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Contre un césarisme antidémocratique, une constituante

Et pour la Constituante et la démocratie, tous et toutes dans la rue ! Faut aller la chercher, la conquérir !

samedi 7 septembre 2024, par Christian Delarue, Jean-Luc Picard-Bachelerie, Jeanne Parreau, Martine Monier, Monique Demare

Ce conseil lancé il y a quelques années par Alain Duhamel fut écouté : «  Il faut qu’Emmanuel Macron se représidentialise, voire qu’il se rebonapartise.  » (03/10/2018 sur RTL) ! Diable ! Alain Duhamel voulait ainsi inverser le processus de démocratisation de la "démocratie réellement existante" au lieu de le poursuivre. Entreprise réactionnaire !

Emmanuel Macron s’est mué au fil des ans en Bonaparte pratiquant ce qu’on a pu appeler jadis un "césarisme démocratique » (1 ) oxymore dans lequel l’élément démocratique est de plus en plus faible et l’élément autocratique renforcé car il y a bien des élections - sans trucage comme dans les démocratures (autre oxymore) - mais Macron se moque du résultat en nommant une personnalité issue d’une formation minoritaire (que 5,4% des voix le 7 juillet dernier) ! Il s’est moqué du peuple démocratique (celui de gauche surtout) tout l’été ! Il a perdu toute légitimité. La colère est là !

Du démocratique à l’économique et au social !

Au lieu de nommer Julie Castets il a remplacé Gabriel Attal par Michel Barnier connu comme grand serviteur des classes sociales dominantes. Tout comme Macron, qui ne voulait pas d’une Première ministre de gauche favorable à la résorption de l’écart entre les très riches et le peuple. Le sacro-saint fétichisme de l’Économie dominante s’y opposait.

Emmanuel Macron dispose autour de lui d’une "gouvernance oligarchique" avec une armée d’ experts choisis pour faire pièce au Parlement - phénomène analysé jadis par Dominique Rousseau (2 ) - mais aussi pour contrôler le Premier ministre (lire Cécile Duflot en 3 ) et notre César peut se comporter ainsi en chef de "start-up nation », un César que l’on sait tourné vers la finance actionnariale qui nourrit tant la classe financière (4) à haut niveau de dividendes et ce au détriment de toutes les classes sociales populaires au sein des 99%. Il faut bien souligner encore que son césarisme est aussi classiste (5) tout en soutien de classe des rentiers du 1% et de leur prédation !

Les droites conservatrices de l’ordre inégalitaire trouvent toujours des motifs pour plus d’autorité contre le peuple, lequel, comme du temps de Debré, n’est pas là pour délibérer en citoyen mais pour passer du travail salarié assidu - sans RTT - au canapé du soir avec "télévision Bolloré" . Les appareils d’influence idéologique qui dominent la société incitent à croire que son voisin chômeur indemnisé est plus nuisible que l’actionnaire du 1% qui vampirise le pays ! Et on s’étonne que des pro-RN regardent aussi bien vers le bas (le voisin ) que vers le haut (le bénéficiaire de gros dividendes) ! Ce qu’on nomme "conscience triangulaire" (cf. commentaire).

Renouer avec la démocratisation

Emmanuel Macron est donc bien un César surplombant avec mépris d’une démocratie délégataire dont nul ne cherche sa transformation. Des solutions de démocratisation avec pouvoirs aux citoyens sont à proposer pour valider un triptyque d’émancipation : le démocratique, le social, l’écologique ! Il revient à une Constituante d’en discuter.

Relevons qu’il y a des risques sociaux pour ce coup de frein droitier du président en mode autocrate : C’est qu’une large fraction de la population instruite de la chose démocratique - nous ne sommes plus au XIXe siècle - voulait tout le contraire, soit continuer à démocratiser les institutions et la société, en approfondissement (avec plus de pouvoirs démocratiques réels) et en extension (au-delà du champ politique traditionnel) . La question des mandats, et pas seulement la limitation des cumuls horizontaux (ici et là) ou verticaux (exemple : 3 X 3 ans ou 3X 5 ans) doit être posée dans une Constituante : le mandat contraignant aussi (où et quand imposer un mandat-contrôle ? - à débattre). Il faut aussi débattre du référendum d’initiative citoyenne : le RIC.

Nous suivons là André Bellon pour qui cette démocratisation passe par une Constituante élue au suffrage universel (6). Nous (7) qui avions complété le propos de Dominique Rousseau en automne 2023 (renvoi 7).

1) "C comme Césarisme démocratique" (développé dans un Que sais-je ? ancien sur le bonapartisme de feu Frederic Bluche)

2) Dominique Rousseau évoque une "sorte d’oligarchie" dans Libération mais pas spécifiquement pour Macron : son texte est de 2007.

3) Lire le texte sur Médiapart de Cécile Duflot

4) Classe financière (ou rentière)

5) C comme classisme

6) André Bellon, spécialiste de la Constituante. Ici je cite deux textes de lui dont un date de 2014 : ici et . On a une récidive car André Bellon rappelle dans son texte d’avril 2014 "l’offense faite au suffrage universel par la signature, le 13 décembre 2007, du traité de Lisbonne, jumeau du TCE rejeté par les Français (et les Néerlandais) qui a néanmoins frappé les esprits".

7) Nous : Pour les membres d’ATTAC Démocratie une "démocratisation de notre démocratie césariste est nécessaire". lire ce texte de 2023, et sur le RIC.