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Analyse concrète d’une réalité concrète (Raymond Millot)

dimanche 29 avril 2012, par Commission Enseignement-Recherche

ANALYSE CONCRETE D’UNE REALITE CONCRETE

QUELQUES SIGNAUX D’ALARME

Les « 150 000 jeunes qui sortent chaque année du système éducatif sans diplômes », l’humiliant classement PISA qui souligne le caractère très inégalitaire de l’école, le pourcentage alarmant d’élèves entrant en 6ème sans maîtrise suffisante de la langue écrite, la souffrance des écoliers et des collégiens, l’irrespect mutuel professeurs/élèves, l’absence de dialogue avec les familles, etc…

DES APPELS…

Partant de tout ou partie de ces signaux et dans la perspectives des élections de 2012, les appels se succèdent.

ATD Quart-Monde prenant le parti des plus défavorisés semble croire qu’un dialogue école parents, en permettant à ces derniers de comprendre les objectifs et de s’y associer, assurera « la réussite de tous ».
L’AFEV qui s’efforce d’aider les jeunes des « quartiers » en difficulté, est bien placée pour s’inquiéter devant « le nombre très important d’enfants en situation de souffrance » et appelle à « repenser le système éducatif français (…) afin que chaque élève en sorte avec les compétences nécessaires pour son futur parcours ». Le « pacte national » qu’elle propose « se concentre sur la question de l’échec scolaire ».
La FNAREN (associations de rééducateurs ») estime que « que l’école ne peut plus remplir sa mission de faire réussir tous les enfants qu’elle reçoit ». Pour son « comité scientifique » il serait, en fait, impossible de « prétendre commencer à lutter de manière efficace contre l’échec scolaire avant au moins trois années » si l’on « ne revenait pas sur la suppression des postes d’enseignants », « et notamment ceux des RASED et de l’enseignement spécialisé » . L’esquisse d’une école « humaniste » précède un appel pour des Assises Nationales ou des Etats Généraux de l’Education visant la « refondation de l’école républicaine ».

L’Appel de BOBIGNY qui a précédé tous les autres, est le fruit d’un travail collectif réunissant la plupart des mouvements d’Education Populaire et Pédagogiques, des syndicats enseignants et généralistes…..Il a entrepris de repenser le système d’une manière plus approfondie que ses successeurs, et il propose un grand nombre de mesures en rupture avec le fonctionnement actuel du système éducatif . « Quel citoyen veut-on préparer ? Quelle capacité à vivre ensemble dans une société solidaire et plus juste voulons-nous forger ? Quelles connaissances, quels savoirs, quelles compétences et quelles qualifications seront indispensables aux jeunes pour cela ? Quelle place auront-ils dans la construction de leur propre avenir ? »,
Cet appel affirme « Au quotidien, nous travaillons, innovons, cherchons des solutions concrètes pour la réussite, l’épanouissement des enfants et l’émancipation des jeunes ». Ces innovations, ces solutions ne sont cependant pas aussi visibles que le laisseraient espérer le nombre et la qualité des signataires…
L’Appel de Bobigny est relayé par le Réseau Français des Villes Educatrices

ELEMENTS D’UN CONSENSUS POLITIQUE…
Droite et gauche s’accordent pour estimer qu’il faut 80% de bacheliers, 50% niveau licence, pour être « compétitifs » dans « l’économie de la connaissance ».
Lutter contre l’échec scolaire semble donc faire l’unanimité. A cet effet :
 la droite a des moyens : elle bénéficie des écoles, collèges, lycées, de qualité du centre ville ou des quartiers résidentiels, des établissements privés, des cours particuliers, des relations. A défaut elle préconise la restauration de l’autorité magistrale, la mise en apprentissages des élèves qui font baisser le niveau, le rétablissement de l’examen d’entrée en 6ème. Ses soutiens les plus résolus sont très peu concernés par le sujet, leurs enfants étant par définition « les héritiers ».
 la gauche poursuit le rêve de la « réussite de tous ». Elle évoque encore l’égalité des chances tout en prenant peu à peu conscience qu’il s’agit d’une imposture. Elle défend toujours le collège unique tout en sachant qu’on en contourne les intentions (les filières, les dérogations, etc.), elle prône la mixité sociale tout en sachant qu’elle est dépendante de l’implantation géographique et elle n’ose utiliser les moyens disponibles d’une manière radicalement inégalitaire. Elle continue d’évoquer le savoir émancipateur sans en redéfinir la nature et sans diversifier les voies d’accès.
A droite comme à gauche, la pédagogie a mauvaise presse. La transmission des savoirs est un objectif et une procédure qui ne peuvent être discutés. La neutralité des savoirs et des modes de transmission ne font l’objet d’aucune mise en doute. Elever le niveau de la formation générale des enseignants (bac + 5, masterisation) semble un objectif incontestable, la gauche entend rétablir un minimum de formation, et ne pose pas le problème des compétences.
L’Education Nationale (maigre héritage du plan Langevin Wallon) ne diffère pas beaucoup de l’Instruction Publique de la 3ème République.

LES REALITES DU MONDE MODERNE
Les trente glorieuses ne reviendront pas. Les parents n’osent plus dire « travaille bien à l’école pour avoir un bon métier », l’ascenseur social, c’est fini même quand on obtient un diplôme. Les relations deviennent déterminantes, la reproduction sociale se renforce, le pourcentage d’élèves de milieu populaire dans les grandes écoles diminue et on est à la recherche d’artifices pour ralentir le processus.
Selon John Marsh (Le Monde Diplomatique janvier 2012) « l’école ne peut pas tout » les chercheurs américains estiment que « …Au mieux, l’éducation compte pour 15% dans les résultats des élèves ; leur environnement socio-économique pour environ 60%. ». D’où la conclusion : « pour que les enfants pauvres réussissent mieux à l‘école, il faut avant tout les aider à sortir de la pauvreté. »
De plus : « si l’éducation parvenaient à gommer les effets des origines sociale (…) elle ne pourrait modifier le marché du travail (…) Selon le Bureau des statistiques du travail américain, d’ici 2018, seul un emploi sur quatre nécessitera un diplôme universitaire (…) Pour quel type d’emploi recrutera-t-on le plus d’ici 2018 aux Etats –Unis ? Caissier. Le deuxième sur la liste ? Vendeur. Le troisième ? Serveur. Le quatrième ? Conseiller clientèle. Les trois suivants ? Infirmier, préparateur alimentaire, employé de bureau. Aucun de ces emplois ne nécessite de licence universitaire ».
Ce qui découle de la situation et des choix de société. La croissance, présentée comme la seule alternative pour sortir de la crise, repose sur la relance de la consommation qu’on entend stimuler par la mise sur le marché de nouveaux produits, souvent inutiles, le lancement de nouvelles modes. Situation qui ne peut durer compte tenu de la raréfaction des ressources et de l’énergie, des déchets qui s’accumulent, de la pollution (etc.) mais qui permet, provisoirement, de compenser la baisse tendancielle du taux de profit.
Le système capitaliste, et au moins sa forme néo libérale, semble arriver au bout de sa logique…

EDUCATION… DE QUOI PARLE-T-ON ?

John Marsh a démontré que la déclaration d’Obama « l’éducation est le facteur le plus décisif pour déterminer si un enfant va réussir dans la vie ou non » est illusoire en terme de lutte contre les inégalités. Mais qu’est-ce que « réussir » ?
« Zéro sortie du système éducatif sans qualifications reconnues. ». Cet objectif généreux de l’appel de Bobigny reste dans la logique de l’école de Jules Ferry qui avait mission d’assurer à la révolution industrielle la main-d’œuvre (et de la formater) dont elle avait un besoin impératif. Les objectifs du système restent donc essentiellement utilitaires et le formatage se poursuit (parfois difficilement)…

En revanche, on ne peut qu’approuver l’intention d’Obama de « tout faire pour donner à chacun la meilleure éducation possible ». Mais qu’entend-on par « éducation » ?
En France, ouvrir le débat n’a jamais été facile. L’idéologie dominante élaborée par Jules Ferry (cf. « L’Ecole de Jules Ferry » de Jean Foucambert) règne encore à gauche (cf. « De notre servitude involontaire » d’Alain Acardo) De plus, depuis une décennie, « L’école de la République » subit des agressions qui suscitent des réactions de défense compréhensibles.
En 1987, évoquant « le chantage à l’école privée », Jean Foucambert écrivait « Dès que des avancées dans l’école et des conditions politiques plus favorables font redouter un détournement de l’institution sur des positions plus transformatrices, la mobilisation contre une menace scolaire émanant des forces conservatrices oblige la gauche à défendre l’école telle qu’elle est, et, face au danger, à cesser d’abord de la contester »
La situation actuelle rend en effet difficile de « contester l’école », d’en discuter les fondements, les objectifs, la philosophie, les méthodes, la place dans la société.
La gauche, celle que regroupe l’Appel de Bobigny, s’est longtemps contentée du bon fonctionnement de l’ascenseur social sans s’interroger sur ses effets délétères, sur son rôle dans la reproduction sociale.
Il est encore difficile de mettre en question la fragmentation et le compartimentage des savoirs, les conditions de l’apprentissage, de contester l’individualisme, la compétition, la méritocratie, de dénoncer les prétentions mensongères - égalité des chances, neutralité politique, collège unique…

Il est difficile aussi de s’interroger sur la nature des grandes intentions, l’épanouissement, l’émancipation et sur les moyens de les réaliser.
Dès que l’Appel de Bobigny a été publié, nous avons émis sur un blog (Mediapart) « trois remarques » que Claude Lelièvre avait qualifiées de « positives ». L’une des trois a trait à ces intentions :

« La réussite, l’épanouissement, l’émancipation des jeunes » sont des objectifs que personne ne discute. Quand on quitte le domaine des idées généreuses, et qu’on tente de les atteindre, ils ont un prix. Non pas en termes de moyens matériels mais en termes de temps.

La réussite (de tous) passe par des situations d’engagement dans des projets ambitieux, par l’entraide, le tutorat, la mise en action d’une véritable coéducation, le passage d’une pédagogie d’alphabétisation à une pédagogie de « lecturisation » (pédagogie de la lecture experte), du calcul à la mathématique, toutes actions qui demandent du temps et dont les effets sont à moyen et long terme et qui nécessitent un maximum de continuité.
L’épanouissement ne se produit pas à l’aide de leçons, mais dans des situations, des activités qui permettent aux enfants de construire leur personnalité, de composer avec leur culture familiale, de se socialiser par la coopération… Il faut là aussi du temps d’autant plus que la consommation, le désir d’immédiateté, le stress font partie du mode de vie « moderne ».
L’émancipation implique que les problèmes de la vie en société, de la vie de la collectivité scolaire, de la vie personnelle puissent faire l’objet d’une réflexion collective qui permette déconstruction et reconstruction des représentations, fasse naître des projets de transformation sociale et personnelle. Il faut encore du temps.

Les militants pédagogiques, comme les pédagogues qui travaillent avec les adolescents « décrocheurs », s’efforcent de transformer ces objectifs en motivation pour acquérir les savoirs indispensables ou considérés comme tels par les évaluations, les examens. Ce qui ne figure pas dans les manuels et coûte beaucoup de temps aux éducateurs.

L’appel de Bobigny semble faire l’impasse sur ce sujet, sur lequel ont butté et buttent encore les innovations (…).

L’appel de Bobigny souhaite, à juste titre, rompre avec la compétition, entend développer des compétences, des comportements et des savoirs, et de plus, en tenant compte des rythmes biologiques qui eux aussi demandent du temps pour être respectés.

La logique voudrait que ce problème du temps soit soulevé et abordé dans les débats projetés.
Puisqu’il s’agit de proposer « des perspectives concrètes et positives pour l’éducation » on pourrait même émettre l’hypothèse qu’il faut impérativement deux années de plus si l’on entend réellement « garantir à tous les jeunes, à l’issue de la scolarité au collège, la maîtrise évaluée des éléments (connaissances, compétences, savoir-être, et savoir-faire) indispensables à l’accès et à la réussite dans les enseignements diversifiés du lycée et à l’objectif « zéro sortie du système éducatif » sans qualifications reconnues, à l’accès à la citoyenneté. »

Tout le monde se réjouit de l’augmentation impressionnante de la durée de vie : ces deux années consacrées à l’éducation constitueraient un investissement éminemment rentable ! » .

L’ECHEC, QUEL ECHEC ?

Les différents Appels et plus particulièrement celui de Bobigny par le biais de leurs propositions (1) décrivent en creux (il ne faut pas culpabiliser) les causes de « l’échec scolaire ».

Les sociologues sont plus explicites, ainsi Dubet et Duru-Bellat dénoncent « l’hypocrisie scolaire » d’un système où massivement « les élèves en échec oscillent entre la violence et l’apathie parce que l’école les enfonce dans une image négative d’eux-mêmes et les autres, ceux qui travaillent bien, ne semblent guère plus intéressés par leurs études : ils ne travaillent que pour la note »…

Alors qu’une mobilisation semble s’opérer contre l’échec scolaire, c’est « l’échec éducatif » qu’il faudrait combattre puisque c’est le goût et le besoin d’apprendre que le système détruit, tout en humiliant une minorité importante d’écoliers et de collégiens (2)

Si ce combat n’est pas entrepris, il est également « hypocrite » d’invoquer l’épanouissement et l’émancipation, dont il faudrait préciser le sens que l’on donne à ces objectifs et les moyens qu’on se donne pour les atteindre.

CHANGEMENT DE PARADIGME…

Même si les problèmes de la planète, l’écologie, l’épuisement des ressources, le réchauffement, la démographie galopante, la faim dans le monde semblent éclipsés par l’endettement et les exigences « des marchés », ils continuent de menacer l’avenir de l’humanité. « La croissance » telle qu’elle est souhaitée ressemble à la quête d’un paradis perdu qu’un « zéro sortie du système éducatif sans qualifications reconnues. » ne fera pas retrouver.
Si l’on veut faire face à l’avenir, l’éducation devra jouer un autre rôle que celui organisé par Jules Ferry et ses successeurs.
La croissance qui reste possible et souhaitable est celle de techniques, d’initiatives, d’innovations visant à économiser, à reconvertir l’agriculture, certaines industries, à relocaliser, à viser un maximum d’autosuffisance (etc. etc.). « L’économie de la connaissance » s’imposera à cet effet et non plus en tant que moyen de doper la « compétitivité » dans le vain espoir de retarder la fin des privilèges du monde occidental. Elle ne devra plus reposer sur un système précocement sélectif et socialement catastrophique mais au contraire sur une éducation développant très tôt et massivement l’esprit de recherche, la créativité et une conscience « politique » des enjeux.

Ce changement qui s’opère aussi en terme d’ère géologique (nous sommes depuis les premiers temps de la révolution industrielle entrés dans « l’ère de l’anthropocène ») est lourd de menaces. De nombreux savants, philosophes et acteurs politiques appellent à l’action pour éviter la catastrophe prévisible.
Il est aujourd’hui clair que le monde (société et planète) où nos enfants vont grandir ne peut plus associer la notion de « progrès » à l’accroissement sans limite de biens et de satisfactions matérielles. Le progrès consistera à reconvertir les industries, à reconstruire une agriculture paysanne respectueuse de la terre, à inventer des circuits courts de distribution, des techniques de dépollution, à repenser l’urbanisation, généraliser l’autonomie énergétique de l’habitat, etc.
Mais surtout il faudra retisser le lien social, reconsidérer le travail, la place du bénévolat, de la vie associative, du militantisme, développer l’économie sociale et solidaire, il faudra s’attaquer aux inégalités, coopérer avec les pays défavorisés, et en conséquence s’opposer à la course au profit, mettre en cause le capitalisme.
Les nouveaux savoirs, les compétences nécessaires à cette situation inédite, en rupture avec la marche conquérante de l’humanité ne peuvent figurer dans des programmes, être « transmis ».

UN COMBAT QUI S’IMPOSE …

« L’espoir des opprimés de retourner ce savoir (de la classe dominante) pour en faire un instrument de libération est une illusion aussi profonde que de s’en détourner. Il n’y a rien à gagner à le recevoir, il y a tout à perdre à l’ignorer… Ce qui est essentiel, ce n’est ni la manière dont les savoirs se transmettent, ni la quantité de savoirs existants que les dominés pourraient s’approprier, mais les conditions dans lesquelles des savoirs nouveaux vont être produits au plan individuel comme au plan social…Le problème fondamental n’est pas l’accès au savoir mais l’accès à la production du savoir. »(Jean Foucambert opus cité)

On peut concevoir que les impératifs de la situation nécessitent la « production de savoirs nouveaux » et se prête à la promotion d’une réelle éducation émancipatrice concernant tous les enfants.
Impliquer les enfants, la jeunesse dans des projets en prise avec les réalités permettra de développer l’esprit d’analyse, de recherche, de prendre conscience de la complexité, des contradictions, des obstacles, des luttes nécessaires, conduira à utiliser toutes les sources de savoir et de culture, d’inventer et instituer d’autres modes de vie en commun, de rapports adultes -enfants, enseignants -élèves…

Un appel qui n’a pas été évoqué, contemporain de l’appel de Bobigny, s’est inscrit dans cette perspective. Le moment historique de sa rédaction se situait dans l’effervescence qui a précédé la rencontre de Copenhague et portait à croire qu’un « pacte éducatif » pourrait rassembler toutes celles et ceux se préparant à faire face, sur tous les fronts, aux difficultés à venir, ne se résignant pas à la catastrophe annoncée. Les militants qui l’ont rédigé ont défini les contours de ce projet et l’imaginent dans le cadre d’une « Société Educatrice Décentralisée » sur la base d’expériences significatives. Les signatures ont d’abord afflué puis se sont taries, la faillite scandaleuse de Copenhague a laissé naître d’autres préoccupations, d’autres urgences ont accaparé l’opinion... Un collectif de militants continue à le faire connaître dans les associations et partis qui ouvrent le débat sur l’éducation. Il gère un site :www.pacte-educatif.org, en l’attente de la reprise d’un combat qui ne peut manquer…

Raymond Millot 24 avril 2012

(1) En ANNEXE : un relevé - des propositions nombreuses, et souvent en rupture, que présente l’appel de Bobigny et qui méritent d’être prises en considération dans les divers débats.
(2) Ce 24 avril 2012 une politologue spécialiste de l’extrême droite, Nonna MEYER, constate que « depuis 1984, la même tendance de fond est à l’œuvre : plus le niveau d’instruction est bas, plus la probabilité de vote pour le FN est élevée ». Certes le « niveau » est objectivement significatif, mais l’exclusion qui en résulte et la somme d’humiliations qui l’accompagne donnent de meilleures explications !

ANNEXE extraits classés de l’Appel de Bobigny

1/ LE FONCTIONNEMENT ET L’ORGANISATION DE L’ETABLISSEMENT

1.1 - le travail en équipe,

1.2 - faire prévaloir l’organisation et la logique des cycles et donc de supprimer les redoublements

1.3 - un véritable projet éducatif d’école ou d’établissement et d’équipe, l’implication et la coopération éducative de tous les adultes

2/ LES OBJECTIFS

2.1 - la réconciliation entre perspectives individuelles et collectives, entre épanouissement personnel et intérêt général

2.2 -nous adhérons à la notion de culture commune, c’est parce qu’un savoir de base est nécessaire pour faire vivre notre démocratie et que l’école doit viser à la réussite de tous, dans un esprit de solidarité et non de compétition. La question de l’évaluation des élèves doit être posée clairement, avec l’objectif d’améliorer la réussite de tous.

2.3 - L’évaluation doit valoriser la réussite et l’engagement, l’effort plutôt que sanctionner l’échec, et doit prendre en compte l’erreur comme une étape de la construction du savoir

2.4 - le passage à l’action en faveur de l’éducation à l’environnement et au développement durable

2.5 - renforcement de la démocratie et de la construction d’une société du mieux être, du mieux vivre (Patrick Viveret).

3/ LA PEDAGOGIE

3.1 - - la construction de projets éducatifs globaux sur tous les temps de l’enfant

3.2 - le respect de ses rythmes de vie et d’apprentissage
Pour améliorer les rythmes de vie et de travail des enfants et des jeunes, très rapidement il faut un cadre national, décliné dans les projets éducatifs de territoire et les projets éducatifs
d’établissement. Il doit prendre en compte les préconisations de l’Académie de médecine à propos de l’école primaire

4/ LA DECENTRALISATION

4.1 - la mobilisation des parents dans une démarche de coéducation, sur tous les acteurs de l’éducation populaire, du champ culturel et sur les travailleurs sociaux

4.2 - Nous voulons et nous devons nous appuyer sur des villes, des départements et des régions assumant la priorité à l’éducation et engagés dans des démarches de « territoires apprenants » ou de villes éducatrices et mobiliser tous les acteurs de l’entreprise et leur potentiel de formation et d’insertion en relation avec le service public.

5/ L’ETAT, LA LOI

5.1 - reconnaissance nationale par la loi des Projets éducatifs de territoire, souples, coordonnés le plus souvent par la commune ou l’intercommunalité selon leur taille et leur capacité à mobiliser les ressources éducatives du territoire et tous les acteurs.

5.2 - que l’État joue tout son rôle de garant de l’équité à travers des mécanismes de péréquation entre territoires et oriente d’abord les moyens supplémentaires vers l’école primaire et le collège.

5.3 - il faut un cadre national, décliné dans les projets éducatifs de territoire et les projets éducatifs d’établissement. Il doit prendre en compte les préconisations de l’Académie de médecine à propos de l’école primaire. Il faut donc alléger la journée et l’adapter aux temps favorables aux apprentissages, garantir la pause méridienne, refuser la semaine de 4 jours et prioriser un rythme annuel alternant 7 semaines scolaires et 2 semaines complètes de vacances intermédiaires, définir un volume annuel d’heures d’enseignement et adapter à ces objectifs la durée et l’organisation des vacances d’été.

5.4 - Un contrat de confiance entre la Nation et les professionnels de l’école, en premier lieu les enseignants, doit garantir leur autonomie professionnelle, définir leurs missions et leurs objectifs

6 /LES CONCLUSIONS

6.1 - Pour favoriser la définition et l’impulsion d’un véritable projet éducatif d’école ou d’établissement et d’équipe, l’implication et la coopération éducative de tous les adultes, professionnels et parents, partenaires associatifs de l’éducation populaire, du sport et de la culture du territoire, la logique de coéducation et l’évaluation partagée de ce projet,
6.1.1 - la structure et le fonctionnement des écoles primaires et des collèges devront changer et s’adapter à ces objectifs et à cette dynamique nouvelle.
6.1.2 - Cela nécessite une formation adaptée des enseignants.
la formation initiale et continue rénovée
5.3.3 - Cela exige de refonder les modalités d’évaluation

6.2 - Nous voulons et nous pouvons nous appuyer, pour le transformer, sur le service public laïc d’éducation de la maternelle à l’enseignement supérieur et sur ses personnels

6.3 - Un contrat de confiance entre la Nation et les professionnels de l’école, en premier lieu les enseignants, doit garantir leur autonomie professionnelle, définir leurs missions et leurs objectifs et les reconnaître dans la redéfinition de leurs services, incluant la formation continue et le travail en équipe dans le respect de leurs statuts nationaux et de leurs conditions de travail.