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Comment la forêt peut faire revenir l’eau et restaurer le climat

un exemple au cinéma dans « le sel de la terre » de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado

samedi 29 novembre 2014, par Daniel Hofnung

La terre, actuellement saccagée et mise à mal, peut être belle à nouveau : le film de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado, « le sel de la terre », en montre un exemple réussi.

Avec le réchauffement climatique, nous constatons la dégradation croissante de notre environnement : zones asséchées, événements climatiques violents, érosion des sols, inondations catastrophiques.

La solution couramment avancée est la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, la solution apportée dans la vallée du rio Doce, au Brésil, à plusieurs des phénomènes évoqués plus haut a montré qu’ils avaient d’autres causes, humaines elles aussi.

La déforestation intervient de manière majeure : elle est à la fois cause d’érosion des sols – avec la perte du couvert végétal – de réchauffement de la température (un arbre est un climatiseur naturel, par l’évapotranspiration des feuilles, il fait plus frais en forêt l’été) et de modification du cycle de l’eau (allant jusqu’à la disparition de sources, les racines des arbres favorisant l’infiltration de l’eau de pluie).

Dans le « le sel de la terre », la première partie est consacrée au travail du père de Juliano Salgado, le photographe Sebastião Salgado, avec ses photos de la condition humaine dans quelques uns des pires épisodes de la deuxième moitié du dernier siècle. Le film bascule après la mort de son père qui exploitait une grande ferme d’élevage dans l’État du Minas Gerais, dans la zone de l’ancienne forêt pluviale tropicale atlantique.
La déforestation ainsi que l’exploitation d’une mine de fer avaient laissé un

photographie : instituto terra www.institutoterra.org/

paysage désolé, sans eau, un sol fortement érodé.
Il rachète la ferme à sa famille, et avec sa femme, prend la décision de restaurer la forêt. Dans ce but, ils créent l’ « instituto terra » en avril 1998 avec des partenaires.

Soixante pour cent des premier arbres plantés, en décembre 1999, meurent, puis, pour les seconds, ce n’est plus que quarante pour cent. Ensuite la forêt s’est installée peu à peu, l’érosion a été stoppée par la végétation, puis

photographie : instituto terra www.institutoterra.org/

la zone a connu une métamorphose remarquable : avec le retour des arbres, l’eau a coulé à nouveau, et des espèces animales risquant l’extinction ont trouvé refuge dans la nouvelle forêt. [1]
Au bout de 12 ans deux millions sept cent mille arbres ont été plantés, une forêt luxuriante couvre près de 7.000 ha, et alors que les sources étaient asséchées, huit sources naturelles coulent à nouveau : leur débit atteint 20 l/mn, même en période de sécheresse.
L’institut a formé et sensibilisé de nombreux enfants, développé des formations sur l’environnement et a créé un centre d’études sur la restauration des écosystèmes. Il forme des agriculteurs aux méthodes des restauration de la nature à l’aide de la reforestation. Les agriculteurs environnants sont intéressés, car ils n’ont plus d’eau et des terres érodées : « sans eau, pas de plantations, pas de vie ». La plantation d’arbres fait revenir l’eau, les prairies desséchées sont restaurées, et les vaches donnent à nouveau du lait, procurant des revenus réguliers aux agriculteurs.

Vidéo : http://www.institutoterra.org/eng/midiaGalery.php#.VHJNFI-dknn
Instituto Terra - cliquer sur Institutional Video [English Subtitles]

Le travail mené par l’Institut, selon eux, peut servir de base dans le monde entier : les grands problèmes qui se posent aujourd’hui sont ceux du climat et de l’eau. Or, leur expérience prouve que « nous créons l’eau et le climat par le moyen de la forêt »

Voila une belle alternative face au changement climatique, un exemple de contrée qui était devenue aride par l’action de l’homme (déforestation, élevage extensif, mine de fer), qui est redevenue une forêt luxuriante par une autre action de l’homme, positive celle-ci.
L’eau, qui avait disparu, est revenue.
Notre développement productiviste est synonyme d’écocide (disparition d’espèces vivantes). Ici, la restauration de la forêt a fait revenir plusieurs espèces animales menacées d’extinction, qui ont trouvé un refuge sûr dans cette forêt.

Oui, il existe des réponses positives au changement climatique. L’exemple brésilien de restauration de la forêt dans la vallée de la rivière Doce,les exemples en Slovaquie, au Rajasthan ou ailleurs le montrent : la restauration du cycle de l’eau est possible et elle a des résultats bien supérieurs à ce qu’on peut imaginer.

Ce ne sont pas les fausses solutions que proposent les conférences officielles : le marché carbone, les droits d’émission, le mécanisme de développement propre... qui résoudront le problème du réchauffement climatique, pas plus que les nouvelles méthodes comme le REED (Reducing Emissions from Deforestation and forest Degradation) ou la Climate Smart Agriculture mené avec des solutions proposées par les multinationales3.

Ce n’est pas non plus la seule réduction des émissions de gaz à effet de serre, même si elle est nécessaire.

C’est avant tout la rupture avec le développement actuel, la création de nouveaux rapports entre l’homme et la nature, respectant celle-ci au lieu de la détruire et de l’asservir.

C’est la restauration du cycle de l’eau, modifié partout par des aménagements destructeurs ou la croissance urbaine.

C’est la mise en œuvre, partout, d’alternatives au système actuel, avec pour perspective une belle planète, revivifiée, où il fera à nouveau bon vivre.


[1il y a d’autres références sur le site d’instituto terra : formation...