Accueil > Assemblée générale 2014 d’Attac France > Résolutions proposées à l’AG > Pour une mobilisation citoyenne au service d’une démocratie plus égalitaire (…)

Cette résolution est le résultat des résolutions suivantes proposées à la commission de préparation et au CA. Vous pouvez retrouver les commentaires sur les liens ci-dessous :
- Vigilance face aux sirènes des extrêmes-droites
- La mobilisation anti-raciste au service d’une démocratie plus égalitaire et inclusive. Quel programme d’action à Attac ?

L’absence actuelle de perspectives socio-économiques, amplifiée par la déception à l’égard d’une alternance politique qui se conforme trop souvent aux attentes du monde de l’entreprise et des marchés, fournit un terreau propice aux réactions populistes et violentes. Dans ce contexte, les extrêmes droites, institutionnalisées ou non, renforcent leur activisme dans l’espace public et sur les nouveaux territoires du web, singulièrement auprès de la jeunesse, dans nos villes ou nos campagnes.

Dans le même temps, la xénophobie est utilisée comme stratégie de diversion et de division, la crise socio-politique étant la véritable cause de l’insécurité et de la précarité que subissent les plus faibles. Le délitement social que provoquent les plans d’austérité menés au nom de la résorption des déficits publics et de la dette publique au Nord comme le font les plans d’ajustement structurel dans les pays du Sud depuis les années 80, attise la montée de l’extrême droite et du racisme en Europe, de l’extrémisme religieux et d’un bellicisme destructeur, en Afrique notamment. Comme l’écrit Survie, l’interventionnisme militaire franco-occidental s’amplifie au fur et à mesure de la crise des Etats post-coloniaux, en Côte d’Ivoire, en Libye, au Mali, en République centrafricaine…

En France, une mobilisation anti-raciste multilatérale s’est manifestée pour exprimer le refus de la démagogie et la solidarité à l’égard des minorités et des migrants : célébration du trentième anniversaire de la marche pour l’égalité et contre le racisme, pétitions et plaintes en justice, notamment du MRAP, pour réprouver les actions négrophobes, islamophobes, anti-Roms, manifestations lycéennes solidaires de jeunes migrants, commémoration de l’œuvre de Nelson Mandela, rapports ministériels sur « la refondation de la politique d’intégration » et « la politique de la ville »...

Ce qui est à l’ordre du jour, c’est l’actualisation d’une culture démocratique et de paix, qui remobilise les peuples du Nord comme du Sud. En France, la progression de l’extrême-droite et de ses idées n’est pas une fatalité. La rupture altermondialiste avec les diktats des marchés financiers et des oligarchies du capitalisme néo-libéral passe par la mise en place d’une politique de coopération, de migration et d’intégration plus respectueuse des droits des peuples et des personnes. La sanction politique et judiciaire des dirigeants parasites et corrompus de la Françafrique, le rééquilibrage des termes de l’échange, du prix des matières premières, en particulier dans le cadre des accords UE-ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) sont des nécessités pour remédier aux migrations de la misère et enclencher des modes de développement autres, à caractère écologique, solidaire et équitable.

En amont, un objectif d’éducation populaire se dessine, celui de forger les conditions d’une société interculturelle ou de la diversité : il s’agit, sur la base du refus de l’assimilationnisme, du communautarisme et de l’individualisme de repli, de respecter les cultures de chacun et, par leur mise en dialogue, de favoriser l’enrichissement commun en termes de développement humain.

C’est à ces conditions notamment que les mobilisations anti-fasciste et anti-raciste
contribueront à réformer le système institutionnel, dans un sens plus égalitaire et inclusif. La promotion de ce programme altermondialiste, en complément des axes anti-libéraux traditionnels de l’association, permettra une claire dissociation à l’égard des courants nationalistes et réactionnaires. Cette démarche nécessite d’engager un travail interdisciplinaire et collectif plus poussé, articulant les questions économiques aux questions sociétales et culturelles, qui nourrissent aussi le discours xénophobe. 

Au plan de l’action, il importe qu’Attac prenne toute sa place dans les mobilisations en cours. En particulier au travers des démarches suivantes, en externe :
 le développement des échanges avec les représentants des diasporas et de l’immigration en France 
 la participation aux activités des coordinations antifascistes et anti-coloniales : VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes), CONEX (COordination Nationale contre l’EXtrême droite), Sortir du colonialisme, l’Inter-Collectif du monde arabe, le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique.….etc
Et en interne :
 la formation militante : analyse des idéologies et pratiques des extrêmes droites, développement d’argumentaires en tenant compte lors de nos campagnes, à ne pas se laisser aller dans nos discours à des simplifications abusives aux dépens d’une pensée de la complexité du monde
 la publication d’un livre inter-associatif à caractère d’éducation populaire et/ou d’un dossier dans la revue du CS, « Les Possibles » : "Avec quel programme national et transnational contribuer à faire converger les démarches anti-fascistes et anti-racistes ? » 
 le renforcement des collaborations avec les Attac d’Afrique, les membres fondateurs et partenaires spécialisés dans les questions Nord-Sud, sur les perspectives de démocratisation des relations internationales, notamment dans le cadre de la lettre électronique de la Commission internationale 
 la promotion de ces démarches lors du débat avec les Attac du monde sur l’actualisation de la plate-forme fondatrice (Université d’été de Paris, 2014).

Cette résolution est proposée notamment par des membres du CL Attac 49, de la commission Migrations et de la commission internationale

Nils Andersson, Adda Bekkouche, Djilali Benamrane, Martine Boudet, Vincent Bruyère, Claude Boutin, Dominique Chevalier, Marie Davée, Christian Delarue, Augustin Grosdoy, Abdessalam Kleiche, Olivier Labouret, Emmanuel Leclercq, Gérard Lerondeau, François Mareschal, Gus Massiah, Marc Ollivier, Evelyne Perrin, Mickaël Poiroux, Joseph Raharijezy, Serge Seninsky, Gabriel Thomas, Jean-Paul Vanhoove

Messages

  • En plein dans les problèmes d’aujourd’hui.
    Démocratie et rascisme
    Mobiliser contre le rascisme et la xénophobie , on en parle.
    On arrive à faire.
    Pour ce qui est de la démocratie, on en parle beaucoup, un
    peu partout et surtout , voire pas du tout, chez vous.
    Pourtant cela était dans vos priorités
    Trop mettent le mot démocratie à leur sauce.
    Qu’avez à dire, à proposez sur ce sujet.

    • Etant à la fois membre d’Attac et lectrice attentive des "pseudo-fachos" Soral et Dieudonné, d’un coté je milite contre le TAFTA et l’hégémonie étatsunienne, et de l’autre je soutiens la réflexion originale de Soral, en regrettant que les altermondialistes se retrouvent de fait dans le camp de Manuel Valls, ce super-facho en actes et en paroles. Pas une seule agression physique n’est portée à la charge de Dieudo, Soral et sympathisants. Cela devrait faire réfléchir les soi-disant "antifa" qui se rangent complètement du coté d’Israël et de sa politique d’aparthéid ! Il faut réviser nos vieux schémas et comprendre que la peste noire qui monte vient des Etats-Unis et du gouvernement mondial qu’ils reconnaissent vouloir mettre en place. Bien sur que nous "ramons" à faire progresser la démocratie, puisque nous continuons à mettre notre vin dans des outres percées... Notre civilisation est condamnée, même la NASA le dit, qu’aurions donc à perdre à revisiter nos nouveaux dogmes sur la famille, le féminisme, le travail, la nation, le progrès, la spiritualité, la liberté ? Non pas pour revenir en arrière, mais pour interroger nos certitudes trop bien coulées dans le béton. Avec d’autres j’aspire à une pensée vivante, moins risquée qu’on ne pense.

  • L’actualité incite en effet à renforcer la question démocratique, l’un des trois axes de l’association. Pour répondre à la montée de plusieurs facteurs corrélés, sources de crise politique : l’affairisme oligarchique que médias et justice mettent en évidence régulièrement (voir les investigations de Mediapart), la perte de légitimité des équipes au pouvoir, l’extrémisme nationaliste et xénophobe, l’abstentionnisme électoral, qui résulte comme le précédent facteur d’une démobilisation populaire (cf les récentes élections municipales)...

    Contribuer à remobiliser passe par la promotion d’un programme altermondialiste (voir "Le petit manuel de la transition") qui redonne à l’exercice politique sa pleine signification. Les jeunes, qui évoluent dans un univers multiculturel à l’école, dans les medias et leurs quartiers, aspirent à cette actualisation des objectifs d’émancipation. La démocratisation des relations Nord-Sud en parallèle à celle de l’UE, cette double dynamique est porteuse de perspectives d’avenir.

    • Ce point de vue est en effet très réjouissant !!!
      J’aimerais trop le partager avec espoir,détermination et certitude. Mais je viens de visionner un documentaire sur l’utilisation des drones et robots automatisés par la CIA sans déclaration de guerre officielle avec les états concernés dont les dégâts collatéraux portent sur des vies d’enfants et d’adolescents et dont les pratiques illégales ( exécution sans procès ) me paraissent des plus antidémocratiques pour les années et générations futures. J’attire l’attention sur ces pratiques des plus opaques sans l’aval même des responsables militaires des pays ! financées, fabriquées et commandées par des groupes privés civiles !!!! voir le site "solidarité antinucléaire" sur lequel se trouve cette vidéo.
      Ou " Comment se débattre efficacement das une société mondiale " hypersécuritaire " dont les contrôles politiques et technologiques nous échappent et n’ont aucun compte à rendre à cette société ???? Ce débât mérite au moins qu’il soit pris au sérieux ( à défaut de la personne) pour y apporter des réponses nettes et précises, il me semble.

  • Pas vraiment sur qu’un programme alter mondialiste soit la réponse pour remobiliser
    Je pense plutot que cette remobilisation passe par la reconnaissance du statut de citoyen en chacun d’entre nous.

    * de quoi vivre décement (salaire, logement, services publiques) en menant une véritable guerre à la finance mondiale

    * la possibilité de donner son avis sur les choses publiques (, d’être ecouté et entendu) et de pouvoir agir sur elles dans le sens d’une vrai justice sociale, émancipatrice et internationale en instaurant les règles d’une véritable démocratie

    * de penser aux generations futures et à notre planète

    Sans cela c’est vivre pour soi

    • Il n’y a pas d’incompatibilité entre programme altermondialiste et défense des droits citoyens et sociaux, écologiques également. A contrario, il reste à cultiver cette complémentarité, dans un contexte marqué par les nationalismes xénophobes et les replis sur soi individualistes. La démocratisation du géo-politique, qui est le terrain stratégique par définition, où interviennent les enjeux idéologiques et civilisationnels, peut contribuer à enrayer la crise des repères et des valeurs. Au niveau organisationnel, c’est un facteur de différenciation non négligeable.

    • De la part de Serge SENINSKY

      Ci-dessous, quelques réflexions dans le cadre des échanges avant la prochaine Assemblée générale.

      Attac oriente essentiellement son action autour de deux axes :
      - l’économie, depuis le début de l’Association ;
      - au fil du temps, l’environnement est venu s’y ajouter
      Ces choix sont logiques : en période difficile, l’éventail des interventions se resserre, et les domaines de l’économie et de l’environnement concernent tout le monde.

      Mais le mouvement altermondialiste peut-il faire l’économie de campagnes d’éducation populaire de même niveau en matière d’inégalités et de mouvements migratoires ?
      Des appels inter-organisationnels pour la défense des migrants (qu’ Attac signe, la plupart du temps) sont périodiquement lancés sans provoquer de mobilisations suffisantes pour peser efficacement sur les institutions ; il en va de même avec le remarquable travail accompli tous les jours par les associations de terrain ( Resf, etc) ;
      les différentes mesures restrictives globalement regroupées sous la dénomination « Europe forteresse » continuent de s’étendre et de s’institutionnaliser, sans qu’aucune inflexion ne s’entrevoit dans un futur prévisible.
      La montée de l’abstention lors des scrutins électoraux, et les votes populistes et/ou d’extrême droite en Europe aiguisent le besoin de trouver des réponses alternatives adaptées.

      De la multiplicité de textes militants émergent des propositions novatrices, comme multiplier les catégories de statuts de réfugiés (climatiques, économiques, etc) ou mettre en place une citoyenneté dissociée de l’appartenance nationale. Pour avancer il est souhaitable de de les porter à la connaissance de tous afin qu’elles soient débattues sur la place publique.
      Sous le titre «  Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous » (Les petits matins/ Seuil - octobre 2013 ) Richard Wilkinson et Kate Pickett ont produit une étude à partir de très nombreuses statistiques internationales et régionales. Il en ressort qu’en matière de santé, sécurité, éducation, environnement, une société se porte d’autant mieux que l’écart des revenus est réduit.
      De tels arguments utilitaristes et quasi scientifiques en faveur de l’égalité de conditions méritent d’être largement connus et popularisés.

      La mise à l’écart et le contrôle des populations pauvres font partie des principaux instruments de domination du capitalisme.
      Mieux vivre ensemble à l’intérieur des frontières comme au delà, devient dès à présent un enjeu primordial.

      Note de lecture :
      Dans un passionnant essai intitulé La nature est un champ de bataille Razmig Keucheyan montre que non seulement le capital est capable de s’adapter à la crise de l’environnement, mais encore d’en tirer profit, en marchandisant des secteurs de la vie sociale et naturelle jusque là à l’abri de la logique du capital.

    • merci de relayer une partie de mes observations et mes luttes.
      PS : pour être écouté, et entendu, il faudrait que tous les représentants syndicaux ne considèrent pas la démocratie réelle comme une boite de Pandorre qui leur enlèvent la possibilité de superviser et créer des demi-fonctions d’assistants de PRP !
      C’est bien ici que l’on constate une absence de pratiques communes pour défendre la démocratie dans les milieux du travail. Or la démocratie concerne tout le monde , pas seulement les représentants syndicaux. Et c’est bien mépriser le personnel que ceux - ci prétendent tous défendre, que de refuser la contribution des volontaires à la prévention des risques professionnels, sans avoir le statut de représentant syndical. Ce modèle hiérarchique rebondit à tous les niveaux. Si la République avait une charte durable de démocratie pacifique claire que tous connaissent, en particulier les représentants de l’ETAT, qui ne donne pas la possibilité à quiconque de manipuler dans l’intérêt d’un groupe en particulier (le plus souvent hiérarchique) mais pour le bien commun, alors la démocratie serait plus souvent respectée et les CHSCT serait l’occasion de les rappeler fermement et sûrement dans l’intérêt de tous car il suffirait de ressortir les textes de cette démocratie humaniste.

      Or, voilà plus de 30 ans que le corporatisme ultra- libéral, en particulier, prend le pas sur la démocratie, même si jamais les élites d’ une société à grande échelle n’y ont vraiment cru réellement en dévalorisant certains au profit d’autres. Et la population " d’en bas" l’a fortement ressentie pour l’avoir vécu parfois dans leur chair et maintenant, elle se réfugie dans l’opposition extrême FN car elle n’espère plus rien de ce système dévoyé. Je ne cautionne pas cette attitude, bien sûr, mais ils se sont sentis les premiers abandonnés, parfois même en ayant fait preuve de curiosité et de bienveillance pour une démocratie d’égalité de traitement..... Comment pourraient-ils revenir vers des structures anciennes qui leur a fermé la porte trop longtemps ?.... Cette piqûre fatale va-t-elle nous conduire au pire ?J’espère que non et que le dynamisme du FSM de Tunis pourra aussi nous redonner de l’énergie positive. Mais compter uniquement sur Tunis ou même des mobilisations des pays orientaux sans trouver des convergences avec les peuples européens me semble une grave erreur de jugement et une attitude discriminatoire envers eux surtout pour les organisations qui utilisent de manière conceptuelle ce terme en affirmant leur venir en aide.......

  • Je mentionne ici deux lectures qui me paraissent intéressantes :
     l’incontournable "Principes du gouvernement représentatif" de Bernard Manin
     "Contre les élections", le dernier essai de David Van Reybrouck