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Pré-texte d’orientation d’Attac France 2012

10 septembre 2012, 15:20, par Claude Layalle

ATTAC et son orientation
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Analyse du document « pré-texte d’orientation d’Attac France 2012
Claude Layalle, adhérent 21655

1) Le basculement géostratégique

Notre analyse doit-elle être celle qui occupe ou a occupé toutes les déclarations à gauche, y compris celles de certains candidats … juste avant l’élection présidentielle  ?
Bien entendu, cette analyse est aussi la nôtre, dans la mesure ou depuis bientôt 15 ans (eh oui, le temps passe !) nous avons largement participé au débat et fait évoluer les idées de la communauté altermondialiste mais aussi du landerneau politique.
Pour autant, et puisqu’il s’agit d’orientation pour l’année à venir, sans négliger, bien sur, ce qui se passe en UE ou dans la zone euro, ne devrions nous pas nous intéresser plus à en détail aux stratégies qui se développent chez les néo-libéraux qui sont loin de manœuvrer sur ce seul champ de bataille  ?
2) Devons-nous inscrire « refonder l’Europe  » dans nos priorités  ? C’est évidemment un objectif prioritaire pour toute la communauté citoyenne européenne, mais la nôtre en particulier  ? Avec quelle légitimité  ? Serions-nous devenu un parti politique, en ayant reçu mandat des électeurs  ? En écrivant cela, je me sent replongé dans un autre débat, pas si lointain. Nous travaillons, certes, à définir d’autres perspectives, mais à la refondation  : fichtre  ! Notre champ d’action, à nous dont le rôle n’est pas de lever des troupes révolutionnaires ni d’intervenir directement dans l’exercice du pouvoir politique n’est-il pas donner à ceux qui en ont le droit (les citoyens) ou le mandat (les politiques, les syndicalistes, les mouvements de lutte, entre autres) des analyses et des perspectives qui vont au delà de l’engagement du moment, sur des terrains que l’adversaire se prépare à occuper, en même temps ou juste après les agressions qu’ils conduisent contre nous  ? Par ailleurs, des forces nouvelles se développent qui changent la donne néolibérale  : les BRICs, Chine, Brésil, Russie en particulier, et l’influence des états-unis ne se limite pas à Wall Street. Que savons-nous, qu’analysons-nous sur leurs stratégies, sur leur influence directe sur le développement de la crise en Europe, cas particulier d’une crise mondiale, sur leur construction idéologique et géopolitique  ?
3) Nous n’en avons pas les moyens  ? Précisément, nous parlons d’un rapport d’orientation  : Faut-il orienter l’association vers une prise en charge plus globale des politiques mondiales et sur un combat idéologique et stratégique répondant à celui que nous mène le néolibéralisme  : ceci sans négliger une éducation populaire permettant de la relier au quotidien des citoyens dont nous nous réclamons ni la solidarité avec d’autres luttes  ? A contrario, nos militants doivent-ils pour exister, se brancher sur toutes les luttes locales en abandonnant le « penser global  » qui fut un temps notre doxa  ?
Et si on demandait l’avis des adhérents, non pas seulement sur un vote bloqué sur un document d’orientation mais sur des questions précises, engageant notre orientation  ?
4) La dernière fois qu’on l’a fait, c’était pour notre engagement dans le combat contre le TCE  : les adhérents ont répondu « présents  » à 70% et cet engagement volontaire est certainement pour quelque chose dans notre motivation et notre succès du moment.
Et si on renouvelait l’expérience  ? Pour le traité budgétaire c’est déjà un peu tard et c’est sans doute dommage, mais les occasions ne manqueront pas en 2013 et par la suite.
5) L’autre priorité, c’est la transition écologique
Vrai, cent fois vrai, et plus encore peu-être que nous le pensons  : Il ne suffit pas de dénoncer l’économie verte, il nous faut réfléchir sérieusement, et avoir le courage de nous engager sur le débat entre croissance et décroissance, ou en d’autres termes sur une évolution sociale et économique ne reposant pas seulement sur le travail et la productivité du travail  : Le danger qui se profile, c’est de voir se développer une ou des guerres pour la possession de ce qui ne sera un jour pas suffisant pour tous, ou de voir des oligarchies évoluer vers des dictatures. Déjà, les pouvoirs financiers s’y préparent, la militarisation est déjà perceptible. La seule chose dont la Grèce ne manque sans doute pas aujourd’hui est d’armements, de soldats et de policiers.
Que mettons-nous en place pour que ce sujet devienne celui d’Attac France, des comités locaux et des adhérents isolés avant d’être celui du « grand public  »  ? Favoriser les initiatives locales, est-ce suffisant  ? Et comment  ?
6) La démocratie comme moyen et comme finalité
«  nous sommes convaincus que la démocratie c’est à dire la capacité des citoyens à délibérer et trancher sur les choix qui les concernent est au cœur de toute démarche de transformation sociale et de préservation de la nature  » : C’est par cette déclaration que débute ce chapitre fondamental et un peu plus loin il est question de «  faire d’Attac un laboratoire démocratique   »... après quoi il est question de « élargir et diversifier le conseil scientifique, affermir nos liens avec les organisations fondatrices d’Attac et donner une impulsion nouvelle au collège des fondateurs..  »
… rien, aucune proposition vers l’orientation pour une démocratie élargie aux comités locaux et au delà aux adhérents  !
Le constat est pourtant là  : si nous subissons comme toutes les associations ce qu’il est de bon ton d’appeler « la crise du recrutement dans les assos   », Attac voit arriver chaque année de nouveaux adhérents … mais beaucoup ne renouvellent pas l’adhésion l’année suivante.
Sauf dans quelques Cls mieux organisés, l’adhérent lambda est laissé dans la nature, à l’exception du « ligne d’Attac  » mensuel qui lui amène la bonne parole venant « d’en haut  ». Ainsi, à la date anniversaire de son adhésion, il pourra légitimement se demander pourquoi re-adhérer  ? A quoi sert-il dans l’assos  ? Il aura sans doute mieux à faire  : s’il adhère à un club de boules, il le fera pour jouer aux boules, tandis qu’à Attac …
Bien sur, c’est de sa faute  : Il n’a qu’à venir aux réunions du comité local, il arrive même qu’on lui en indique les coordonnées et il pourrait même, s’il ne souhaite pas venir au local, s’inscrire dans une commission nationale ouverte à tous les adhérents. Il peut même se présenter comme candidat au CA national.
L’ennui, c’est que ce n’est pas comme cela que ça marche  : Pour que la démocratie fonctionne dans une communauté il faut souvent que ses militants, fussent-ils simples animateurs, utilisent tous les moyens possibles pour aller chercher l’adhérent en lui proposant un minimum de participation. Rien de cela n’est spontané  : chaque démocratie est une construction politique propre à la communauté concernée  : Il ne faut pas espérer que tous ses membres y participent, mais ils le feront d’autant plus qu’ils auront l’impression de compter pour l’association.
… d’ou le souhait que les positions d’Attac ne s’élaborent pas uniquement au CA avec les fondateurs et le CS mais aussi avec consultation périodique des adhérents sur les problèmes sensibles, et de comités locaux dont les initiatives mériteraient parfois d’être relayées plus largement.
Dans les perspectives d’orientation d’Attac, on pourrait par exemple proposer un aménagement des structures et des listes d’échange en vue d’améliorer du fonctionnement horizontal des CL, en créant une liste d’échanges et de dialogue permanent entre CLs en dehors des CNCL, permettant d’arriver en CNCL avec des projets déjà en partie élaborés, à proposer ensuite au CA et une recherche de participation des adhérents comme déjà proposés au point 3.
On pourrait aussi organiser des sessions de formation pour les CL débutants ou dépeuplés pour les aider à reconquérir une base d’adhérents, en développant des activités participatives.
7) Au fond, la question posée par ce débat sur le projet d’orientation est la suivante  :

Attac France doit-elle se développer indépendamment de ses adhérents et des comités locaux, ou avec eux  ?