Accueil > Commission enseignement-recherche > Défense des libertés publiques et professionnelles

Défense des libertés publiques et professionnelles

Martine Boudet membre du CS

lundi 13 janvier 2020, par Commission Enseignement-Recherche

Cette contribution est le résultat de débats menés à l’occasion du congrés de la FSU (Clermont-Ferrand, décembre 2019). Elle peut intéresser des syndicalistes d’autres organisations également.

I-Exposé des motifs

Comme dans d’autres pays, européens ou d’ailleurs, l’on assiste à une dérive autoritaire inquiétante de la part des pouvoirs publics. Elle est causée par la crise du système néo-libéral et notamment par des politiques publiques très impopulaires car austéritaires. Au motif de la lutte anti-terroriste, anti-casseurs, contre les migrations illégales, une législation liberticide a été progressivement élaborée. Dans les faits, elle entrave les mobilisations pacifiques du monde du travail, des citoyen-nes ainsi que le quotidien des jeunes des quartiers populaires. Cette politique s’effectue en complicité avec les médias dominants (manipulation de l’opinion sur le leitmotiv sécuritaire) et avec l’extrême droite (avec un partage des rôles en matière de maintien de l’ordre et sur le plan électoral).

Une intensification de la répression
est enregistrée depuis le mouvement étudiant et lycéen (contre la loi ORE et Parcoursup) en 2018, et depuis le début de la mobilisation des Guilets jaunes (en novembre 2018). Ainsi, des milliers de jeunes et citoyenn-ne-s sont actuellement blessé-e- s en manifestation par les forces de l’ordre, souvent grièvement (Jérôme Rodrigues…), sont poursuivi-e-s en justice et condamné-e-s à des peines également inadmissibles (Antonin Bernanos...), exclu-e-s administrativement (fonctionnaires, syndicalistes comme Gaël Quirante des postiers 92)….Des morts tragiques de victimes collatérales sont enregistrées : Zineb de Marseille, Steve de Nantes...

L’emploi d’armes meurtrières par les forces de l’ordre françaises fait l’objet de condamnations internationales, de la part du Défenseur des droits, de l’ONU, du Parlement européen, du Conseil de l’Europe… En l’absence de pondération, une telle politique de « maintien de l’ordre » ne peut que favoriser la progression de l’extrême-droite, déjà inquiétante.

Une déclinaison de cette dérive s’observe en termes d’autoritarisme administratif dans la Fonction publique et singulièrement dans l’Education nationale. Ainsi, le mouvement spontané "#Pas de vague" de l’automne 2018 exprime le refus des pressions administratives et des violences à l’Ecole. La rentrée scolaire 2019 a été endeuillée de manière inédite par des suicides ou des passages à l’acte désespérés de personnels isolés dans leur exercice professionnel (Christine Renon directrice d’école syndiquée au SNUIPP, un professeur de Clermont-Ferrand, un étudiant lyonnais de Sud Solidaires...). Un hommage circonstancié est à rendre à ces collègues et jeunes qui attirent notre attention sur la gravité de la situation.

II- Propositions d’action

Une résistance collective est à alimenter sous l’angle d’une campagne en défense des conditions de travail (associée au refus de l’accroissement des inégalités scolaires, entre autres paramètres).

Dans le secondaire, les conclusions du rapport du SNES sur le métier (9 à 10000 réponses) devraient être diffusées, dans le cadre notamment de réunions d’établissement (S1), si possible intersyndicales, qui listent les problèmes individuels et collectifs relatifs aux pressions administratives et aux violences de certains publics.
Proposition également :
- de négocier auprès des directions d’établissement la résolution de ces problèmes
-de faire remonter les statistiques du mal-être enseignant et des personnels d‘éducation aux instances académiques et nationales des syndicats corporatifs et de la FSU
- d’édifier à l’échelle nationale un programme de remédiations, à médiatiser largement, à discuter avec d’autres (con)fédérations et syndicats pour une plate-forme unitaire, et à négocier auprès du ministre.

Une campagne de reconquête du terrain professionnel et de l’opinion sur le thème du refus de la violence politico-étatique et scolaire et à partir de ce programme de remédiations. Les corporations enseignantes et éducatives sont légitimes pour élaborer en faveur du respect des droits de l’homme et des acquis démocratiques, censés être un apanage de la France. Le respect des conditions de travail et de l’intégrité des personnels est également une condition d’un vivre ensemble acceptable, au plan inter-catégoriel et inter-générationnel.

Une contribution conséquente à la constitution d’une coordination nationale anti-répression (policière, judiciaire, administrative...), pérenne et décentralisée, alimentée par des organisations volontaires du mouvement social et écologique, des associations de défense des victimes des quartiers populaires et des migrant-e-s, de citoyenn-ne-s et de militant-e-s, notamment de syndicalistes, des observateurs des pratiques policières (OPP/LDH), des street médics…

Un soutien significatif au mouvement historique des Gilets jaunes qui, en dépit d’une organisation de terrain horizontale, réussit à tenir tête au pouvoir depuis un an, sur la question des inégalités structurelles, de type socio-économique. Cela au prix de sacrifices humains qui ne doivent plus perdurer en l’état.

Sur ces bases, défense du paritarisme démantelé dans la loi sur la Fonction publique et des libertés pédagogiques. Et mise en exergue des projets éducatifs de la FSU et de ses syndicats, en opposition aux contre-réformes destructrices du ministre JM Blanquer.