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Négociations officielles. Le Brésil a présenté son texte

dimanche 17 juin 2012, par Genevieve Azam

Premières notes de décryptage

Le texte du Brésil est disponible depuis cette nuit. Il a été accepté comme base de négociation en assemblée plénière par l’ensemble des pays. Il comporte 60 pages et 287 §. Voici seulement les premières analyses, que nous devons poursuivre.

Ce texte est un recul concernant l’articulation des questions sociales et environnementales. La notion de justice environnementale n’y figure plus et la référence au travail décent est très vague. En revanche le texte revient à de multiples reprises sur l’efficience économique, sur la croissance économique (26 fois), sans que ne soit mentionnée une seule fois les limites de la planète et des ressources. Il ne comporte aucun chiffre, aucun calendrier, aucun processus à venir.

Sur les points spécifiques, l’eau n’a plus de chapitre particulier, elle est avec la souveraineté alimentaire, § 120 et 121. Et dans la succession des paragraphes, alors que le droit à l’eau était le premier paragraphe du chapitre eau, coiffant tout le reste, ce droit ne figure que dans le troisième paragraphe consacré à l’eau. Le texte dit : « nous reconnaisons nos engagements pour le droit à l’accès.... » mais le nous, c’est-à-dire les gouvernements, n’ont pas d’engagements pour le droit à l’eau et à l’assainissement. Nous demndons que soit écrit : « Nous reconnaissons le droit à l’eau » et non la reconnaissance d’engagements qui n’existent pas !
La souveraineté alimentaire est traitée à partir du rôle des marchés, de l’accès au crédit et aux services financiers. Les pratiques d’agriculture paysanne, vivrière, sont mentionnées bien après, en fin de § 109. Et le § 110 et suivants repartent sur l’organisation des marchés.

Ce sommet devait aboutir à des décisions importantes concernant le droit à l’énergie pour tous, et la transition énergétique. La partie énergie a été considérablement allégée. La pression des producteurs de pétrole semble bien avoir réussi. Pour la petite histoire, le Qatar dispose ici de plus de 100 représentants dans les délégations officielles.

Concernant l’économie verte, l’essentiel de l’ancien texte est repris.
Un accord pourrait être trouvé sur les océans, mais il pourrait inclure la valorisation de la biodiversité marine. Rien sur le problème de la pêche et la reconnaissance de la pêche traditionnelle, comme solution et non comme problème.
Pour les financements, il n’est question que de financements innovants, sans aucune mention de la taxe sur les transactions financières.
Il est mentionné la reconnaissance des partenariats public-privé, comme outils essentiels pour le développement durable. Enfin, « nous encourageons les pratiques responsables du business comme celles promues par le Global Compact » (qui regroupe les plus grandes multinationales du monde), article 44.

La stratégie de la présidente du Brésil au G20 semble être d’obtenir quelques financements pour l’économie verte, de manière à obtenir un consensus sur le sujet et à conserver le chapitre controversé sur l’économie verte. Le Brésil accélère actuellement les négociations, laissant entendre que les négociations sont terminées, qu’il faut finaliser, et n’accepte de revenir que sur quelques points.