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Abolir le système prostitutionnel
jeudi 16 janvier 2014, par , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,
La logique néolibérale à l’œuvre depuis trente ans a trouvé dans le système prostitutionnel un nouveau domaine où se déployer, qui génère d’énormes profits. La prostitution et la traite des êtres humains à des fins de prostitution ont ainsi connu un essor considérable en lien d’une part avec la libéralisation de la circulation des capitaux, d’autre part avec la dégradation des conditions de vie de nombreuses populations au Nord et au Sud, ainsi qu’avec les politiques migratoires de la plupart des pays occidentaux qui visent à criminaliser les migrant-es. La marchandisation des biens et des services ne connaît plus aucune limite, banalisant la marchandisation croissante des corps – essentiellement celui des femmes. La domination masculine, transversale aux différents rapports de domination, s’exprime dans la prostitution d’une manière des plus violentes.
En cohérence avec les valeurs qu’elle défend, Attac se prononce contre la marchandisation des corps et des êtres humains, pour une société tournée vers l’émancipation des personnes et l’égalité entre les femmes et les hommes. Attac considère la prostitution comme une violence faite aux femmes, et plus globalement comme une atteinte à la dignité humaine. Attac est opposée à toute idée qui laisserait croire que la prostitution pourrait être un métier comme un autre et refuse la notion de travailleur/travailleuse du sexe. La domination masculine est au fondement du système prostitutionnel, réduisant potentiellement toutes les femmes à des objets sexuels. Le système prostitutionnel s’oppose donc en tant que tel à tout projet de société basé sur l’égalité entre femmes et hommes.
Un projet de société réellement émancipateur ne peut viser que l’abolition de la prostitution. Celle-ci résultera d’une volonté politique ainsi que des luttes menées par les différentes composantes du mouvement social, y compris celles des personnes prostituées, qui doivent s’emparer de cette question.
- Attac soutient toutes les mesures visant à protéger les personnes prostituées, à combattre les violences physiques et morales inhérentes à la prostitution, à permettre leur (ré)insertion et à garantir leur accès aux droits fondamentaux de façon inconditionnelle : ces droits doivent en effet être attachés à chacune et chacun en tant que personne. Attac s’oppose à toute politique qui viserait la répression des flux migratoires, le contrôle des populations les plus pauvres et les plus en difficulté. Elle s’oppose à toute politique qui mettrait les personnes prostituées encore plus en difficulté, en particulier par une réglementation du système prostitutionnel qui ouvrirait les portes à l’industrialisation à grande échelle du proxénétisme et de la traite.
- Attac demande le renforcement des moyens de répression du proxénétisme et de la traite des êtres humains. Cela passe en particulier par la lutte contre les paradis fiscaux, le blanchiment d’argent et la criminalité financière.
- Elle demande la mise en œuvre de politiques de prévention, en particulier des moyens éducatifs et associatifs pour promouvoir l’éducation à la sexualité et au respect d’autrui dans son corps comme dans son désir. Le corps des femmes mais aussi des hommes et des enfants ne doit pas être une marchandise à la disposition d’autrui.
Ce sont ces principes qui guideront Attac dans ses engagements comme dans son évaluation des politiques publiques menées dans ce domaine.
Cette résolution est proposée par Verveine Angeli, Pierre Aucouturier, Jacqueline Balvet, Isabelle Bourboulon, Jacques Cossart, Daniel Faugeron, Serge Garbay, Jean Marie Harribey, Esther Jeffers, Pierre Khalfa, Marion Lafon, Erwann Le Digarcher, Gérard Jouve, Huayra LLanque, Christiane Marty, Henri Morinières, Béatrice Paul, Rozenn Perrot, Sandra Rigoni, Dominique Plihon, Daniel Rome, Sandrine Roux, Jean Tosti, Françoise Wasservogel.
Soutenue par la Commission Genre
Messages
16 janvier 2014, 14:04, par Mort Marie Thérèse
Communication parfaite.
Merci pour ce travail.
16 janvier 2014, 16:51, par Claude Kintzig
C’est une résolution type.... Ca permet de faire débat et tout le monde a un avis.
Sur cette question il n’y a pas à discuter beaucoup. On est pour l’abolition. Et c’est tout.
16 janvier 2014, 19:07, par GERARD
J’adhère tout à fait à ce texte
17 janvier 2014, 13:13, par Marion
C’est rassurant de voir qu’ATTAC prend une position aussi clairement en faveur de l’égalité entre femmes et hommes. Merci !
17 janvier 2014, 21:20, par Robert Joumard
Que la prostitution et la traite des êtres humains à des fins de prostitution aient connu un essor considérable depuis 30 ans est plus une impression qu’une réalité mesurée : cf. le débat sur les chiffres de la prostitution largement fantasmés ou construits pour la cause.
Les corps sont-ils plus considérés comme des marchandises qu’avant ? Vendre sa force de travail, c’est louer son bras, son cerveau ou ses jambes, il n’y a rien de nouveau, c’est même l’un des maîtres à penser d’Attac qui a conceptualisé cette notion de vente de force de travail. Et il en est de même quant à la vente de services sexuels. Il est donc assez étonnant de voir un mouvement souvent proche des marxistes refuser la marchandisation de la force de travail...
La question centrale est bien sûr de savoir si la prostitution est bien par essence une violence faite aux femmes, ce qui signifie d’une part que la prostitution masculine serait une violence faite aux femmes (je ne comprends sans doute pas tout !), d’autre part que toute prostitution est une violence faite aux femmes, que toute prostituée est violentée. Les principales intéressées ne semblent pas de cet avis, si l’on en croit les mouvements de personnes prostituées.
Ces mouvements défendent en outre la notion de travailleur/travailleuse du sexe, que ce texte combat. Ce texte les appelle à s’emparer de la question, mais les ignore superbement et combat leurs revendications : n’y a-t-il pas un petit problème ?
Croire qu’une relation prostitutionnelle est par essence violente et est fondamentalement et systématiquement différente des autres types de relations entre personnes est une position morale tout à fait respectable. L’habiller comme on le fait dans ce texte de considérations politiques, la rattacher au néolibéralisme pour mieux condamner la prostitution (ce qui est historiquement assez risible) n’en fait pas une position politique. La sacralisation du sexe et de l’acte sexuel est un choix moral que nul n’a le droit d’imposer aux autres, à moins de vouloir imposer un ordre moral. Je croyais qu’Attac était sur ce point fondamentalement différent des contestataires du mariage pour tous, mais il semble y avoir des similitudes...
24 février 2014, 11:25, par catherine Bloch-London
La prostitution est une violence faite aux femmes car, comme le montrent de nombreuses études et témoignages de médecins, la répétition d’actes sexuels non désirés a des conséquences graves sur la santé physique et mentale des personnes prostituées, ce que Judith Trinquart appelle un phénomène de "décorporalisation".
Se battre pour l’abolition du système prostitutionnel n’est pas se battre contre les prostitué-es ni interdire la prostitution, il y a confusion avec les prohibitionnistes qui agissent au nom de l’ordre moral. La lutte des abolitionnistes n’est pas d’agir en police des mœurs pour préserver l’ordre moral mais de lutter pour l’émancipation. Elle se situe dans la continuité des luttes pour la libération sexuelle.
24 février 2014, 14:38, par Fatima Benomar
Je ne trouve pas ça sérieux de faire des comparaisons entre la marchandisation sexuelle des corps, et le fait de vendre sa force de travail.
L’acte qui consiste à vivre des pénétrations et autres pratiques sexuelles sans désir, à répétition, provoque des séquelles physiques et psychologiques particulières. La violence sexuée n’a pas le même impact que la violence tout court, sinon on punirait le viol avec la sévérité d’une simple agression physique. Mais l’agression physique est punie moins sévèrement qu’un viol, toute violente et douloureuse qu’elle peut être, car nous savons que le viol est beaucoup plus ravageur, parce que c’est sexué.
L’exploitation qu’endurent les personnes prostituées n’est pas comparable à celle des salarié-e-s sous le joug de la pénibilité et de la cruauté capitaliste. Pour info, les personnes prostituées sont parmi les rares à développer le symptôme de décorporalisation. C’est-à-dire que les rapports sexuels non désirés à répétition sont d’une telle violence que certaines anesthésient psychologiquement leurs corps, ne se rendent plus compte quand elles ont mal ou quand elles sont malades.
Bref, j’ai beau dénoncer toutes les formes d’exploitation, les séquelles physiques et psychologiques qu’on relève chez les prostituées ne sont pas les mêmes que celles d’une caissière ou d’une ouvrière. Pénibilité et traumatisme n’atteignent pas du tout le même niveau !
6 avril 2014, 15:28, par David Frantz
Classique chez les pro-prostitution, l’évocation du concept marxiste de la "vente de la force de travail" pour assimiler l’achat d’un corps par le client-prostitueur à un rapport capitaliste classique est abusive, ou témoigne d’une incompréhension de la pensée de Marx.
D’abord, si c’est du capitalisme, il faut donc le combattre, et ne pas admettre que puisque ça existe déjà ou depuis longtemps il ne faut rien faire, il faut tolérer. C’est une logique conservatrice qui ferait retourner Marx dans sa tombe.
Ensuite, il faut bien comprendre que la "force de travail" est une catégorie théorique, ce qui par définition est différent de ce qu’est une catégorie concrète. La prostituée loue/vend concrètement son corps - et doit d’ailleurs faire un travail de dissociation pour le supporter - que le client-prostitueur utilise comme il l’entend jusqu’à le dégrader s’il le veut. Dans le rapport capitaliste, le travailleur-se vend sa force de travail (théorique) à un patron, mais ielle ne vend pas son corps (concret) sinon ce serait du droit de cuissage. Si tous les ouvriers-employés-salariés devaient coucher avec leur patron, cela se saurait, quand même !
10 février 2015, 22:13, par claret attac copernic
je suis d’accord avec vous C’est aux intéressées de résoudre ce problème Mais le système prostitutionnel tel qu’il existe doit être éliminé alors qu’il fleurit dans nos sociétés Pour les cas particuliers où une personne veut se prostituer,’État devrait considérer le prostitution comme un métier, une profession libérale par exemple , (avec urssaf etc)comme le veulent les intéressées,S’il y a des gens qui profitent de la situation , il faut les traiter comme on devrait traiter les gens qui travaillent au noir ou qui emploient des gens qui travaillent aux noir . On n’a pas à émettre des jugements de valeur.Peut être aussi , si comme dans l’ancien code existait , le "devoir conjugal" (on a bien institué le viol conjugal)il y aurait moins de clients ...
20 janvier 2014, 10:05, par Perrin Frédérique
L’abolition de la prostitution ne peut se décréter sans l’assortir des mesures permettant à chacune et chacun de s’affranchir de la nécessité de se vendre sur le marché de l’emploi. Au premier rang de ces mesures, je place un revenu suffisant assuré à tous, indépendamment de son activité.
Une fois cette question économique réglée, demeure l’immense problème de la domination. La prostitution est une toute petite partie émergée de cet énorme iceberg. Toute relation sexuelle subie en échange de sécurité peut être considérée comme une forme de prostitution. Cette forme est-elle plus acceptable lorsqu’elle est "privée" ? Selon moi, non. Si nous réclamions plutôt l’abolition du mariage, institution bourgeoise faite pour organiser la dépendance et l’oppression sexuelle ? Si nous réclamions du même coup et pour tous la liberté sexuelle, mais non pas comprise comme l’assujettissement du désir des femmes à celui des hommes ? c’est possible dans une société libérée de la contrainte de "se vendre", au travail, dans la rue, à la maison et au lit !
3 avril 2014, 14:59, par Hélène Gonnet
Frédérique,
Si je vous comprends bien (car vous exprimez votre pensée de façon complexe), vous préférez pour les femmes le marché du sexe (avec tout ce que cela comporte d’humiliation, de sadisme et de mise en danger PHYSIQUE ET PSYCHIQUE) au marché de l’emploi digne !!! Vous semblez dire : tant que les femmes n’auront pas un emploi correctement payé, elles préfèreront la prostitution. Heureusement que toutes les femmes mal payées ne se prostituent pas !!! Ensuite, vous osez écrire qu’une femme mariée qui ne travaille pas et donc entretenue par son mari, (ce que vous appelez "sécurité", se prostitue !!! N’avez-vous jamais entendu parler de couples qui s’entendent bien, qui ont plaisir à être ensemble ??? Comment faites-vous le tri entre ceux qui sont ensemble pour des raisons prosaiques et ceux qui s’aiment ? Peut-être refusez-vous aux femmes le droit d’aimer et d’être aimées, tout simplement ! C’est l’impression sinistre que donne votre point de vie ou tout est négatif. Le couple, pour vous, c’est du Zola. Alors, selon vous, si le mariage "est une institution bourgeoise faite pour organiser la dépendance et l’oppression sexuelle", pourquoi les gays se sont-ils battu pour l’obtenir ? Il n’y a pas de mariage forcé en France. Votre conception est ancienne. Vous n’aidez pas les femmes.Vous êtes une anti-féministe.
20 janvier 2014, 14:41, par Fanny SOULIER
C’est une position de principe, et je suis tout à fait d’accord. Je ne comprends pas en quoi ce texte fait polémique. Il ne s’agit pas d’un texte de loi, mais l’affirmation que la prostitution est insupportable et inacceptable.
20 janvier 2014, 15:38, par Robert Joumard
Ce texte fait polémique car il s’attaque à l’arbre qui cache la forêt sans voir que tous les arbres sont semblables ; il choisit l’arbre qui est devant parce qu’il est devant et pas parce qu’il est arbre ; il choisit un type bien particulier de relation entre personnes pour le condamner sans s’interroger sérieusement sur la spécificité de ce type de relation.
La notion même de prostitution fait polémique. Les nombreux chercheurs qui ont travaillé ce thème, dont Paola Tabet est la plus connue parmi beaucoup d’autres, ont montré que la prostitution n’était pas définie par un contenu particulier : l’échange relation sexuelle contre avantage matériel n’est en rien limité aux activités dites prostitutionnelles. Comme le mentionne Fredereique Perrin ci-dessus, une grande part des relations sexuelles plus classiques au sein d’un couple marié ou non ne sont en rien ’gratuits’, en ce sens qu’ils s’insèrent dans un ensemble d’échanges économico-sexuels qui font le rapport entre sexes. Ces échanges sont faits de plaisir sexuel, d’affection et d’aide psychologique, d’amour, d’argent, de travail domestique, de travail extérieur, de protection, de représentation – image vis-à-vis des autres, de procréation, d’élevage et éducation des enfants.
Serait-on naïf au point d’ignorer que nombres d’unions ne sont pas exemptes d’avantages matériels ou symboliques ? Faudra-t-il exiger un test d’Amour avant tout rapport sexuel ?
Ce qu’on appelle prostitution dans le texte n’est d’ailleurs guère défini, mais semble réduire l’activité prostitutionnelle à une pénétration contre argent. Or, comme dans la plupart des relations, la relation prostitutionnelle est loin de se réduire à cela ; elle comprend aussi affection et soutien psychologique, sourires et compassion, Cela me rappelle le témoignage télévisé d’une prostituée française qui estimait ne pas faire un travail très différent de celui qu’elle faisait quand elle vendait des voitures.
Les nombreuses analyses faites par des chercheurs sur la prostitution sont totalement ignorées dans ce texte, car elles montrent que la prostitution s’exerce dans des conditions très variables, que sa perception est aussi très variable, ses motivations aussi et que la réalité est très très loin de se réduire à l’image de femmes importées sous la contrainte et forcées à offrir leur sexe pour enrichir des souteneurs mondialisés – même si cela est bien une partie de la réalité. Mais la réalité importe peu quand on veut défendre un ordre moral.
La rémunération de l’acte sexuel fait se lever nos vaillants défenseurs de l’ordre moral, qui, Attac oblige, dénoncent la marchandisation des corps due au néolibéralisme, l’instrumentalisation des êtres humains et l’industrialisation des corps. Je ne vois pas en quoi le sportif qui travaille avec ses jambes, l’intellectuel qui travaille avec son cerveau, le manoeuvre qui travaille avec ses mains, le conducteur de train qui travaille avec sa tête et ses réflexes seraient moins instrumentalisés et leurs corps moins marchandisés que la prostituée qui travaille avec son sexe. Tous travaillent avec une partie de leur corps et leur cerveau. Quant à la mainmise du néolibéralisme sur la prostitution, elle doit être dénoncée ici comme ailleurs, et ce n’est pas une raison pour interdire une activité, quelle qu’elle soit, à moins d’interdire, malheureusement, la plupart des activités rémunérées.
Il n’est pas neutre que les antiprostitution se retrouvent dans de nouvelles ligues de vertu, avec les pires réactionnaires, les pires défenseurs de l’ordre moral, les fondamentalistes catholiques pour qui le sexe est tabou. Pour eux, tout argument est bon à prendre : l’antilibéralisme et la violence faite aux femmes ne sont pour eux que des paravents.
3 avril 2014, 13:02, par Christiane Marty
Frédérique Perrin et Robert Joumard utilisent tous les deux la comparaison de la prostitution et du mariage : les relations sexuelles y seraient acceptées en échange de contreparties matérielles, soit argent (dans la prostitution), soit sécurité (dans le mariage). F. Perrin argumente ainsi pour dire que le mariage n’est pas plus acceptable que la prostitution, alors que R. Joumard entend au contraire banaliser la prostitution avec cette comparaison. Même argument donc, utilisé pour des objectifs opposés. Mais argument non fondé.
Dans l’Histoire passée, ceux et celles qui associaient le mariage à la prostitution le faisaient pour appuyer leur critique du mariage traditionnel, bourgeois, en y dénonçant la subordination institutionnelle des femmes. Aujourd’hui, la comparaison mariage-prostitution n’a plus aucune pertinence.
C’est tout d’abord un changement majeur qui interdit cette comparaison. Grâce aux luttes féministes, le viol conjugal est reconnu comme tout autre viol et puni comme tel : la société a ainsi clairement affirmé qu’une relation sexuelle non désirée n’est pas plus acceptable au sein du couple que dans le reste de la société !
Ensuite, la situation des femmes a fortement évolué. L’égalité juridique des femmes et hommes dans le mariage a été acquise (c’est un constat, mais nullement une défense de cette institution). Les femmes représentent aujourd’hui près de la moitié des personnes en activité. Même si leur salaire moyen est inférieur à celui des hommes, la grande majorité des femmes a acquis une indépendance économique vis-à-vis de leur conjoint. Il n’y a rien pour étayer l’idée que les femmes échangent dans le mariage sécurité matérielle contre sexe.
Défendre la prostitution en disant que le mariage n’est pas très différent n’a donc pas de pertinence.
5 avril 2014, 20:50, par Jacqueline Penit-Soria
L’argent
Dans la prostitution, il existe une forme de violence qui , jusqu’à présent n’a pas été assez analysée et pourtant... Aujourd’hui, les femmes survivantes de la prostitution arrivent à nous en parler. Elles décrivent la violence que constitue l’argent …Cet argent qui permet à chaque client d’imposer un acte sexuel non désiré . Cet argent contre lequel le client fait ce qu’il veut. Cet argent avec lequel , certains assouvissent leurs fantasmes les plus archaïques et les plus dominateurs. Cet argent qui autorise certains aux violences physiques qu’il ne se permettraient pas ailleurs. Cet argent qui a fait dire à Rosen Hicher , une survivante de la prostitution , lors de son audition par la commission speciale de l’Assemblée nN ».
5 avril 2014, 21:03, par Jacqueline Penit-Soria
suite et fin du message sur l’argent
Rosen Hicher , une survivante de la prostitution ,a déclaré lors de son audition par la commission speciale de l’assemblée nationale , en novembre dernier : “ Je n’avais pas peur de l’argent, j’avais peur du client ».
31 janvier 2015, 20:27, par schmilblick
ah, enfin des propos qui me rassurent sur la sexualité vécue de mes concitoyens à ATTAC !!!
j’en étais venu à douter de la notion de liberté consentie et assumée ainsi que du plaisir partagé que l’on s’accordait dans la vie commune à ATTAC, sérieusement !!!
Savoir partager des émotions corporelles, quand une majorité reste devant un écran, ce n’est sans doute pas l’idéal non plus pour progresser dans l’échange concrêt au 21è siècle.
Quand aux propos précédents " Défendre la prostitution en disant que le mariage n’est pas très différent n’a donc pas de pertinence."
Je constate que les unions pacsées n’apparaissent toujours pas dans l’imagination ou la reconnaissance collective. Le mariage, et le pacse , sont certes différents de la prostitution, enfin j’espère, pour la majorité car sinon, nous n’évoluons pas du tout !!! Pour moi, c’est une question juridique de protection mutuelle pour consolider des valeurs de partage et d’attention partagée sous toutes ses formes et de points de vue essentiels aussi ; La sécurité est toute relative depuis que les séparations sont autorisées, le pacse les rendent un peu plus libres mais moins sécurisées financièrement ,j’imagine puisque les hommes gagnent plus que les femmes en majorité.
Aussi, en période de crise, et devant un nombre d’ emplois précaires souvent partiels croissants insuffisants pour vivre correctement, la concurrence exacerbée au travail n’arrangeant absolument rien, certaines de nos compatriotes doivent sans doute d’avantage s’interroger avant de prendre la décision de divorcer ou de se séparer, car il est reconnu que ce sont les femmes qui demandent en majorité les premières la séparation, les hommes rechignant à porter cette responsabilité apparemment. ( RESPONSABILITE/CULPABILITE = des résurgences de notre éducation judéo-chrétiennes ? ) J’espère qu’elles restent libres de faire ce qu’elles veulent de leur esprit comme de leur corps, le lien entre les deux étant nettement plus confortable.
Quand aux arbres, il me semble indispensable d’apprendre à les distinguer pour se rendre compte qu’ils sont très diverses et variés, certains sont plus solides que d’autres, leurs feuillages sont parfois plus doux et agréables au toucher, leurs ramures plus souples, leur écorce plus résistantes aux intempéries, leurs racines plus profondes pour laisser les hirondelles s’envoler et revenir à leur guise pour s’y sentir plus épanouies.
Sauf que la gente masculine sait très bien tirer partie du système patriarchal ou machiste de la société, politique aussi, renforcé par une politique néo-libérale depuis trente ans, pour tirer la couverture à soi ; Mais sauront-ils le reconnaître et accepter de changer la donne ? Restons donc vigilantes et nuancées sans se laisser maltraiter ou mépriser.
schmilblick
22 janvier 2014, 21:47, par Christian Delarue
Récemment une étudiante désargentée expliquait comment elle arrivait à relativement apprivoiser un client pour faire en sorte que le rapport sexuel se passe bien pour elle et pour lui ! Apparemment elle avait évité tout à la fois la violence réelle et les menaces. Elle ne devait pas non plus attendre le client dans la rue debout du matin au soir sous la pluie ou dans le froid. Elle ne subissait pas non plus plusieurs rapports sexuels à la chaine dans la journée et idem le jour suivant.
On peut dire raisonnablement ici que ses conditions de prostitution étaient nettement meilleures que d’autres. Mais c’est l’exception qui confirme la règle. Celles se prostituant du matin ou soir, après période de "formatage" du proxénète (soit une acclimatation très violente aux conditions de travail) subissent des violences sans commune mesure avec un travail en usine , fut-il intensif et ingrat, répétitif, aliénant ! Sur 8 ou 15 passes par jour on tombe fatalement sur un mec tordu, sadique, violent, qui cogne, qui brule, qui ne prend pas de préservatif, etc ! Pas de syndicat pour çà évidemment !
CETTE DESCENTE AUX ENFERS EST INSUPPORTABLE A TOUTE PERSONNE DEFENDANT LA DIGNITE HUMAINE !
ELLE DOIT CESSER POUR UNE AUTRE RAISON : Ce sont surtout les hommes qui ont historiquement et massivement besoin des prostituées ; c’est une soumission typiquement sexiste à combattre pour tout altermondialiste épris d’égalité et de liberté ! Le sexe c’est bon, très très bon même, contrairement à ce que disent certains "coincés" des religions (ou non), mais dans la liberté respectée de l’autre ! CD
3 avril 2014, 21:00, par Bauduret
Il a fallu que je relise deux fois ce texte pour, (du moins j’espère !) , l’avoir compris. Le titre est pourtant explicite : il ne s’agit pas d’abolir la prostitution ou de l’interdire, mais d’abolir le système prostitutionnel, ce qui n’est pas du tout la même chose. Malheureusement il faut arriver à la fin du texte, dans les propositions, pour que le mot "proxénétisme" soit enfin utilisé deux fois. Il l’aurait été plus tôt cela aurait été pus clair.
Je me souviens d’une émission de Mermet où une prostituée parlait, librement, de ses "clients" avec beaucoup de tendresse, je ne sais pas dans quelles condition elle exerçait son activité mais il me parait par contre évident qu’obliger un femme ou un homme à des rapports sexuels non désirés est un crime, que l’obliger à 10 ou 20 passes par jour relève de l’esclavage.
Ce texte s’attaque au fond du problème il ne s’agit ni de pénaliser la prostituée ou le client. Il a cependant un côté moralisateur puisque l’abolition de la prostitution reste un objectif et qu’il est écrit que "Le corps des femmes mais aussi des hommes et des enfants ne doit pas être une marchandise". Il faudrait préciser qui est le vendeur. Mis à part l’enfant, si c’est le propriétaire du corps lui-même, cela ne me choque pas. Cette prostitution volontaire est certainement marginale mais elle existe aussi. Mis à part cette réserve j’approuve ce texte.
3 avril 2014, 21:57, par francois
Bonsoir ,
l’esclave sexuelle qui engraisse son proxénète on est contre , bien sur !
l’égalité homme / femme je suis pour , bien sur !
cela n’empêche que les différences physiques et psychologiques font que le sexe dit "fort" est dépendant de l’autre dit "faible" pour assurer son équilibre psychologique par l’accomplissement de l’acte sexuel ; (à l’inverse , la femme gère-t-elle mieux l’abstinence- je ne sais pas comme je parle pour moi , au masculin .)
Pour en avoir vécu la privation je sais qu’une libido frustrée peut conduire à une folie , à un besoin violent de transgresser les tabous les plus basiques .
Au regard de cette expérience , je demande et soutiens la présence de prostituées libres de proxénète ou autre contrainte .
Je pense que cette activité (comme une soupape de sécurité ) évitera bien des violences .
4 avril 2014, 23:13, par Huayra
Bonjour,
François écrit que « cette activité (comme une soupape de sécurité ) évitera bien des violences ».
Or, justement, on ne peut faire abstraction des violences omniprésentes dans la prostitution : lors des étapes de recrutement, de traite, lors de parcours de dressage d’une extrême violence destinés à casser les personnes recrutées avant de les « mettre sur le marché » de la prostitution, ainsi que dans la pratique de la prostitution face aux agressions et menaces de proxénètes et de clients. Enfin, ces violences pour les personnes qui les subissent s’ajoutent à celles inhérentes à la prostitution : la pratique répétée d’actes sexuels sans désir a des conséquences profondes sur la santé physique et psychique des personnes prostituées, qu’elles soient dépendantes d’un proxénète ou non. « Le taux de mortalité des personnes en situation de prostitution est six fois plus élevé que celui du reste de la population » rappellent plusieurs médecins dont Axel Kahn et Judith Trinquart.
D’autre part, les personnes prostituées ne sont pas des rustines ou les composants d’une « soupape de sécurité », ce sont des êtres humains ! Or, pour la construction d’une société plus égalitaire, on ne peut accepter qu’un groupe d’êtres humains soit dédié à satisfaire les désirs sexuels des autres. La « libido frustrée » dont parle François ne justifie en rien ces violences. Les féministes des années 70 se sont battues pour que la société change de regard sur la sexualité et le désir des femmes -revendiqués notamment en dehors de la seule satisfaction des désirs des hommes. La prise en compte des notions de désir, de plaisir –notamment ceux des femmes- a contribué à faire évoluer le droit en reconnaissant le délit, puis le crime de viol, puis en condamnant le viol conjugal.
Qualifier les violences, les distinguer de la sexualité, mettre à jour les rapports de domination qui sous-tendent la prostitution permettent aujourd’hui que des femmes et des hommes qui subissent les violences de la prostitution puissent trouver des recours, être accompagné-es, que puisse être pensée la sortie de prostitution, mais aussi la prévention d’entrée dans la prostitution.
Lorsque l’esclavage a été aboli, les personnes placées en esclavage n’étaient pas les seules concernées, et le « consentement » de certaines d’entre elles n’était pas suffisant pour justifier l’une des pires exploitations humaines et son organisation. La société a choisi à ce moment de ne plus tolérer qu’un groupe d’êtres humains soit la propriété d’un autre. En ce qui concerne la prostitution, il ne s’agit pas d’évaluer une expérience individuelle, mais de penser le choix de société que nous voulons. Souhaitons nous organiser la prostitution comme en Allemagne où les proxénètes sont devenus d’officiels chefs d’entreprises et où il arrive que la prostitution soit proposée aux chômeuses ? Ou souhaitons-nous construire une société plus égalitaire, qui défende le droit de tous et toutes à ne pas se prostituer ?
7 avril 2014, 21:13, par Esther Jeffers
Aucune catégorie d’êtres humains ne doit être désignée pour servir « comme soupape de sécurité ». Nous valons plus que ça... et les femmes et les hommes méritent mieux comme « relations sexuelles ».
8 avril 2014, 17:48, par Sandra R.
Bonjour,
Le fait que (certains) hommes supportent mal la privation de rapports sexuels n’a rien à voir avec « les différences physiques et psychologiques » supposées naturelles entres les sexes « fort » et « faible ».
Aucun être humain, homme ou femme, n’a « besoin » d’avoir des relations sexuelles pour être en bonne santé. Aucun cas de décès ou de maladie n’a jamais été constaté pour cause d’absence de relations sexuelles chez des hommes (ni des femmes). Une vie sans sexe est peut-être moins épanouissante, elle n’empêche nullement de vivre longtemps et en bonne santé.
Si l’on s’en tient aux différences physiques d’ailleurs, ce qui devrait plutôt nous étonner c’est que les femmes « gèrent mieux l’abstinence » étant donné qu’à la différence des hommes, elles disposent d’un organe uniquement dédié au plaisir sexuel (le clitoris), doté de huit mille terminaisons nerveuses, ce qui en fait l’organe le plus sensible qu’on puisse trouver chez l’être humain.
Pourtant les clients des prostitué-e-s sont à 99% des hommes, quel que soit par ailleurs le sexe des personnes prostitué-e-s.
Le comportement sexuel des hommes et des femmes n’est pas déterminé par leur biologie, ce que confirme aussi le fait que de nombreux hommes arrivent parfaitement à gérer la non-satisfaction de leurs désirs.
L’idée que les hommes auraient des « besoins » sexuels irrépressibles naturalise ce qui relève d’une construction sociale, véhiculée par toute une batterie de représentations sexistes dans l’éducation, les médias, la culture, les traditions, et particulièrement présente dans l’imaginaire pornographique qui érotise la violence et la soumission sexuelle des femmes, présentées comme des objets uniquement dédiés à la satisfaction des désirs masculins.
La lutte contre le système prostitutionnel est aussi une lutte contre cette construction de la virilité basée sur la domination masculine, contre les stéréotypes sexistes au fondement de la société patriarcale qui assignent les un-e-s à l’assouvissement des désirs sexuels des autres.
C’est une lutte pour l’émancipation et la libération sexuelle des femmes, qui suppose de changer les représentations (des femmes et des hommes) et d’inscrire la sexualité dans le registre non pas des « besoins » mais des désirs à partager dans le respect et la réciprocité.
3 avril 2014, 23:23, par Thomas Coutrot
Cette résolution ne me convainc pas, même si deux débats approfondis au CA d’Attac ont permis de l’améliorer substantiellement par rapport à la version initiale.
Elle ne rend pas compte de la diversité des situations de prostitution, les englobant toutes de manière idéologique sous le nom fourre-tout de "système prostitutionnel".
Elle ne rend pas compte non plus du fait qu’au nom de l’abolition, dans le camp de laquelle on veut ranger Attac, le Parlement est en train de voter une loi pénalisant les clients, qui est soutenue par une coalition Abolition 2012 mais combattue par une coalition tout aussi importante (Droits et Prostitution) d’associations féministes, d’assos de prostituées et d’assos de lutte contre le sida. Cette résolution tranche un débat qui divise profondément le mouvement féministe, avec des arguments biaisés et unilatéraux.
Comme l’écrit Carine Favier du Planning Familial, "les prises de parole publiques de certaines prostituées affirmant que leur vie n’est pas faite que de malheur sont discréditées au motif qu’elles sont « atypiques ». Ce faisant, des féministes semblent reproduire ce contre quoi elles ont toujours lutté, seraient-elles devenues les ’dominantes’ qui énoncent pour les autres, sans se soucier d’eux ? Présenter toutes les femmes prostituées comme des victimes sans capacité d’initiative renforce les préjugés de genre sur la passivité des femmes et leur incapacité à s’émanciper.
Le mouvement féministe s’est mobilisé dans les années 1975 pour dénoncer la stigmatisation des personnes qui se prostituent et pour l’amélioration de leur situation, Pourquoi ce mouvement féministe s’est-il progressivement désolidarisé des prostituées depuis les trente dernières années, avec une totale absence de solidarité lors de la loi de 2003 ?
La mise en exergue des situations les plus extrêmes développe une vision misérabiliste de « femmes victimes », réduites au seul acte de prostitution et qu’il faut protéger. Cette vision nie les compétences des personnes, qui malgré les difficultés, mettent en œuvre des stratégies face aux violences par exemple (de l’évitement à la dissuasion ou la protection).
La revendication du "libre choix" ne rend pas davantage compte des réalités tant elle concerne un nombre limité de personnes. Comme le souligne Lilian Mathieu « Les discours sur la prostitution échappent rarement à un écueil courant lorsqu’on parle de groupes dominés : l’essentialisation. La parole n’est jamais donnée aux premières et premiers concerné-e-s, au contraire est posé sur eux un regard empreint d’idéologie, duquel ressort une image déformée mais conforme aux attentes des groupes qui ont la parole. Les abolitionnistes ne voient que des victimes aliénées quand les réglementaristes voient des travailleuses libres et affranchies », niant dans les deux cas la diversité des situations des personnes qui se prostituent."
Attac n’a aucune raison de se ranger dans l’un de ces deux camps, dont les visions - opposées - sont tout aussi partielles et tronquées l’une que l’autre.
5 avril 2014, 19:19, par Christiane Marty
Thomas Coutrot fait un amalgame gênant qui laisse croire que la résolution trancherait en faveur de la pénalisation des clients, ce qui n’est pas du tout le cas. La résolution propose de prendre position en faveur de l’abolition, ce qui ne signifie pas du tout prendre position en faveur de la pénalisation des clients. La pénalisation des clients, qui n’est qu’une mesure possible et optionnelle pour lutter contre la prostitution, ne fait pas l’unanimité parmi les abolitionnistes (même si la grande majorité des associations féministes l’approuve). Il est exact, comme le dit TC, que la loi actuellement en cours de vote intègre cette mesure dans un projet global. Mais la résolution proposée au vote n’a rien à voir avec un quelconque soutien à la loi. La résolution propose simplement qu’Attac adopte la position de principe abolitionniste (définie par la Convention des Nations Unies) qui condamne l’exploitation de la prostitution d’autrui et la traite des êtres humains qui y est liée, interdit le proxénétisme, accorde un statut de victimes aux personnes prostituées et oblige à les protéger et permettre leur (ré)insertion.
Thomas Coutrot cite le collectif "Droits et prostitution" qui combat la mesure de pénalisation des clients pour la raison qu’elle précariserait davantage les prostituées. Mais la résolution proposée au vote est très claire : elle affirme que le principe doit être de « soutenir toutes les mesures visant à protéger les personnes prostituées » et de « s’opposer à toute politique qui mettrait les personnes prostituées encore plus en difficulté ». Il n’est donc pas très responsable de dénaturer ainsi le sujet de la résolution.
De même, il est très surprenant de lire que le mouvement féministe développe une "vision misérabiliste" des prostituées en les voyant comme des " femmes victimes réduites au seul acte de prostitution " ! La réalité est tout le contraire : les abolitionnistes ne nient jamais la « capacité d’action » des personnes prostituées et sont les premiers à la mettre en avant. Les prostitué-es font la preuve tous les jours de cette capacité, ne serait-ce que pour résister aux violences, au mépris, à l’humiliation dont sont si friands les clients et si coutumiers les proxénètes. La position abolitionniste considère les personnes prostituées non comme des êtres incapables, mais les reconnait comme les victimes d’un système d’exploitation. Qui oserait critiquer le mouvement syndical en disant qu’il développe une vision misérabiliste des salarié-es sous prétexte qu’il dénonce leur exploitation par le système capitaliste ?
Alors, oui, et contrairement à ce qu’écrit T. Coutrot, Attac a toute raison de prendre position en faveur de l’abolitionnisme. Simplement par cohérence avec les objectifs qui sont les nôtres : construire une société où on refuse la marchandisation des corps, et où les femmes et les hommes sont égaux quelle que soit leur situation financière. Une société qui garantisse aux femmes (mais aussi aux hommes et aux enfants, de plus en plus concernés) la faculté de vivre sans devoir vendre l’accès à leur sexe.
7 avril 2014, 19:04, par Esther Jeffers
Au nom de l’hétérogénéité de l’univers de la prostitution et de la diversité des situations, Thomas Coutrot adopte une posture ni-ni qui se voudrait ni réglementariste ni abolitionniste mais en réalité cette position ne tient pas. Car selon quels critères et à partir de quand la prostitution devient-elle acceptable ? Dans quelles conditions doit-elle s’exercer pour ne pas être une atteinte à la dignité humaine ? Quand on commence à en discuter …il n’y a pas de différence avec la position réglementariste qui considère qu’il faut des règles pour encadrer la prostitution afin qu’elle s’exerce dans de bonnes conditions… La position de Thomas est un réglementarisme qui ne dit pas son nom, il prétend renvoyer dos à dos les positions abolitionnistes et réglementaristes, mais cette position n’arme pas Attac et les militant-e-s et ne leur permet pas d’avoir une position claire contre la marchandisation des corps et des rapports.
8 avril 2014, 09:14, par Esther Jeffers
Thomas cite Carine Favier du Planning Familial : « les prises de parole publiques de certaines prostituées affirmant que leur vie n’est pas faite que de malheur sont discréditées au motif qu’elles sont « atypiques » pour en conclure que « des féministes semblent reproduire ce contre quoi elles ont toujours lutté, seraient-elles devenues les ’dominantes’ qui énoncent pour les autres, sans se soucier d’eux ? ». Rappelez-vous quand on discutait du travail du dimanche et qu’à la télévision et dans les journaux nous avons vu défiler des salarié-e-s qui expliquaient leur besoin de travailler le dimanche, qui criaient leur colère de voir des syndicalistes énoncer à leur place… Fallait-il alors, au motif que ces salarié-e-s affirmaient leur souhait de travailler le dimanche, ne pas prendre position ou renvoyer dos à dos les uns et les autres ? Fallait-il considérer que les syndicats devenaient des « dominants » qui « énoncent pour les autres sans se soucier d’eux » ?
5 avril 2014, 15:15, par Mativa
Abolir la prostitution féminine : je voterai pour !
Cela résout-il le rapport homme - femme ? Si on reste sur le terrain économique : la différence de salaire...sont des combats aussi légitimes !
Sur la question du genre je propose de supprimer la mention du sexe sur l’état civil par exemple...
La prostitution est loin de se réduire à l’économique et il s’agit d’éviter, comme le rappelle beaucoup d’interventions ci-dessus l’écueil moraliste liberticide.
Mais quitte à rester sur le terrain économique que dire de l’esclavage moderne, mais aussi, dans le domaine sexuel, du mariage forcé (qui pour le coup me semble-t-il concerne 100% de femmes contrairement à la prostitution), l’indemnisation des tests cliniques, le marché de la gestation pour autrui, la vente d’organes,...Bref la marchandisation est loin de ne concerner que la prostitution. Les sujets sociétaux sont loin de se limiter à leur caractère économique : NB : je suis donneur de sang, d’organes, pour que ma fille sans en retirer de bénéfice financier devienne mère porteuse pour autrui si c’est son choix....Notre résolution que je vais néanmoins voter conscient du bien fait de la politique des petits pas ne fait qu’effleurer des sujets sociétaux qui mériteraient d’être élargis à minima
jean, Lille
9 avril 2014, 09:20, par Dominique Plihon
Je voterai pour cette résolution importante car elle met en avant la nécessaire abolition du système prostitutionnel qui a pris une dimension sans précédent dans le contexte de la mondialisation néolibérale, dominée par la finance, qu’Attac combat avec tous ses moyens.
Je soutiens cette motion car elle fait appel aux valeurs fondamentales défendues par Attac d’égalité, de solidarité et d’émancipation. La lutte pour l’abolition du système prostitutionnel est pour moi l’une des luttes majeures contre l’oppression aujourd’hui. Attac doit y participer activement ! Il ne peut y avoir de projet de société émancipatrice sans abolition de la prostitution et du système qui l’organise.
10 avril 2014, 05:27, par Jean-Marie Harribey
J’ai signé le texte prenant position pour l’abolition de la prostitution, bien que, si j’avais dû le rédiger, je l’aurais fait un peu différemment. Mais l’important n’est pas dans la rédaction, il est dans le principe. Et comme il est impossible de répondre, dans le cadre de ce blog, à toutes les objections, je m’arrête juste sur l’une des premières, présentée par Robert Joumard. Il feint de s’étonner que l’on puisse refuser la marchandisation de la force de travail au nom de Marx. Eh, camarade Joumard, tu ne ferais pas un contresens total ? Ne me dis pas que tu n’as pas vu que le décryptage de la marchandisation de la force de travail a une visée radicalement critique. Et que cela vaut refus, pas seulement dans la vision de Marx, ce pouilleux, ce galeux infréquentable, mais aussi dans celle d’un Polanyi, beaucoup moins sulfureux, qui disait que, lorsque le travail, la terre et la monnaie seraient transformés en marchandises, ce serait la mort de la société. Tu me diras qu’il paraît qu’on a affaire au "plus vieux métier du monde". Mais il faudrait voir si la banalisation de toutes les formes de marchandisation de la "force de travail", manuelle, intellectuelle ou sexuelle, ne nous rapproche pas d’un point critique.
JMH
11 avril 2014, 19:38, par Clémence
Je suis tout à fait dérangée par le flou de ce texte, notamment concernant la différence qui n’est pas établie entre prostitution/proxénétisme.
Quand on sait à quel point cette question est clivante dans le féminisme, déjà, cela me semble tout à fait étonnant de proposer un texte aussi flou ! Donc non, ce n’est pas une question de principes, c’est bien une question de rédaction.
On ne peut pas titrer ’abolir le système prostitutionnel’ (là on est tou-te-s d’accord, évidemment) et ensuite dire que la prostitution est en soi une violence faite aux femmes : ce n’est pas cohérent !
Le Syndicat des Travailleuses du Sexe (STRASS), qui travaille avec Act Up, revendique le droit des femmes de se prostituer. Quoi qu’on puisse en penser, ce n’est pas le rôle d’Attac de se positionner dans ce débat polémique et clivant - qui demande un approfondissement et une connaissance des enjeux bien plus fine que ce qui est proposé par ce texte.
Clémence
12 avril 2014, 18:12, par Christiane Marty
Tout d’abord, être pour l’abolition de la prostitution ne signifie pas interdire à une personne de se prostituer : l’acte de prostitution entre deux personnes adultes et non contraintes peut-pourra toujours exister dans un cadre privé. Ce que la position abolitionniste refuse, c’est d’organiser la prostitution comme une institution de la société et de la légaliser. Le droit qu’une société progressiste se doit de défendre, ce n’est pas celui de se prostituer (drôle de droit...), mais c’est le droit de toute de personne de pouvoir vivre sans avoir à se prostituer !
Ensuite, puisque Clémence mentionne le Strass, il est bon de préciser certaines choses sur cet organisme : le Strass se définit comme "le syndicat des travailleurs du sexe" et affirme - en toute modestie - qu’il "représente touTEs les travailleursSEs du sexe" ! (voir leur site). Ce qui devrait interroger lorsqu’on sait qu’il n’a ni action, ni revendication vis-à-vis des "employeurs" que sont en toute logique les proxénètes.
Selon les statuts du Strass, peut adhérer "toute personne salariée, ou indépendante, ou travaillant pour son propre compte exerçant une activité liée à la sexualité" (article 2 des statuts)". Ce qui balaie très large : outre les prostitué-es, peuvent donc adhérer les proxénètes, les patrons d’hôtels de passes, de bars de rencontre, de salons de relaxation/massage, les personnes liées à la production et réalisation de films porno, les patrons des sites de « téléphone/webcam rose », etc. Donc, tous ensemble, prostituées et proxénètes : vive le syndicalisme innovant ?
Le Strass reste très opaque. Il est impossible de connaître le nombre des adhérent-es, ni la part de prostitué-es parmi les adhérent-es, ni les Rapports d’activité – ordinairement publics pour toute association –, ni les actions, mobilisations, ni même les élu-es au Conseil d’administration. Les conditions d’admission témoignent qu’adhérer au Strass, ça se mérite ! Article 7 des statuts : " Le candidat adresse sa demande d’admission au Bureau. Le Bureau instruit le dossier de candidature conformément aux règles figurant dans le Règlement Intérieur de l’association et décide de l’agrément ou du rejet de la demande. Le Bureau notifie la décision, celle-ci n’ayant pas à être motivée". Il faut montrer patte blanche.
26 avril 2014, 02:47, par Manon
Abolir la prostitution, c’est montrer qu’un autre monde est possible !
Je me souviens du forum en 2003 au Larzac où Attac était présent. J’avais 18 ans à l’époque et je me souviens de ce slogan.
Cet autre monde, c’est aussi le choix de son désir. Je n’offrirai pas mon corps à n’importe qui. Mon corps n’est pas une marchandise. Mon corps n’est pas à vendre. Je pourrais donner un rein mais je ne le vendrai pas.
Qui sont les prostituées aujourd’hui ?
1° A l’échelle mondiale, le mariage est une prostitution en soi. Du point de vue masculin : "J’échange ma force de travail contre ta soumission à mon désir". Du point de vue féminin : "tu m’apportes la sécurité, je veille sur tes besoins primaires (alimentation, reproduction).
2°Les prostituées sont, en majorité, des personnes contraintes à exercer cette activité : victimes de réseaux de crimes organisés, arbitraire du coût d’une passe plus rentable qu’un autre métier, toxicomanes, chômage, statut étudiant précaire et j’en passe...
3° Une minorité qui a choisi son métier.
Qu’est-ce qu’on fait ?
On n’arrête déjà de dire que c’est le plus vieux métier du monde ! Et puis on reconnait que la prostitution est un enjeu économique super important. A partir de là, on sait qu’on se frotte à des gros requins ! Et que face à eux, le meilleur remède, c’est l’abolition car, comme je le pensais déjà à l’époque, le sexe, ça relève d’autres sphères que l’économique.
Et c’est le minimum que de ne pas leur laisser ça !