu

Martine Boudet membre du CS

jeudi 30 janvier 2020

En quoi le capital humain est-il un enjeu à l’heure de l’économie de la connaissance ? Quelle construction du sujet est négociable dans ce contexte, en termes d’individualité et d’altérité, de condition masculine et féminine, de citoyenneté et d’identité culturelle, de condition bourgeoise ou populaire… ? Comment la démarche altermondialiste peut-elle contribuer à un exercice réfléchi de l’intersubjectivité, base de la construction de la personnalité individuelle voire du maintien de son intégrité ?

I- L’éducation à l’intersubjectivité

Jusqu’à présent, l’intérêt a été surtout focalisé sur les médias qui sont autant d’outils d’interactivité et d’expression de soi, à l’origine de la création d’une médiologie –ou sciences des médias- voire d’une médiocratie –ou gouvernance par les médias. Outre les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication), inscrites parmi les sept piliers du système éducatif français, c’est désormais la culture de l’intersubjectivité qu’il reste à prendre en compte : elle participe de la « culture humaniste » et de la « compétence sociale et citoyenne », retenues dans la liste des objets d’apprentissage à l’Ecole .
L’informatisation de la vie sociale induit en effet la démultiplication en réseau des relations humaines, phénomène qui s’ajoute à une structuration étatico-institutionnelle pyramidale et stable et qui la concurrence parfois. Il y a donc nécessité à rajouter aux analyses (macro)économiques, (géo)-politiques, juridiques, historiques qui portent principalement sur des faits objectivables les études des sciences humaines et sociales se référant aux modes de représentations, par nature intersubjectifs. Du fait, entre autres facteurs, des limites actuelles de leur transmission, se manifeste la crise, à l’Ecole, dans le cercle familial et dans la société, des repères, du lien social, des interdits, du sens, des valeurs ; la sous-culture* dite people, fondée sur une culture de surface et un mimétisme de répétition, apparaît comme l’une des déviances de la société de l’information.
D’elle dérive cette mouvance adolescente qui, du fait du relativisme régnant depuis 1989, multiplie les conduites à risque et expérimente des stratégies parfois extrêmes dans le registre des addictions et des actes de violence à l’encontre d’autrui : ludopathie ou monoculture intensive des jeux vidéos, du virtuel et de l’informatique, tabagisme, alcoolisme, dépendance aux drogues, aux marques commerciales, fanatisme musical, sportif, sectaire, jeu du foulard au collège, viols en réunion (dites « tournantes »), boulimie, anorexie, agoraphobie, comportements infra-communicationnels, décrochage scolaire, suicides, contrats suicidaires en ligne, dépressions…

Au titre des remédiations, sont privilégiées à l’Ecole des approches pragmatiques et souvent empiriques, qui s’accumulent au fur et à mesure de l’intensification de la pression juvénile et qui s’avèrent souvent des cache-misère : création en 1998 des comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) ; création en 1999 de l’heure de vie de classe au lycée pour la gestion des conflits, création du comité national de lutte contre la violence (2000), mise en place du logiciel SIGNA en 2001, remplacé par le système SIVIS en 2007, pour recenser les faits de violence à l’école, campagne nationale pour le respect à l’Ecole en 2002 ; création en 2005 de la note de comportement au collège…L’ECJS (enseignement citoyen, juridique et social), instauré au Second cycle en 1999, poursuit l’éducation à la citoyenneté propre au collège : si le programme et la méthode d’enseignement fondée sur le débat et l’échange sont pertinents, en revanche l’horaire qu’on lui consacre (deux heures par mois en moyenne ) de même que l’évaluation (facultative) sont insuffisants : élèves comme professeurs le considèrent comme une matière d’appoint.

Article publié le 5/07/2010
https://france.attac.org/archives/spip.php?article11537

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