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Résolution sur la question du travail

25 janvier 2014, 13:12, par Pastureau Guillaume

Bonjour,

J’adhère complètement à l’analyse de Jean-Marie. La question du revenu de base ou inconditionnel repose sur une erreur fondamentale à savoir son financement. Le point 3 de Jean-Marie le résume bien.
L’erreur porte sur le fait qu’on détourne la finalité du travail. La vie en société n’est pas fondée, et n’a jamais été fondée, sur l’accès à un revenu mais plutôt sur l’accès à la participation aux activités collectives qui fondent la société. Si les sociétés pré-capitalistes étaient fondées sur des échanges non marchands, société de don institutionnalisée, où la monnaie prenait un autre caractère, la système capitaliste a imposé le rapport salarial, mais n’a pas imposé le travail. La question est donc l’utilité du travail qui permet de produire aussi bien des productions marchandes inutiles que des productions marchandes et NON marchandes (monétaire ou non) qui concourent à la richesse du groupe. La question qui se pose est donc de donner les moyens à tous à participer à l’activité et donc la vie en société. Et non, de poser les bases d’une segmentation de la société entre ceux qui refusent d’y participer et les autres. Et c’est là que la question du financement apparaît.
Comment finance-t-on la protection sociale ? Y-a-t-il des cotisations sociales sur ce revenu ? Le revenu de base offre-t-il des droits sociaux ? Le salaire est le résultat d’une activité. Le revenu est le salaire + les revenus sociaux de transfert. Imposer un revenu de base c’est en définitive accepter qu’une partie de la population ne participe pas aux activités nécessaires au financement du revenu. Ce qui m’amène à la question fondamentale du financement de la protection sociale. En effet, dans le cas du revenu inconditionnel, on exclue l’idée de socialisation d’une partie de la rémunération, car une part du salaire est socialisée pour financer la protection sociale. Raisonnons en termes de mutualisation et de socialisation des richesses.
Ainsi, l’idée d’un revenu inconditionnel individualise la vie en société et la désagrège, ce serait l’idée que la société n’est qu’une somme d’individus indépendants, ce qui est un retour en arrière. La protection sociale et la solidarité sont fondées sur l’idée de dette sociale et d’une forme de don/contre don. C’est la participation à la vie en société qui offre les droits sociaux, le revenu inconditionnel permet de sortir de cette vie collective.
Quelle solution ? La valorisation des activités non marchandes est primordiale, ces activités qui concrètement amènent un surplus social sont à la base d’une autre société. Il faut sortir de l’idée que la richesse est purement monétaire. La participation à la société passe par un partage total du travail, nous ne sommes plus dans les sociétés traditionnelles qui imposaient une forme de solidarité mécanique, mais nous vivons dans des sociétés complexes qui fondent une solidarité organique, où chaque membre de la société a besoin des autres. Le travail est ce formidable vecteur qui fonde nos solidarités car c’est à travers lui que se traduit les droits sociaux. Ainsi, il faut non pas réfléchir sur l’obtention d’un revenu, mais sur le lien et le rapport salarial. Cela passe par le partage entre activité contrainte et non contrainte. C’est ici que le partage du temps de travail est fondamental. Dépasser le capitalisme nécessite de remettre en cause le rapport salarial et redéfinir l’utilité même du travail vers les activités non marchandes. Ainsi, il y a aussi un distingo entre salaire, travail et revenu à réaliser. Un après capitalisme, que j’appelle de mes voeux, n’est pas la disparition du travail mais du rapport salarial et donc de la subordination du travail au capital. Le revenu de base ne s’y attaque pas, il part du principe d’un droit lié à la naissance et non à la participation à la société, et conceptuellement j’ai du mal avec cette idée. Bref, partage du temps de travail vers minimum vital, développement d’activités non marchandes contre les activités marchandes inutiles, mutualisation des richesses, droits sociaux collectifs (et non individuels), dégagement du temps non contraints et redéfinition du vivre ensemble seraient les maîtres mots d’une alternative.