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Création d’une commission Culture au sein d’Attac France

jeudi 16 janvier 2014, par Emmanuel Leclercq

Cette proposition suggère la création, au sein d’Attac France, d’une Commission Culture.

Contrairement aux idées reçues, et d’après les statistiques officielles elles-mêmes, la démocratisation de l’accès à la culture n’a guère évolué en France (et encore moins en Europe) depuis l’après-guerre. Les inégalités sociales perdurent tout simplement dans l’accès à la culture. La « décentralisation culturelle » des années 80-90 a multiplié les points d’accès à la culture (mais surtout dans les grandes villes, les disparités géographiques n’ayant été que très partiellement comblées) et la « démocratisation culturelle » qui l’a accompagnée a certes reconnu des disciplines artistiques jusque-là marginales. La fréquentation culturelle a dès lors augmenté, mais pour l’essentiel au bénéfice des mêmes catégories socio-professionnelles qu’auparavant. Les couches populaires (ouvriers, agriculteurs, immigrés, et même classes moyennes) restent très majoritairement hors-culture, et certains secteurs (lecture, information) ont même vu leur accès populaire sensiblement diminuer. Pour prendre l’exemple significatif du cinéma, art virtuellement populaire par excellence, l’écart de fréquentation entre cinéma d’auteur et cinéma de consommation n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui, alors qu’il y a 30 ou 40 ans ces deux formes de cinéma coïncidaient souvent, et leurs publics également. L’art, comme forme de contestation sociale et politique, a pratiquement disparu, et la diversité culturelle est plus en danger que jamais.

La commission proposée pourrait mener une réflexion sur le sujet quant aux actions à mener pour y remédier, en analysant notamment (mais pas seulement) le rôle des médias et des industries culturelles dans ce délitement.

Cette résolution est proposée par Emmanuel Leclercq.

Messages

  • Tout a fait en phase avec le texte proposé :
    l’accès à la culture est inabordable pour une tranche de + en + importante de la population.
    L’encouragement à la création reste à l’appréciation souvent d’élus locaux qui ne sont ni sensibilisés ni formés...plus particulièrement en zone rurale ....
    le problème des intermittents : comment pallier aux dérives qui font que ce sont les plus favorisés qui bénéficient des indemnités ( cumul des indemnités et des contrats )
    etc...etc....

  • Cette commission a tout lieu d’être. Visiteur assidu des musées de France et de l’étranger je ne peux que constater le manque d’affluence lors des expositions. Évidemment, les expos phares sont bondées surtout quand il s’agit d’artistes célèbres mais quand les artistes sont moins connus où qu’il s’agit d’expositions éloignées des grands centres urbains on ne peut que constater le manque de public. Et pourquoi donc ? le prix est d’abord un frein évident car une famille modeste ne peut se payer "le luxe" (car il s’agit là vraiment d’un luxe) de dépenser de l’argent pour aller voir "des peintures" ou des "trucs qu’on comprend pas". C’est déjà une chose. Heureusement ils existe quelques musées gratuits et on ne peut que les féliciter mais ce n’est pas la majorité.
    Il faut donc envisager une éducation culturelle solide des nos enfants dès le primaire avec des visites de musées fréquentes pour que le sujet "culture" devienne aussi évident que le sujet foot ou le sujet portable ou le sujet fringues.
    Gratuité des musées plus évidente de 2 à 3 jours par semaine par ex ou totale si possible.
    La culture fait partie intégrante de l’éducation.

  • Bonjour,
    Très bonne résolution. J’adhère ! Mais... la culture est un vaste - et important - domaine et il ne faut pas oublier d’y intégrer les livres (littérature, romans, philisophie, etc... etc...) ! Les livres sont devenus très chers et par ces périodes de crise (qui durent... et ce n’est pas fini) le budget "livres" devient très lourd. Il ne faut pas s’étonner que, malheureusement, les jeunes (mais aussi les moins jeunes) achètent sur des sites tels que Amazon ou Ebay.
    Donc j’aimerais beaucoup que ce volet de la culture soit intégré au texte de la résolution... ainsi que le théâtre, l’opéra si ce n’est déjà fait ?
    Merci à vous et bonne AG !
    Marie-Claude (Strasbourg)

  • Cela me parait une bonne idée mais je ne crois pas que les freins soient d’abord matériels. Les bibliothèques municipales et médiathèques sont beaucoup plus nombreuses et mieux dotées qu’il y a 30 ans. Elles sont généralement gratuites. Lire est à la porté de tous ceux qui sont déjà lecteurs, pour qui l’écrit n’est pas un obstacle. Ceux qui fréquentent les bibliothèques sont aussi souvent les plus gros acheteurs de livres. Emmaus et les vides greniers proposent des livres pour quelques euros. Dans certaines villes des lieux sont dédiés au dépôt gratuit de livres mis à disposition de tous...les bouquinistes et soldeurs en regorgent, le net aussi..Les musées nationaux sont gratuits pour les - de 18 ans et le premier dimanche du mois pour tout le monde, très souvent aussi pour les chômeurs et différentes catégories. Les expos temporaires sont les plus fréquentées et pourtant les plus chères d’accès. Nombre de gens ayant accès à la gratuité ne vont pas dans les musées. Pour le cinéma il est éloquent de voir qu’un budget est dégagé pour les blockbusters (svt dans les multiplexes chers qui gagnent aujourd’hui plus d’argent avec les popcorn qu’avec les films)mais pas pour le cinéma culturel, d’art et d’essai.(souvent ds salles municipales subventionnées et pas chères - dans les campagnes aussi - cf ciné 32)
    La culture disait Pasolini est ce qui résiste à la distraction. La distraction c’est qui est proposé aux masses par la plupart des médias.(tv, internet etc) La culture c’est aussi ce qui permet de penser la vie, de penser sa vie, de penser le monde, de penser le politique, de développer sa sensibilité, son ouverture au monde. Dans les années 60 les MJC avaient un rôle culturel et émancipateur important, il y avait des ciné clubs etc... Tout un pan de ce qu’on appelle les bien nommées industries culturelles ne relève que de l’hyper consommation et d’une distraction crasse - qui ne laissent pas de traces dans la pensée, voire qui la neutralisent et empêchent toute critique d’un environnement aliénant et toxique. Une commission culture ne peut pas se séparer des questions d’éducation, ni de celles qui relèvent de la critique des médias et des réseaux sociaux qui captent aussi le temps et l’énergie que demandent un désir de culture, généralement sans le nourrir. Arte est une chaîne culturelle, gratuite, une des moins regardées... A mon sens la première urgence c’est de libérer les têtes, peut-être avec le réseau de résistance à l’agression publicitaire...
    la lessive publicitaire lave tellement bien les cerveaux que tout leur temps disponible est dédié à la consommation...
    les centres commerciaux grouillent davantage que les musées...les gens y vont par plaisir y dépenser en bricoles et gourmandises les quelques euros que leur couteraient un billet d’art et d’essai ou une entrée de musée...
    cf L’audimat à mort d’Hélène Risser, pour comprendre les mécanismes de déculturation des masses par les médias...

  • "Les couches populaires (ouvriers, agriculteurs, immigrés, et même classes moyennes) restent très majoritairement hors-culture"

    Cette phrase met en exergue la confusion qui est faite dans ce projet de résolution entre "culture" et "art", ou en tout cas une vision restreinte de la culture. Car imaginer qu’une partie de la population soit "hors-culture" serait l’exclure de l’humanité, ce qui n’est pas, j’en suis persuadé, l’intention de l’auteur.

    Je rappelle ici la définition de la culture de la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle de 2001 :
    "la culture doit être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social et qu’elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances"

    Je suis favorable à la création d’une commission Culture, si celle-ci prend en compte cette définition de la culture, qui sera d’autant plus pertinente pour imaginer les voies de la transition écologique et sociale de notre société dans sa diversité.

  • Oui pour la création (ou la renaissance ?) de cette commission culture, la société civile est particulièrement désarmée dans ce pays à forte prétention culturelle publique (est-ce encore une exception ?...c’est un autre débat que celui qui concerne la création de cette commission !)
    Dans le prolongement du précédent message, j’ajouterai que nous avons au delà des formidables travaux de l’UNESCO, d’autres outils récents : il existe un agenda 21 de la culture (trop peu connu), avec par exemple l’article 19 qui concerne la société civile ( www.reseauculture21.fr ), mais aussi la magnifique déclaration de Fribourg sur les droits culturels - 2007 (20 ans de travail par une équipe internationale) -il me semble que c’etait une "commande" de l’UNESCO.
    Le principal enjeux/défi me semble être celui de la démarchandisation, sans pour autant se contenter de réclamer plus de politiques publiques/institutionnelles/planifiées par un pouvoir central (même un pouvoir régional est un pouvoir central).

    C’est ce qui m’a poussé à créer les AMACCA (sorte d’AMAP Culturelles non marchande / pas de paniers individuels mais un grand panier collectif ) portée par une économie des communs, une économie de la contribution (le micromécénat n’étant qu’un levier financier pour les imposables) -
    Mais...une économie des communs implique une gouvernance rigoureusement respectueuse des participants, de leurs compétences inégales. Pour éviter de reproduire les erreurs (si courantes) il faudrait des citoyens initiés à l’identification des atteintes aux droits culturels....vaste programme (qui fait partie des priorités du réseau AMACCA).

    S’emparer des enjeux culturel c’est une nécessité, mais il faut s’armer d’outils adaptés. (et de patience). Les AMACCA sont un premier pas, mais du côté du "marchand éthique" aussi il faudrait créer des coopératives de productions portées par les usagers eux mêmes etc etc..il est en tout cas certains que cette commission culture aura de quoi imaginer.
    ATTAC est un réseau constitué, il devra être particulièrement stratégique, avancer très discrètement, afin que la culture soit l’affaire de tous...à suivre.

    Je ne promet pas d’assiduité, mais participer ponctuellement est possible (surtout à distance !)

  • Pourquoi faut-il demander l’autorisation de l’AG pour créer une commission ? Combien de commissions ainsi créées ont-elles fait flop ? Pourquoi faut-il que cela soit l’AG ou le CA qui décide la création d’une commission ?
    Il me semble que le droit doit être donné à chaque adhérents de se grouper avec d’autres qui partagent la même préoccupation pour échanger ensemble. Bien sur cette préoccupation doit être en rapport avec les orientations d’ATTAC mais ne compliquons pas les choses avec un formalisme que j’hésite pas à qualifier de bureaucratique paralysant. Si ce groupe arrive à un moment à des conclusions largement partagées et importantes pour l’activité d’ATTAC il doit pouvoir s’adresser au CA.
    Cela ne retire pas au CA la possibilité de créer une commission s’il l’estime nécessaire, mais pourquoi ce pouvoir serait-il réservé à la direction d’ATTAC ?
    Nous voulons donner plus de pouvoir aux citoyens. Commençons par donner plus de pouvoirs aux adhérents.