Contrairement aux idées reçues, et d’après les statistiques officielles elles-mêmes, la démocratisation de l’accès à la culture n’a guère évolué en France (et encore moins en Europe) depuis l’après-guerre. Les inégalités sociales perdurent tout simplement dans l’accès à la culture. La « décentralisation culturelle » des années 80-90 a multiplié les points d’accès à la culture (mais surtout dans les grandes villes, les disparités géographiques n’ayant été que très partiellement comblées) et la « démocratisation culturelle » qui l’a accompagnée a certes reconnu des disciplines artistiques jusque-là marginales. La fréquentation culturelle a dès lors augmenté, mais pour l’essentiel au bénéfice des mêmes catégories socio-professionnelles qu’auparavant. Les couches populaires (ouvriers, agriculteurs, immigrés, et même classes moyennes) restent très majoritairement hors-culture, et certains secteurs (lecture, information) ont même vu leur accès populaire sensiblement diminuer. Pour prendre l’exemple significatif du cinéma, art virtuellement populaire par excellence, l’écart de fréquentation entre cinéma d’auteur et cinéma de consommation n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui, alors qu’il y a 30 ou 40 ans ces deux formes de cinéma coïncidaient souvent, et leurs publics également. L’art, comme forme de contestation sociale et politique, a pratiquement disparu, et la diversité culturelle est plus en danger que jamais.
La commission proposée pourrait mener une réflexion sur le sujet quant aux actions à mener pour y remédier, en analysant notamment (mais pas seulement) le rôle des médias et des industries culturelles dans ce délitement.
Cette résolution est proposée par Emmanuel Leclercq.
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