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Marchandisation de l’Ecole (Gérard Collet)
samedi 21 septembre 2013, par
Une bataille cruciale de la marchandisation se livre sur le terrain de l’éducation. Cruciale non pas parce qu’elle serait la plus importante (encore que) ou la plus symbolique, mais parce que c’est l’une des dernières qui restent à mener, l’essentiel des services publics étant déjà bien engagé dans cette voie de la « mise en marché ».
Nous écrivions naguère que cette bataille pouvait encore être gagnée, mais chaque jour en fait douter davantage tandis que les « réformes » se déroulent dans une indifférence quasi générale.
Les avancées libérales, qui s’attaquent à l’ensemble du système éducatif (voir nos dossiers) se manifestent tantôt de manière rampante comme dans le secondaire ou le primaire avec le cortège d’externalisations de services, de partenariats public-privé, de mise en concurrence des établissements, de privilèges accordés aux officines privées, ou tantôt brutalement comme à l’Université.
Là, « l’autonomisation », fleuron de la période sarkozienne et bâton de maréchal de la dame Pécresse, commence à porter ses premiers fruits empoisonnés. On apprend en effet qu’en cette rentrée le Site Du Guesclin de l’Université de Montpellier, sis dans la ville de Béziers, sera fermé pour raisons économiques… Une grande première. On lit dans le forum du Midi Libre :
"Cette annonce est une véritable tragédie pour Béziers. L’autonomie des universités laisse ainsi la trace d’un modèle qu’il faut repenser en urgence. Les villes moyennes ne doivent pas être exclues des dispositifs d’enseignement."
Sans doute les attendus de cette décision sont-ils complexes, et sans doute de grands noms comme celui d’Axel Kahn se prononcent-ils en faveur de cette réforme. Cependant les arguments que présentait de manière prémonitoire en février 2012 Mme la Présidente de l’Université Paul Valéry de Montpellier sont nombreux, clairs, solides, et confortent l’idée que ce principe d’autonomie, entre autres défauts, ne prend en compte que des arguments comptables et néglige au premier chef la vie des territoires.
Mme Fraïsse, dans sa lettre au Président de la République, était on ne peut plus claire :
Êtes-vous trompé à ce point sur les attentes de ceux qui vous soutiennent pour croire qu’ils souhaitent vous voir poursuivre la politique qui depuis 5 ans torpille notre enseignement supérieur. Le président sortant a supprimé la formation des maîtres, attaqué le CNRS, mis à mal le réseau universitaire pour lancer une compétition acharnée entre les établissements, créé des dissensions entre universités, organismes de recherche, écoles, IUT, IUFM, rompu tous les équilibres entre les régions, les sites de tailles différentes et les disciplines, privilégiant les uns au gré d’une politique contradictoire, brimant les autres au nom d’une idéologie ultra libérale.
Il vous laisse en guise de projets des dettes pour 25 ans avec les duperies que sont les « plans campus » dont les « Partenariats Public Privé » multiplient par 3 le coût des bâtiments et profitent uniquement aux grandes entreprises de construction et les « Investissements d’avenir ». […]
Une trentaine d’universités sont déjà en grande difficulté et leur nombre ne va pas cesser d’augmenter. Pour ceux qui à gauche ont dénoncé cette mesure nous savons qu’il s’agit d’une duperie totale.
Il serait grand temps que des débats de fond s’engagent, que des mobilisations larges se mettent en place, qui permettraient peut-être d’enrayer la machine infernale, et de sauver une partie au moins de ce bien public essentiel qu’est l’éducation. Attac devrait y avoir sa place.
Et Mme Fraïsse concluait admirablement :
Oui, Monsieur Hollande, Axel Khan peut dire qu’il préfère une université autonome à une université sous tutelle, pour ma part je préfère tout simplement un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche et une université d’Etat au service de la France.