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Territoires en crise et en lutte

jeudi 16 janvier 2014, par Christian Delarue, Martine Boudet, Vincent Bruyère

Refus d’un nouvel aéroport pour la ville de Nantes sur le territoire de Notre-Dame des Landes, volonté au pays basque de stopper le déréglement climatique, refus en Bretagne d’un modèle productiviste qui met l’agriculture dans l’impasse, mobilisation anti-raciste alimentée par des représentants et jeunes des banlieues, lutte contre la vie chère en Guadeloupe…Confrontés aux plans néo-libéraux et oligarchiques ainsi qu’à leur résultante, l’austérité budgétaire pour les plus faibles, les territoires, régions ou banlieues, cherchent les voies et moyens d’une résistance. Celle-ci se manifeste sur le terrain de la transition écologique, d’un meilleur développement de l’économie locale ou de la lutte contre les disparités territoriales et les discriminations communautaires.

Ce phénomène s’inscrit en complément des mobilisations sociales et citoyennes pour la défense des acquis socio-professionnels et des libertés publiques. A l’heure des crises socio-économique et politique, ces mouvements –Lyannaj, Zone à défendre (ZAD) de ND des Landes, Alternatiba, rapport sur la refondation de la politique d’intégration…- insufflent de nouvelles dynamiques démocratiques et coopératives. La relocalisation des activités avec la forte dimension participative qu’elle implique ne s’oppose pas à une répartition égalitaire des ressources financières, des services publics et des investissements nationaux, entre autres des investissements sociaux à souci écologique. La perspective est celle d’un développement endogène plus autonome à l’égard des pouvoirs centraux, quand ceux-ci se font les courroies de transmission des oligarchies (voir les grands projets inutiles).

Concernant la mobilisation bretonne, comme l’écrit la fondation Copernic, « sera-elle récupérée par le patronat, la droite et l’extrême droite, qui réussiraient ainsi à transformer une révolte populaire en mouvement de type poujadiste ou, au contraire, seront-ils porteurs d’un refus des politiques néolibérales et d’une visée de transformation sociale progressiste ? La réponse à cette question dépendra en partie des capacités d’initiative de la gauche critique, tant au niveau local que national. »

De ce point de vue, les pistes de travail des comités locaux bretons d’Attac constituent un canevas programmatique intéressant à faire connaître et à réinvestir, sous une forme ou une autre :

  • finance/emploi/fiscalité,
  • transition du modèle agricole,
  • oligarchies et lobbies : comment instaurer une vraie démocratie ?
  • Quelle place de l’identité régionale dans le mouvement social ?
  • Quelles articulations entre région, Etat central et Europe ?

Attac accompagnera les représentants des territoires en crise et en lutte pour la construction d’alternatives, dans la perspective d’un développement plus autonome et décentralisé, en coopération avec d’autres territoires (démultiplication des ZAD, des démarches Alternatiba...). Notamment sous les formes suivantes :

  • la promotion des problématiques (inter)régionales dans le cadre de la CNCL
  • la constitution d’un groupe de travail constitué de représentants des territoires en crise et en lutte
  • la mise en place de moyens de communication spécifiques (liste de discussion, blog…) pour la mutualisation des expériences, la convergence des luttes, l’unification des enjeux de développement.

Cette proposition est proposée par Martine Boudet, Vincent Bruyère et Christian Delarue.


Documents de référence :

Messages

  • Ce que l’on nomme identité se rapporte à la culture, à la langue et à l’histoire qui perdure par delà les phénomènes d’homogénéisation, de standardisation marchande. Il faut voir que l’instrumentalisation du culturel sert le néolibéralisme et sa logique d’inégalités sociales et territoriales.

    Il a avantage à la relocalisation des activités mais en se gardant d’abonder sur un discours stigmatisant du centralisme parisien - cf à certains Bonnets rouges percevant par ailleurs des subventions issues de Bruxelles - et ce dans un petit pays comme la France. La France est grosse comme une région russe ou nord-américaine.

    La relocalisation avec sa forte dimension participative ne s’oppose pas totalement et radicalement avec le souci d’une répartition juste et réfléchie - certes en panne - des ressources financières et des investissements, du moins des investissements sociaux à souci écologique. Le refus légitime du jacobinisme ne doit pas aboutir à la balkanisation inégalitaire (légitimée ensuite par du culturel) qui voit hélas trop souvent les régions riches se maintenir comme tels face aux régions pauvres (Italie, Belgique, etc). Mais la pauvreté de développement économique n’est pas forcément mauvaise si les services publics sont eux bien présents avec la péréquation tarifaire maintenue.

    En ce sens, peut-être ne faut-il pas,par exemple, que le Massif central soit (mal) développé sur la base de la logique technocratique centrale mais le laisser aux appétits privatistes et marchands n’est certainement pas mieux. Par contre, en tout état de cause, il y aura toujours besoin de postiers, d’électricité, d’eau, d’écoles, et d’autres services publics orientés vers la satisfaction des besoins sociaux, vers la satisfaction de la valeur d’usage et non de la valeur d’échange marchand et derrière du profit (sauf pour les coopératives). CD