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Désaliéner le travail ; se libérer de l’emploi

24 janvier 2014, 14:38, par Jean-Marie Harribey

Les trois résolutions intitulées « Résolution sur la question du travail et du revenu inconditionnel », « Désaliéner du travail pour se libérer de l’emploi » et « Résolution sur la question du travail » sont empreintes du souci de critiquer la forme dominante que le capitalisme impose à l’activité humaine. Mais leurs formulations, d’une art, remettent cause ce qui avait été acquis dans Attac au cours des dernières années, et, d’autre part sont entachées, sinon d’erreurs, du moins de considérations très contestables et très contestées.

1) Attac avait déjà adopté la position selon laquelle tout individu a droit à un revenu mais que cela ne supposait pas l’abandon de la recherche de la suppression du chômage, donc de l’objectif du plein emploi de tous ceux qui le souhaitent, et d’un emploi décent.
2) L’abandon de cet objectif et le repli sur la proposition de revenu inconditionnel ou d’existence admet implicitement que tous les individus ne peuvent pas s’insérer dans toutes les sphères de la société, faisant le miel des présupposés néolibéraux et de leurs préceptes politiques qui n’aspirent qu’à libéraliser un peu plus ledit marché du travail.
3) La proposition de revenu inconditionnel oscille entre la croyance qu’un revenu monétaire pourrait provenir d’un ailleurs que le travail collectif et celle que la société pourrait une somme d’individus décidant, seuls, de leur activité, sans qu’il y ait à un quelconque moment une validation collective, sociale, de cette activité, tout en pensant qu’une manne monétaire tombe du ciel, sans cette validation. Ainsi, il est dit dans l’une de ces résolutions : « En effet, l’énorme richesse dont nous disposons (3300 euros/ personne majeure et/ mois !), permet de donner à chacun un salaire à vie suffisant (2200 euros au moins) pour lui assurer l’autonomie nécessaire. Il nous faut utiliser ce levier d’un salaire à vie suffisant pour sortir du capitalisme. » Cela signifierait-il ou bien qu’on prend la richesse produite par le capitalisme pour sortir de celui-ci ? Ou bien qu’on considère que les revenus sont un prélèvement sur un stock préexistant, alors qu’il sont toujours un flux ?

Un adhérent internaute commentant l’une de ces résolutions appelle à l’appui de son argument le texte de Baptiste Mylondo et Michel Lepesant que j’ai sollicités pour écrire dans le premier numéro de la revue du Conseil scientifique d’Attac Les Possibles. Mais l’honnêteté commande de signaler, à côté du précédent, un texte critique que j’ai écrit. On ne peut décider d’une position aussi importante sans débat, et certainement pas à la suite d’un vote de résolution auquel les adhérents seraient appelés sans qu’il ni de lieu ni de moment pour en discuter : http://france.attac.org/spip.php?page=revue-cs&id_article=1309&id_newsletter=1 et http://france.attac.org/spip.php?page=revue-cs&id_article=1307&id_newsletter=1.

Jean-Marie Harribey