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Action « Ils nous conduisent dans le mur : bifurquons ! »

lundi 2 septembre 2013, par AlterVillage d’Attac

Action militante de clôture de l’AlterVillage 2013, Pontarlier, samedi 24 août 2013.

Cette action a été préparée pendant le 6ème AlterVillage d’Attac (dimanche 18 / dimanche 25 août). Trois ateliers de 2h30 chacun ont chaque jour permis de construire collectivement cette action. Trois autres ateliers de l’AlterVillage (« Techniques du clown militant », « Démarches de l’éducation populaire », « Investir les radios locales ») ont permis d’enrichir cette action.

Quatre objectifs ont présidé à la réalisation de cette action :
 Action reproductible par les comités locaux d’Attac (reproduction de l’action dans son ensemble ou d’une partie seulement) ou par tout groupe désireux de s’en emparer ;
 Action qui permette à chacun-e de participer à la hauteur de ses envies ou de ses capacités… ;
 Action ludique pendant laquelle les militant-e-s (et si possible les passant-e-s) prennent du plaisir ;
 Action qui permette de faire converger différents ateliers de l’AlterVillage afin de mettre en pratique les techniques apprises.

1. Thématique

La transition (écologique, économique, sociale…) à partir du dernier livre d’ATTAC, Petit manuel de la transiton
Objectif : Interroger nos choix de société et présenter les propositions d’ATTAC.

2. Choix du message / slogan

« On nous conduit dans le mur, bifurquons »
Objectifs : Prise de conscience des conséquences mortifères du système actuel et de la nécessité (ainsi que de l’urgence) de changer de direction : nous irons dans le mur si nous ne bifurquons pas, il faut « se réapproprier ensemble l’avenir de notre monde ». Il s’agissait ici de mettre en évidence de ce vers quoi on va si on continue dans la même logique & et de montrer que d’autres mondes sont possibles, permettant de discuter avec le public sur nos choix de société.

3. Dispositif qui permet de faire passer visuellement le message

 Matérialisation d’un mur : sur un drap / banderole, avec le slogan et des symboles, idées de ce vers quoi les politiques menées actuellement nous conduiraient (exemples : précarité généralisée, chômage pour tous, hausse des inégalités, destruction des écosystèmes…) si nous ne bifurquions pas.
 « Carrefour des choix de société »
 Distribution du tract / billet de 60 milliards d’euros (un peu hors sujet car spécifiquement sur la thématique de l’évasion fiscale, mais bonne base de discussion) à télécharger ici

Deux autres dispositifs de l’action ont permis de mettre en pratique des techniques vues durant des ateliers de l’AlterVillage :
 Clowns : détendant l’atmosphère parfois tendue, recentrant l’attention sur le mur
 Porteurs de Paroles (cf. expliquation sur le site de la scop Le Pavé) : permettant d’interroger les passants sur leurs choix de société.

4. Scénario

L’action était prévue le samedi matin à proximité du marché de Pontarlier, dans une rue piétonne jouxtant une place animée, favorisant la discussion et permettant une occupation « aérée » de l’espace.
Le mur aurait été planté au milieu de l’espace, « forçant » les piétons à bifurquer pour ne pas rentrer dedans. Le carrefour des choix de société aurait été placé à proximité, tandis que les porteurs de parole se seraient installés un peu plus loin. Les clowns auraient navigué entre le mur et le carrefour des choix de société.

Compte-tenu de la pluie et du désert qu’était devenue cette place, nous nous sommes rabattus sur notre plan B : le Géant Casino de Pontarlier.
Les porteurs de banderole, distributeurs de tracts et porteurs de parole se sont introduits par l’entrée principale dans le hall du supermarché et ont installé la banderole à la sortie des caisses, avant que certains investissent le magasin pour discuter avec les passant-e-s.
Le carrefour des choix de société (qui ne pouvait rentrer tel quel dans le supermarché) a été démonté, chacun portant une pancarte indiquant deux directions possibles (ex : Coopération / Concurrence).
Les vigiles puis les policiers ont été neutralisés par les personnes prévues à cet effet.
Puis les clowns sont rentrés par une autre entrée (finissant de résigner les vigiles et autres forces de l’ordre) : ils s’approchent du mur, s’en effraient, puis scandent les alternatives indiquées par les flèches du carrefour des choix de société.
La fin de l’action fut sonnée en scandant « On nous conduit dans le mur / Bifurquons » (à la fois slogan final et signal de la fin de l’action pour ceux qui étaient dans le magasin).

Après une demi-heure, nous avons quitté les lieux avant de renouveler l’action au Mc Do.

5. Rôles

 Porteurs de la banderole (si le mur est matérialisé par un drap), qui « font partie du mur » (ils ne discutent pas avec les passants, ont l’air sombre) et peuvent symboliser qui nous envoie dans le mur
 Distributeurs de tracts / Porteurs de drapeaux (qui discutent avec les passants)
 Crieur(s) (qui explique la démarche et le message)
 Porteurs de parole (non obligatoire)
 Clowns (non obligatoire)
 Porte-parole et/ou contact presse
 Chargé-e des relations avec les forces de l’ordre
 Chargé-e des relations avec les vigiles (si espace privé)
 Photographes, vidéastes, preneurs de son radio...

6. En vrac : Variantes et pistes d’amélioration

Autres formulations possibles du message : "bifurquons avant le mur" (plus court et percutant) ou "ils nous conduisent dans le mur, bifurquons" (permet de mettre l’accent sur qui nous conduit dans le mur, à condition d’arriver à le symboliser)

Mieux symboliser ce vers quoi nous voulons tendre, donc mettre en lumière les alternatives portées par Attac (alternatives concrètes, alternatives locales, liées au lieu et/ou au contexte de l’action)

Action très facile à adapter à telle ou telle campagne thématique, il suffit de thématiser le message qui pour l’instant est resté général. Exemples : sur les retraites (flèches « répartition / capitalisation », « solidarité intergénérationnelle / chacun pour soi »...), les gaz des schiste (« énergies renouvelables / forages partout »), les GPII, l’évasion fiscale...

Dispositif :
 Une zone piétonne où les gens ont du temps (comme prévu initialement) semble plus adaptée à cette action qu’un supermarché. Si l’action se fait dans un supermarché, il faut investir la totalité de l’espace et ne pas faire effet de masse derrière les caisses (effet « prédicateur » contre-productif et point de tension avec les vigiles, alors que si on est partout, les vigiles ne peuvent plus rien faire)
 Les passant-e-s ne tombent pas directement sur le mur mais sont d’abord invités à se poser des questions : dans la logique de leur déplacement dans la rue, ils rencontrent des pancartes et/ou des porteurs de panneaux qui les interpelle (ex des flèches indiquant 2 choix possibles)
 Rédaction d’un tract spécifique, adapté au message et au contexte

Autres moyens de mieux symboliser l’idée du mur : briques en carton, maux inscrits à l’intérieur des briques (qu’il s’agisse de briques dessinées sur une banderole ou de briques en carton), autres matériaux (vraies briques ?)…
Symboliser qui nous conduit dans le mur, par exemple (si on garde un drap) faire tenir le mur par 2 "banquiers" ou personnes en costard...
Si aucun support ne permet d’accrocher les ficelles nécessaires aux porteurs de parole : transformation de l’outil en « brigades mobiles » (question écrite sur un panneau individuel, pas d’écriture ni d’affichage des réactions des passants…).
Sans le carrefour des choix de société : des flèches ou des panneaux suffisent pour matérialiser ces choix)
Idée d’ajouter au carrefour des choix de société « austérité / partage des richesses ».
Idéalement, cette action doit avoir lieu sur un lieu de passage où les piétons sont susceptibles de s’arrêter et de prêter attention à l’action (comme le lieu prévu initialement le permettait : place du marché, rue piétonne passante…).

Scénario :
 Simplification du scénario, notamment s’il y a un faible nombre de militants : clowns et porteurs de parole non indispensables…
 En amont, s’informer sur les aspects légaux (droit à l’image, espaces privés / publics)
 Renforcer le coté festif (ex : amener une alter buvette)
 Préparer l’argumentaire oral pour discuter avec les passants (surtout pour les novices)


Rôle de « Chargé-e des relations avec la police »

Description du rôle :
Son rôle est de minimiser les risques pour les participants à l’action.
Pour cela, il prend les devants et va vers les forces de l’ordre lors de leur arrivée sur le lieu de l’action. Il se présente, décline son identité, explique qu’il est là pour assurer la liaison avec eux.
Il leur « facilite le travail » en expliquant ce qu’il va se passer, en leur donnant un tract... (le policier va devoir faire un compte-rendu de l’action).
Il « rassure » les flics en leur expliquant que tout va bien se passer, qu’on ne dégrade rien...
Il tente d’obtenir certaines informations de la part des policiers (par exemple si des renforts vont arriver)

Quelques conseils pour aider à rentrer dans ce rôle :

  • S’attendre à donner son identité aux forces de l’ordre : prévoir une carte d’identité et accepter de la présenter aux policiers.
  • Il n’est pas nécessaire de donner son adresse personnelle quand on vous la demande, vous pouvez très bien donner l’adresse d’un local associatif.
  • Le contact police doit gagner la confiance des forces de l’ordre (il ne raconte pas n’importe quoi), mais il n’est pas obligé de tout leur dire pour autant, surtout si cela compromet la réussite de l’action ! Ainsi, ne pas hésiter à passer sous silence certains éléments pour conserver un effet de surprise et un temps d’avance sur les flics (par exemple, ils n’ont pas été tenu au courant que l’action allait se poursuivre au Mc Do, sinon ils risquaient d’avertir le restaurant, qui aurait pu fermer ses portes)
  • Il s’agit d’évaluer en permanence la prise de risque pour le groupe, ce qui passe par l’évaluation du rapport de force entre manifestants et forces de l’ordre. Par exemple, lors de l’action au Géant Casino, le contact police a fait reconnaître aux policiers que le rapport de force leur était défavorable, que le renfort de 3 policiers supplémentaires ne changerait rien à ce rapport de force et qu’il valait donc mieux qu’ils attendent calmement que l’action de finisse.
  • Rester en contact visuel des policiers : s’ils vous cherchent, ils doivent vous trouver ; et vous êtes là aussi pour les « surveiller ».

Ce rôle est « ingrat » car on ne participe pas vraiment à l’action. Mais cela n’empêche pas de prendre du plaisir à cette tâche une fois qu’il est clair que le rapport de force vous est favorable.

Rôle de « Chargé-e des relations avec les vigiles »

Ce rôle est nécessaire seulement si l’action se déroule dans un lieu privé (supermarché, Mc Do...).

Description du rôle :
Sur un lieu privé, la police ne peut intervenir que si le responsable du lieu leur demande d’intervenir.
Avant même d’avoir à « gérer » les flics, il faut donc « gérer » les vigiles ou autres salariés.
Il s’agit de les rassurer : leur expliquer que tout va bien se passer, qu’il n’y aura pas de dégradations, pas de travail supplémentaire pour le personnel...
L’objectif est de faire retomber la pression et d’éviter tout comportement violent de la part des salariés.

Quelques conseils pour aider à rentrer dans ce rôle :

  • Comme avec les policiers, il s’agit de faire prendre conscience aux vigiles de leur impuissance : « le rapport de force vous est défavorable, vous ne pouvez rien faire pour nous faire partir, donc autant rester calme pour que ça se passe bien ».
  • Faire comprendre que, même si ça les embête en tant que personne, l’action ne va pas avoir de conséquences dramatiques pour le magasin (surtout si celui-ci n’est pas une cible, mais juste le lieu de l’action).
  • Faire alors comprendre qu’il serait donc contre-productif de tenter de l’empêcher, car par exemple il risquerait d’y avoir des dégradations.
  • Être en lien avec le « contact police » : la première chose que vont faire les policiers à leur arrivée est d’aller voir le responsable du magasin ou de la sécurité, il faut donc veiller à leur dire des trucs cohérents.

Rôle de « Contact presse / porte-parole »

Description du rôle :
Il/elle donne ses coordonnées, notamment téléphoniques, afin qu’elles soient transmises à la presse (nécessité, si on veut que la presse soit présente à une action, de la convoquer en lui donnant le lieu, l’heure, un rapide descriptif de l’action ainsi que les coordonnées de l’accueil presse).
Les journalistes intéressé-e-s pour couvrir l’action contactent le contact presse, notamment pour savoir si l’action se déroule bien au lieu et à l’heure indiqués.
Le contact presse repère l’arrivée de journalistes sur le lieu de l’action, les accueille.
Le contact presse se charge de répondre aux demandes d’interviews ou renvoie les journalistes vers d’autres personnes. Son rôle est ici de porter le message décidé par le groupe pour que celui-ci soit retranscrit le plus fidèlement possible dans la presse.

Quelques conseils pour aider à rentrer dans ce rôle :

  • Il s’agit d’expliquer rapidement le dispositif aux journalistes afin de leur « faciliter le travail » et qu’ils/elles voient ce qu’on veut leur montrer : ce qu’il est important de ne pas rater, pourquoi on fait cette action...
  • Prévoir à l’avance ce que vous voulez dire et comment vous voulez le dire pour être plus à l’aise lors de l’interview.
  • Ne jamais oublier que ce que vous dites fera l’objet d’un compte-rendu très succinct (quelques lignes, quelques secondes à la télé ou la radio), donc faire court et précis, prévoir des « phrases choc ».
  • Il est rare que vous soyez en direct, donc :
    • 1) n’hésitez pas à réfléchir avant de répondre (ce n’est pas grave s’il y a des blancs) ;
    • 2) n’hésitez pas à proposer au journaliste de reformuler ce que vous venez de dire si vous n’étiez pas bon : ça l’arrange aussi car il aura une scène plus facile à monter ensuite ;
    • 3) n’hésitez pas à saborder une phrase dont vous ne voyez pas la fin, plutôt que le journaliste vous fasse dire quelque chose que vous ne voulez pas ;
    • 4) n’hésitez pas à refuser de répondre à certaines questions : le journaliste est là pour poser des questions, mais vous vous êtes là pour dire quelque chose qui ne correspond pas forcément à ce qu’attend le journaliste. Restez concentrez sur le message que vous voulez passer et ne vous laissez pas embarquez dans des « questions piège » car ce n’est pas ça que vous voulez faire passer.
  • Face à une caméra : contrôlez votre corps pour éviter des gestes intempestifs (exemple : grands mouvements de main). Pour vous aider à savoir quoi maîtriser, n’hésitez pas à demander comment vous êtes cadrés.