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La résistance grecque n’est pas à vendre !
lundi 10 juin 2013, par
Sous la pression de la Troïka et sous prétexte de remboursement de la dette, un grand nombre de lieux publics, plages, forêts, etc. sont en voie de privatisation. C’est même aujourd’hui le cas du parc Skopeftiriou, symbole de la résistance des grecs contre le nazisme.
Arrivée quelques jours avant l’Altersommet, je me suis rendue avec une copine féministe grecque à un meeting de Syriza à Skopeftiriou, l’un des rares espaces vert d’Athènes. C’est aussi et surtout un lieu de commémoration de la résistance contre le nazisme, 800 personnes y ont été exécutées par l’armée allemande en 1944.
Cet endroit est aujourd’hui menacé d’être vendu par le gouvernement Grec (ce qui rappelle étrangement la tentative de vente du parc Gazi à Istanbul...) à des investisseurs qui feront disparaître un parc et un symbole de lutte par la même occasion. Sous la pression de la Troïka et sous prétexte de remboursement de la dette, un grand nombre de lieux publics, plages, forêts, etc. sont en voie de privatisation, notamment par le biais de la « caisse des dénationalisations » TAIPED. Ce processus est expliqué et dénoncé notamment par Roxanne Mitralia (voir www.contretemps.eu/interviews/aust%C3%A9rit%C3%A9-destruction-nature-lexemple-grec-entretien-roxanne-mitralias).
Concernant Skopeftiriou, le message est fort, c’est la vente de ce qui symbolise la résistance grecque contre le nazisme ! Plusieurs centaines de personnes sont venues soutenir et écouter les discours de Syriza. Quelques personnalités du mouvement s’enchaînent dont Manolis Glezos, ancien résistant, condamné a mort plusieurs fois pendant et après la guerre civile, et bien sur, Alexis Tsipras. Toutes et tous dénoncent la marchandisation des espaces publics, du patrimoine, de l’histoire qui sont des biens communs appartenant au peuple grec. Manolis Glezos, particulièrement en forme, se révolte contre cette vente qui montre le mépris du gouvernement pour la résistance et la négation de ce qu’ont accompli les grecs contre l’occupation nazie, il appelle à continuer à résister.
Et force est de constater qu’après trois ans de luttes contre la mise en place des mémorandums, les rues grecques sont plus calmes. Cependant, les initiatives alternatives se multiplient et s’organisent dans la durée : dispensaires autogérés, cuisines collectives, assemblées de quartiers, réseaux de solidarité, entreprises récupérées, champs partagés, coopératives de commerce alternatif et local, espaces sociaux libres, systèmes économiques alternatifs... Les Grec/ques résistent et construisent leurs propres modèles, des exemples à suivre.
Marion Lafon, membre du CA et de la délégation d’Attac France à l’Altersommet.