C’est quoi la compétitivité ?

C’est quoi la compétitivité ?

C’est la capacité des entreprises à maintenir de la création de valeur économique au sein d’un environnement concurrentiel.

Qui définit la valeur économique ? C’est l’employeur qui impose sa définition. Dans une économie marchande dominée par le capital, la valeur doit générer du profit pour l’employeur et les actionnaires. Le travailleur ne peut que lutter, à l’intérieur de cette définition, pour augmenter sa part de la valeur économique perçue sous forme de salaire direct net et de salaire socialisé ( le salaire socialisé, c’est les cotisations sociales que les employeurs s’acharnent à appeler des "charges sociales" alors qu’elles ne sont qu’une partie du salaire total arrachée à la valeur pour l’actionnaire ).

Qui définit l’environnement concurrentiel ? C’est le politique. C’est lui qui dit ce qui relève du marché concurrentiel et ce qui n’en relève pas. Pour le secteur marchand, c’est lui qui en fixe les règles de la concurrence.

Dans une Union européenne ouverte à tous les vents de la concurrence libre et faussée de part en part, la compétitivité devient la compétition pour la baisse des salaires et des cotisation sociales. La compétitivité et la concurrence servent alors à justifier, pour la maintenir, la domination de l’éternelle loi du capitalisme qui vise à baisser la valeur économique pour les travailleurs et les assurés sociaux au profit exclusif de la valeur pour les actionnaires.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre le rapport de Louis Gallois sur la compétitivité.

C’est dans ce contexte qu’il fallait lire le rapport Attali sur la "libération de la croissance".

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre le "pacte pour la compétitivité, la croissance et l’emploi" présenté le 6 novembre 2012 par Jean-Marc Ayrault, premier ministre.

Ce plan veut faire payer le contribuable, à travers l’augmentation de la TVA, pour qu’il vole au secours d’une politique d’ouverture du capital, politique de la concurrence qui ne peut que faire diminuer la valeur économique pour les travailleurs et les assurés sociaux : quand ceux-ci se révoltent, les capitalistes vont voir ailleurs. Soudain, plus d’adversaire donc plus de combat possible. C’est bien ce qui se passe à Gandrange ou dans l’industrie automobile.

Ce plan ne conteste en rien le libre-échange généralisé et la liberté totale des capitaux qui mettent le travail des Français en concurrence déloyale avec le travail des Slovaques ou des Chinois. Pourtant, Louis Gallois avaient émis des critiques de la politique de la concurrence et de la politique monétaire de l’Union : ces critiques, quoique marginales, n’ont pas été prises en compte par le premier ministre. Pourtant, notre ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, avait prôné une protection aux frontières de l’Union lors des primaires au PS. Son silence en dit long sur sa sincérité …

Cette politique d’installation de la loi capitaliste à l’échelle mondiale est menée par ceux qui y adhèrent, c’est à dire par la majorité UMP et PS, au nom de la construction européenne, même s’il y a des variantes.

Plutôt que d’injecter de l’argent dans les banques et les entreprises qui profiteront d’un effet d’aubaine, il serait plus utile d’en donner pour embaucher de manière massive, pour libérer des postes en mettant en retraite les plus de 55 ans qui sont sans boulot (30% des chômeurs). Bref, mettre l’argent au service d’une définition de la valeur économique qui profiterait à tous et non uniquement aux employeurs et aux actionnaires.

Il est grand temps de sortir de la définition capitaliste du travail et de la monnaie.

Voir le coup de gueule salutaire de Jean Gadrey sur http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2012/11/07/ras-le-bol-de-la-competitivite-neoliberale/

L’article sur ce sujet sur http://dessousdebruxelles.ellynn.fr/spip.php?article187

L’article très documenté de Copernic et Attac : http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article789