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Résolution d’Attac : Abolir le système prostitutionnel

samedi 30 mars 2024, par Commission Genre

Pour rappel, voici la résolution qui a été adoptée à l’AG d’Attac de mai 2014.

Abolir le système prostitutionnel
La logique néolibérale à l’œuvre depuis trente ans a trouvé dans le système prostitutionnel un nouveau domaine où se déployer, qui génère d’énormes profits. La prostitution et la traite des êtres humains à des fins de prostitution ont ainsi connu un essor considérable en lien d’une part avec la libéralisation de la circulation des capitaux, d’autre part avec la dégradation des conditions de vie de nombreuses populations au Nord et au Sud, ainsi qu’avec les politiques migratoires de la plupart des pays occidentaux qui visent à criminaliser les migrant-es. La marchandisation des biens et des services ne connaît plus aucune limite, banalisant la marchandisation croissante des corps – essentiellement celui des femmes. La domination masculine, transversale aux différents rapports de domination, s’exprime dans la prostitution d’une manière des plus violentes.

En cohérence avec les valeurs qu’elle défend, Attac se prononce contre la marchandisation des corps et des êtres humains, pour une société tournée vers l’émancipation des personnes et l’égalité entre les femmes et les hommes. Attac considère la prostitution comme une violence faite aux femmes, et plus globalement comme une atteinte à la dignité humaine. Attac est opposée à toute idée qui laisserait croire que la prostitution pourrait être un métier comme un autre et refuse la notion de travailleur/travailleuse du sexe. La domination masculine est au fondement du système prostitutionnel, réduisant potentiellement toutes les femmes à des objets sexuels. Le système prostitutionnel s’oppose donc en tant que tel à tout projet de société basé sur l’égalité entre femmes et hommes.
Un projet de société réellement émancipateur ne peut viser que l’abolition de la prostitution. Celle-ci résultera d’une volonté politique ainsi que des luttes menées par les différentes composantes du mouvement social, y compris celles des personnes prostituées, qui doivent s’emparer de cette question.

• Attac soutient toutes les mesures visant à protéger les personnes prostituées, à combattre les violences physiques et morales inhérentes à la prostitution, à permettre leur (ré)insertion et à garantir leur accès aux droits fondamentaux de façon inconditionnelle : ces droits doivent en effet être attachés à chacune et chacun en tant que personne. Attac s’oppose à toute politique qui viserait la répression des flux migratoires, le contrôle des populations les plus pauvres et les plus en difficulté. Elle s’oppose à toute politique qui mettrait les personnes prostituées encore plus en difficulté, en particulier par une réglementation du système prostitutionnel qui ouvrirait les portes à l’industrialisation à grande échelle du proxénétisme et de la traite.

• Attac demande le renforcement des moyens de répression du proxénétisme et de la traite des êtres humains. Cela passe en particulier par la lutte contre les paradis fiscaux, le blanchiment d’argent et la criminalité financière.

• Elle demande la mise en œuvre de politiques de prévention, en particulier des moyens éducatifs et associatifs pour promouvoir l’éducation à la sexualité et au respect d’autrui dans son corps comme dans son désir. Le corps des femmes mais aussi des hommes et des enfants ne doit pas être une marchandise à la disposition d’autrui.
Ce sont ces principes qui guideront Attac dans ses engagements comme dans son évaluation des politiques publiques menées dans ce domaine.