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Libération immédiate de Julien Assange, fondateur de Wikileaks

vendredi 22 mars 2024, par Commission Démocratie

 
Suite à la menace d’extradition de Julian Assange dans une prison aux USA, les membres actifs de la commission Démocratie d’Attac se joignent aux autres organisations pour demander la libération immédiate de ce journaliste numérique d’avant-garde. 

Historique succinct  
Les dates clés de l’affaire Assange (source : Amnesty International)
2006  : Julian Assange fonde WikiLeaks qui permet aux lanceurs d’alerte de divulguer des documents relatifs à des scandales de corruption, d’espionnage et de violations des droits humains perpétrés par des États, tout en protégeant leurs sources. WikiLeaks est toujours en activité.
Juillet 2010  : WikiLeaks diffuse plus de 750 000 documents confidentiels. Des milliers d’entre eux concernent les activités militaires et diplomatiques américaines en Irak et en Afghanistan.
Juin 2012 : Julian Assange se réfugie à l’ambassade d’Équateur à Londres.
Avril 2019  : le nouveau président équatorien, Lenin Moreno, met fin à l’asile politique de Julian Assange. Il aura passé sept ans réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres.
Avril 2019  : les autorités britanniques l’arrêtent et le placent dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. 
Mai 2019  : les États-Unis lancent une procédure d’extradition auprès des autorités britanniques.
Février 2020  : début du procès de Julian Assange devant la justice britannique. 
4 janvier 2021  : la justice britannique rejette la demande d’extradition de Julian Assange vers les États-Unis en raison de sa santé mentale. 
6 janvier 2021  : la justice britannique refuse sa libération sous caution. Julian Assange reste en prison. 
Février 2021  : les États-Unis font appel de la décision de justice britannique et demandent l’extradition de Julian Assange.
11 août 2021  : un juge de la Haute Cour de Londres autorise les États-Unis à faire appel.
26 septembre 2021 : YahooNews publie une enquête révélant que la CIA aurait envisagé d’enlever et d’assassiner Julian Assange lorsqu’il résidait à l’ambassade d’Équateur à Londres. Si le collectif de soutien n’est pas en capacité de confirmer ces informations, elles viennent néanmoins renforcer nos doutes quant à la fiabilité des garanties américaines selon lesquelles Julian Assange ne subirait pas de mauvais traitements s’il était extradé. Selon Agnès Callamard, la secrétaire générale du collectif , cela montre à nouveau les motivations politiques qui sous-tendent l’affaire Assange.
27 - 28 octobre 2021 : audiences dans la procédure d’appel des États-Unis pour l’extradition de Julian Assange.
10 décembre 2021 : la justice britannique annule en appel le refus d’extrader le fondateur de WikiLeaks vers les États-Unis. En autorisant cet appel, la justice britannique a accepté les assurances diplomatiques peu fiables des États-Unis qui avançaient que Julian Assange ne serait pas détenu à l’isolement dans une prison de haute sécurité. Or, s’il est extradé, il risque la torture et la prison à vie. À ce stade, l’extradition n’est pas encore autorisée. 
24 janvier 2022 : la Haute Cour de Londres autorise Julian Assange à contester son extradition vers les Etats-Unis. Une bonne nouvelle. Cependant, le collectif de soutien regrette que la Cour n’ait pas pris en compte les risques de torture que pourrait subir Assange s’il était extradé.
14 mars 2022 : la Cour suprême du Royaume-Uni refuse à Julian Assange la possibilité de faire appel du précédent arrêt de la Haute Cour qui autorise son extradition. Par cette décision, la justice britannique expose le fondateur de WikiLeaks à de graves atteintes de ses droits fondamentaux.
20 avril 2022 : la justice britannique ordonne l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis. C’est maintenant à la ministre de l’Intérieur britannique Priti Patel de certifier la demande d’extradition.
17 juin 2022 : Priti Patel approuve la demande d’extradition de Julian Assange. En l’extradant vers les États-Unis, le Royaume-Uni violerait le droit international.
25 août 2022 : Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a exprimé son inquiétude sur les risques que représenteraient l’extradition de Julian Assange : « L’éventuelle extradition de Monsieur Assange et les éventuelles poursuites à son encontre suscitent des préoccupations concernant la liberté de la presse et de possibles effets paralysants pour le journalisme d’investigation et les activités des lanceurs d’alerte ». 
26 août 2022 : Julian Assange a déposé un recours en appel devant la Haute Cour du Royaume Uni contre l’ordre d’extradition signé par Priti Pattel. La question de sa santé ne sera pas abordée. Les arguments liés à sa dépression et aux risques de suicide en cas d’extradition ayant déjà été rejetés. C’est donc sur le caractère politique de la procédure lancée par les autorités américaine que la défense se fonde.
2 décembre 2022 : Julian Assange saisit la Cour européenne des droits de l’homme pour contester son extradition vers les États-Unis.
6 juin 2023 : La Haute Cour britannique rejette la demande de Julian Assange de faire appel de son extradition vers les États-Unis. Suite au rejet de la Haute Cour, ses équipes de défenses ont déposé un nouveau recours.
20 - 21 février 2024 : Suite au recours déposé par l’équipe d’Assange, deux magistrats britanniques examinent la décision de la Haute Cour : Julian Assange pourra-t-il faire appel de la décision d’extradition vers les Etats-Unis ? La justice britannique va statuer. Il s’agit du dernier recours juridique possible au Royaume-Uni dont dispose Assange contre son extradition. 
 
Notre argumentaire en faveur de son soutien :
 
1) Au nom du principe et du droit universel de la liberté de la presse :
 aucun privilège de gouvernements nationaux ou fédéraux ne peut abolir ce principe humaniste car Assange a fait en sorte que les personnes ne soient pas mis en danger par ces diffusions. Il visait avant tout la diffusion de faits véridiques et avérés concernant l’intérêt général et commun des peuples, afin qu’ils puissent se forger une opinion non partisane mais éclairée et plus objective des situations conflictuelles ou guerrières sur terre. Il tendait ainsi à leur permettre de trouver des solutions plus adéquates et rapides à ces conflits car l’information libre et non faussée concernant la mise en danger de populations reste le B à BA de la lutte contre toutes manipulations, garantissant l’honnêteté intellectuelle des gouvernements qui se doivent d’informer les peuples afin qu’ils ne sombrent pas dans des entreprises belligérantes aveugles de par le monde. Tous les préceptes humanistes de la Renaissance le confirment. Cela fait partie des grandes lignes de rupture des opposants aux dominations cléricales et royales de la fin du Moyen-Age qui ont voulu éclairer le monde sur les textes latins qu’ils ne comprenaient pas pour la plupart en traduisant les textes initiaux liturgiques dans la langue de chacun de leur pays en opposition aux pratiques de domination et d’assujettissements existantes.
 
2) Julien Assange était à l’avant -garde des moyens numériques informatifs mondiaux .
Il a eu l’intelligence et le courage bienveillant pour l’humanité de les utiliser avant que des règlementations démocratiques à destination de tous les peuples ne soient envisagées. Or, l’usage du numérique, qui permet de faire communiquer les peuples au niveau mondial, devrait garantir une diffusion d’informations factuelles protégeant les sources comme les autres médias et de manière universelle, dès l’instant où ces informations peuvent contribuer à faire connaître des éléments d’importance, voire d’intérêt fondamental pour l’avenir de ces peuples, notamment sur les causes et les usages de la force par des groupes militaires ou armés, de quelque gouvernement qu’ils viennent et sans discrimination.
 A ce jour, les gouvernements américains successifs semblent faire la sourde oreille à l’égard de cet impératif universel. Ils font même obstacle à cette exigence d’information égalitaire alors qu’ils n’interdisent pas la commercialisation mondiale du numérique. Qui plus est, Julian Assange a respecté les préconisations et la règlementation que les services de presse habituels, à qui il s’est adressé, lui dictaient. 
Aussi cette contradiction comportementale - autoriser la technique et interdire la diffusion de la nouvelle technique, plus rapide et directe - semble prouver que les gains commerciaux internationaux par le numérique sont, dans ce cas précis, privilégiés au détriment des besoins d’informer et d’éduquer les peuples convenablement de par le monde, c’est à dire démocratiquement.
 Or, dans une démocratie digne de ce nom, aucun domaine ne passe avant les autres, tous sont de même valeur et importance et doivent donc être à égalité de traitement pour que les gouvernements puissent véritablement protéger les populations, les peuples, sans discriminations. 
Par ailleurs, tous ces secteurs (militaire, médiatique, etc..) se complètent et parfois s’opposent quand des abus de la force armée, des mensonges et des manipulations par obstruction, qui ont des conséquences dramatiques sur les populations comme des crimes de guerre, sont commis. 
Dans ces cas particuliers, les délits ou les crimes se doivent d’être assumés par leurs auteurs ou par les autorités qui sont mis en cause juridiquement selon la charte de l’ONU, la CJI et la CPI ou la CJE. Les organisations et pouvoirs rétrogrades n’ont pas à être surprotégés par la force, l’arbitraire juridique ou la répression, en particulier quand ils sont aux ordres de services avec des conflits d’intérêts militaires et financiers démesurés, disproportionnés. Cela ne peut être l’expression d’une justice humaniste, démocratique et effective pour l’ensemble des populations.
 
3) En l’occurrence, Julian Assange ne sert que d’exemple de répression arbitraire  pour le gouvernement actuel des USA, un gouvernement conservateur et de la vieille école qui n’est pas capable ni n’a la volonté de s’adapter convenablement aux nouveaux moyens d’information, démocratiques et plus efficaces par leur rapidité, quand les informations reposent sur des faits avérés, non mensongers. Au contraire, ce gouvernement réprime pour que tout continue comme avant, c’est-à-dire en maintenant les peuples dans une certaine ignorance, du fait de la désinformation et d’une censure illégitime, lorsque celle-ci porte atteinte aux intérêts fondamentaux de ceux-ci. C’est une attitude obscurantiste, rétrograde et antidémocratique qui est adoptée là, pourtant par un gouvernement qui se proclame » démocratique » et prétend promouvoir la démocratie partout dans le monde depuis des décennies. L’on peut comprendre la panique de l’institution militaire qui risque de perdre partiellement ses privilèges ; comprendre permet de prendre en considération cet élément pour peser le pour et le contre, cela ne signifie pas soutenir en bloc cette institution de la République fédérale. Le gouvernement des USA se réhabiliterait en arrêtant immédiatement la persécution psychologique de Julian Assange, qui est victime d’un d’enfermement arbitraire depuis plus de 12 ans, cela afin de corriger une erreur de jugement sur l’intention de ce dernier. Celle-ci n’était pas de nuire aux USA ni à sa population mais d’émettre des informations non partisanes, factuelles et non faussées, sur les usages de nouvelles technologies militaires. Celles-là méritent d’être encadrées et parfois interdites pour que des principes démocratiques dignes d’intérêt puissent être mis en application.
 
 Conclusion : Le dossier judiciaire de Julian ASSANGE relève d’un cas de persécution d’un éditeur numérique avant-gardiste par un Etat qui ne supporte pas qu’un contrôle journalistique factuel soit effectué sur des actes de guerre. Pour résumer, ce dossier va bien au-delà de son cas personnel, il remet en cause, et à juste titre, les pratiques journalistiques gouvernementales faussement démocratiques ou d’apparence, de surface, inculquées au cours du 20e siècle, cela au nom du droit des citoyens à être informés avec des connaissances promouvant l’intérêt général des peuples, même si les vérités qu’elles comportent ne sont pas toujours bonnes à entendre. 
D’ailleurs, nous pouvons nous interroger sur le silence assourdissant des médias dominants à son sujet et pour défendre le droit à l’information partout dans le monde. Pensent-ils qu’Assange ne devait pas diffuser ces informations concernant les peuples comme le fait le gouvernement actuel des USA ? Pensent-ils qu’il n’a pas fait acte professionnel, de journalisme ? Ou est-ce parce qu’ils sont muselés par leurs hiérarchies respectives, qui obéissent à des règles devenues pour beaucoup caduques ? 
C’est pourtant LA condition pour déconstruire des récits belliqueux chimériques qui n’ont pas lieu d’être et pour faire en sorte que les peuples se libèrent de manipulations manichéennes de certains Etats (dont les moyens dissuasifs et répressifs sont bien supérieurs aux leurs), qui ôtent toute réflexion et observation critique mais objective dans le cadre des débats et des délibérations politiques. Comment peut-on alors imaginer de manière plausible que ces peuples, mis à l’écart des informations fondamentales, puissent véritablement s’émanciper de la domination intellectuelle dont ils sont l’objet et et acquérir des comportements raisonnés et plus équilibrés leur permettant de construire une paix durable ? Il y va de l’avenir des peuples et de la terre ! 

le 11 mars 2024 
Pour la Commission,
Monique Demare rédactrice