Accueil > Commission démocratie > Textes de la commission démocratie > Affaire Macron-Benalla : non à l’impunité des violences policières
Affaire Macron-Benalla : non à l’impunité des violences policières
vendredi 31 août 2018
Oui à une véritable démocratisation institutionnelle
De nombreux acteurs, journalistes, juges, syndicats de policiers (CGT), élu-e-s, citoyen-ne-s…ont concouru activement à l’élucidation des responsabilités dans ce grave dysfonctionnement au sommet de l’Etat.
Vidéos, témoignages, aveux…tout montre en effet que des éléments d’une police parallèle, en cheville avec certains policiers eux-mêmes, créent des désordres en jouant la provocation pendant ou après les manifestations, ce qui permet au pouvoir de déconsidérer les luttes sociales auprès du public, et secondairement de décourager des manifestants potentiels. Cette stratégie fascisante à terme, que ne démentirait pas l’extrême-droite, facilite la mise en place des politiques antisociales du pouvoir, malgré l’opposition d’une majorité de citoyens.
Les violences policières sont ainsi mises au grand jour, que ce soit lors des manifestations sociales depuis la COP 21 et la loi El Khomry, lors d’évènements divers (trois blessés grièvement par les forces de l’ordre le 15 juillet après la victoire des Bleus à Lyon, Grenoble ou Paris), ou lors de contrôles de polices à répétition envers les jeunes des quartiers (encore trois blessés à Villeneuve-la-Garenne le 17 juillet). L’état d’urgence imposé au pays au prétexte de la "guerre contre le terrorisme" participe de cette dérive très inquiétante pour l’État de droit.
Une certaine justice condamne de manière expéditive les victimes à de lourdes peines comme deux jeunes d’Othis récemment... et prend tout son temps pour éclaircir les responsabilités lorsqu’un interpellé meurt étouffé par la police comme Adama Traoré.
Comme l’a rappelé le collectif des associations de victimes lors de la marche du 22 juillet à Beaumont sur Oise, la lumière doit être faite sur toutes les violences policières, et tous les responsables écartés et condamnés. La justice ne doit pas être à deux vitesses, les pauvres comme les riches doivent être jugés dans la sérénité après une enquête sérieuse et dans des délais raisonnables.
Si la faute est avérée, si des avantages indus ont été octroyés à Benalla après l’information reçue de sa dérive, les plus hauts responsables de cette politique – ministres ou président - doivent démissionner.
Les premières réactions après les révélations des médias sont à la mesure de l’événement : enquêtes judiciaires et mises en examen, deux commissions d’enquête parlementaire largement médiatisées pour établir les responsabilités gouvernementales, deux motions de censure, licenciement de Benalla par l’Elysée et autres sanctions internes…Mais ce n’est qu’un début, réalisé sous la pression de l’indignation populaire. Le mouvement social doit permettre de poursuivre le ménage dans l’appareil d’État en imposant la fin des polices parallèles et privées, ainsi que l’abrogation de la loi Sécurité intérieure (octobre 2017), qui a rendu permanent l’état d’urgence. C’est le moment aussi de la contre offensive judiciaire du mouvement social, des victimes et de leurs avocats par une constitution en partie civile des victimes des violences policières lors de manifestations pacifiques.
A l’heure où le Parlement a bloqué le débat sur le projet de modification de la Constitution et de réforme institutionnelle (encore un projet de renforcement des pouvoirs du président de la République), nous devons aussi réclamer la convocation d’une Assemblée constituante. Afin d’en finir avec ce cadre institutionnel anachronique qui permet de tels agissements sans contrôle suffisant, y compris par les parlementaires élus du peuple, et dont les crises à répétition depuis des décennies (affaires du SAC de Pasqua, des Irlandais de Vincennes, des écoutes de l’Élysée sous Mitterrand, affaires Sarkozy, Cahuzac, Fillon, récemment l’affaire Kohler, qui concerne les connivences du pouvoir et de Bercy avec la finance et les transnationales...) traduisent l’urgence d’une démocratisation en profondeur de notre République.
Adhérent-e-s ou membres de la commission Démocratie (Attac France) signataires
Guillaume Ageorges- Michèle Bailet- Francis et Monique Bernard- Martine Boudet-Germain Buffeteau- Alain Coudert- Christian Delarue- Monique Demare- Mireille Demelin- Régis Essono- Laurence Gauthier- Susan George- Robert Joumard- Clément Jourdain- Claude Layalle- Fred Licciardi- Margaret Méchin- Isabelle Michaud- Martine Monier- Jeanne Parreau- Laure Pascarel- Evelyne Perrin- Carl Pivet- Xavier Robert- Christiane Rochas- Philippe Rossignol- Pierre Ruscassie- François Schalchli- Jacques Testart- Edwige Thaille- Jean-Michel Toulouse- Jean-Paul Vanhoove - Raymond Zaharia