Accueil > Groupe Société-Cultures > Articles (Société-politique) > Voter ou garder notre pouvoir pour créer notre monde ?

Voter ou garder notre pouvoir pour créer notre monde ?

Evelyne Perrin membre du CS

lundi 28 novembre 2016, par Groupe Société-Cultures

On a droit aux primaires de droite ou de gauche - au cas où vous voyez une différence majeure entre les deux...- celle de la droite le 27 novembre, puis celle du PS ( parti qui usurpe le nom de Jaurès, et appelé par certains « Pourris Salauds »... )

alors qu’on sort à peine de sept mois de lutte acharnée contre la « loi » Travail ( non votée) ET son monde, qu’on vient de se prendre dans la gueule cette saloperie, et en plus 725 procès depuis février avec des peines de prison, souvent contre de simples manifestants, des salariés ayant voulu garder leur usine, des soutiens à des réfugiés, des colleurs d’affiches et des citoyens se trouvant là au mauvais moment...

POURQUOI ENCORE VOTER ?

DÉNONÇONS UNE DÉMOCRATIE TRUQUÉE  - qui n’a plus de représentatif que le nom - ex le 49.3 pour imposer des "lois" sans vote, dans ce cas, autant alors supprimer le Parlement, ça fera économiser un demi million par an de salaires et indemnités (connues) de député et sénateur, qu’on pourra filer aux hôpitaux et universités, etc... [ Multipliez ce montant par le nombre de députés et sénateurs qui cumulent et sont absents au Parlement, vous aurez une somme hallucinante ]

CETTE DÉMOCRATIE EST ARCHAÏQUE
Le système dit "démocratie représentative" né après la Révolution de 1789 ou celles qui lui ont succédé a été imaginé non par le peuple, qui, lui, a fait ces Révolutions, mais par des intellectuels et bourgeois certes pleins de bonne volonté, mais il date déjà de plus de deux siècles, et fut conçu à une époque où une grande partie de la population ne savait pas lire, avait besoin de porte-paroles, etc..
CETTE DÉMOCRATIE EST doublement ARCHAÏQUE à l’heure d’Internet, où l’on échange en direct, où on va tous à l’école, et à une époque où l’ABSTENTION est massive... et on la comprend : comment persuader des jeunes de voter ???? vu les résultats ...
Cette soi-disant démocratie « représentative » NE REPRESENTE PLUS PERSONNE
puisque ce système ne prévoit AUCUN MANDAT IMPERATIF, AUCUNE SANCTION en cas de DETOURNEMENT DE VOTES, délit, voire crime, qui devrait être créé et puni de prison... Voter ne sert plus à rien, vu la corruption des élus... Si le vote servait à changer de système, il serait interdit ! Il ne sert qu’à reproduire l’élite politique et financière qui nous « gouverne » - certains diront : qui nous baise la gueule tous les jours- en se remplissant les poches, et qui nous demande de dire MERCI... D’ailleurs depuis bien longtemps, au Parlement, il n’ y a plus un seul ouvrier, ni un seul paysan, ni un seul chômeur, et très peu de gens discriminés par l’origine.. On y trouve peu de femmes, et ils sont quasi tous des fonctionnaires bien payés, coupés des réalités (cf "le prix du pain au chocolat, connais pas" ), bien cravatés et en costard pour mieux nous cravater..Et ça va nous représenter ça ???

VOTER ...???? Allons, allons...en échange de quoi choisir ceux qui vont nous baiser ?
avec quelle sanction .. ? Aucune aujourd’hui même en cas avéré de trahison du vote des électeurs, quelle révocation immédiate pour trahison électorale ????
Relisons Henri Guillemin ou Florence Gauthier, qui nous rappellent que la Commune de Paris avait mis au point la désignation
sur une BASE D’INTERCONNAISSANCE DE PROXIMITE, à savoir les communes
- de DELEGUES ou MANDATAIRES AVEC MANDAT IMPERATIF
et bien sûr REVOCABLES à tout moment par les Assemblées générales populaires
seules décisionnelles.
 REVENONS A LA REVOCABILITE IMMEDIATE DES DELEGUES ELUS
sur décision des Assemblées générales du peuple seules décisionnelles. Il n’y a pas d’autre démocratie.

Et que peut être une démocratie fondée sur de terribles inégalités d’accès aux biens ? A cet égard, il faut relire BAKOUNINE, pour qui, en 1869 donc à la veille de la Commune, « l’’émancipation économique des travailleurs ne peut être que l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes... ».
L’émancipation seulement juridique ne sert à rien sans abolition de la propriété privée, sans gestion en commun et entre égaux et au vu et au su de tous des ressources communes... Et il ajoutait : «  cette émancipation économique des travailleurs est IMPOSSIBLE dans le système actuel  » qui, en 1869 comme aujourd’hui, perpétue la domination des possédants et du capital sur le reste de la population...

Y A MIEUX QUE VOTER...

CESSONS DE DONNER A D’AUTRES NOTRE POUVOIR
GARDONS LE ET PARTAGEONS-LE ENTRE EGAUX

pour gérer - autogérer - nos biens communs (terre, eau, air..)
ceux qui permettront peut-être encore de vivre et de respirer à nos enfants et petits-enfants (?)
Ceux-ci, s’ils sont encore en vie grâce à nos luttes pour un autre monde, ce dont on peut commencer à douter, comme des espèces "protégées" eux aussi, iront cracher sur les tombes de ces enculés de juges de la Cour Administrative d’Appel de Nantes aux ordres de l’ordre, pour leur magnifique rejet en 5 minutes de 5 recours fondamentaux déposés au nom de la protection des espèces et de l’eau, le 12 novembre 2016...

Garder notre pouvoir, le partager entre égaux, le transformer en puissance collective d’agir, capable par la discussion et l’autogestion de régler des désaccords graves, des conflits d’intérêts, de gérer aussi ceux parmi nous qui vont mal... c’est possible !
IL n’est que de prendre exemple sur ces territoires libérés de l’Etat (un ETAT devenu le bras armé du capital) :
-des terres autogérées gagnées par la lutte, comme le Chiapas et d’autres, comme ces ZADs ou zones d’aménagement différé de grands projets inutiles transformées en Zones A Défendre...
 des usines reprises par leurs salariés et transformées en coopératives, de l’Argentine à l’Europe, comme les Fralib, Cf le film « 1336 mais toujours debout »
des centres sociaux, des dispensaires autogérés comme en Grèce et en Espagne – Cf le très beau film de Yannis Youlountas « Je lutte donc je suis » sur toutes ces expériences...

C’est au monde que nous voulons que dès aujourd’hui, Ici et Maintenant, nous travaillons, et quelle que soit la violence que nous oppose un pouvoir politique dénaturé et vendu, aux ordres du système, échappant à tout contrôle citoyen et à toute sanction, pour nous et nos enfants, on lâchera pas !
oui, le vote piège à cons qui consiste à choisir entre deux dominants le soit-disant "moins pire", eh ben je préfére encore avoir en face de moi le pire du pire
et l’attaquer non plus par le vote, qui ne sert à rien - s’il présentait le moindre danger pour eux, il serait interdit !- mais par tout autre mode d’action intelligent et adapté à l’air (facho pourri) du temps !
Tirons les leçons des luttes précédentes (CPE, LRU, Retraites... et « Loi » travail … non votée en mai, imposée par 49.3)...

 CHANGER totalement nos modes d’agir
 abandonner :
- le « vote / piège à cons »
- la manif piège à con mais plus encore risque grave de mutilation, GAV et procès
- la pétition, les « cahiers de doléances » humiliants car plus le temps de pleurer, de quémander, et en plus ils s’en moquent (Cf. ceux rassemblés par ACLEFEU...)

 s’adapter à leur propre changement de stratégie,
être intelligents et inventifs
ne JAMAIS leur dire où on va et pourquoi, même les manifs autorisées sont devenues leur outil
devenir invisibles, imprévisibles, insaisissables
 passer aux actions qui les empêchent de faire leur beurre : bloquer là où le capital fait son fric.
 Exemple à suivre : la campagne de soutien à la Palestine BDS
= BOYCOTT DESINVESTISSEMENT SANCTIONS
pour la Palestine, bilan positif, ça a des effets même sur un Etat aussi puissant qu’Israël...
 
1. BOYCOTT et DESINVESTISSEMENT
On est des consommateurs, des spectateurs de télé pour nos parts de cerveaux disponibles
on peut résilier et jeter nos téloches
on va acheter leur merde en supermarché, on peut passer en circuits courts et bio
on va dans les stades de VINCI, on va en parc de loisirs se faire parquer, on peut boycotter ou occuper
on paie nos péages VINCI sur les autoroutes privatisées qui devraient être à nous et qu’on peut BLOQUER... lever les barrières et laisser passer les automobilistes, rien de plus facile si on se tire avant que la police ne débarque
on a nos sous dans des BANQUES qui s’enrichissent dessus, nous prélèvent frais et agios monstrueux, on peut en sortir, faire du bitcoin ou des monnaies locales,
se retirer, quitter EDF et GRDF pour des SCOOP comme Energie Partagée, Enercoop..
BREF...
 
2. SANCTIONS
 Il y a tout un champ à ouvrir sur les plaintes collectives
les "class actions"... Il nous faut éplucher les lois
il faut ATTAQUER en justice pour CONFLITS d’INTERETS nos élus pourris payés par les lobbies
il faut attaquer pour mise en danger d’autrui les membres de nos assemblées et de la Commission européenne corrompus à douze casquettes en même temps, couchés aux pieds des lobbies...
Certes la justice est aux ordres du pouvoir, eh bien on peut même sans se faire d’illusion encombrer à notre tour les tribunaux : ça leur fera perdre un temps précieux occupé à pourchasser nos amis et nous-mêmes.
Là encore, Bakounine - que nous ne suivrons pas jusqu’au bout dans ses propositions d’organisation en Parti du peuple - ajoutait que pour cela, il faudrait détruire TOUTES les institutions actuelles : ETAT, BANQUE , ADMINISTRATION, ARMEE ET POLICE... devenus les bras armés du capital, de la finance, de la caste des possédants exploiteurs du travail d’autrui... eh bien, allons-y !
et même si le capital est mondialisé, revenons A la base locale,gérable et décryptable
ICI et MAINTENANT (Cf Miguel Benasayag)
 
II – Démocratie communale et souveraineté populaire effective
Cf exposé de Florence Gauthier, Colloque Henri Guillemin et la Commune-
"Le moment du peuple" (Univ Paris-Diderot 19 novembre 2016)

L’intérêt très actuel du travail d’Henri Guillemin sur la Commune de Paris est de montrer comment le peuple de Paris, en insurrection à partir du 18 mars 1871, et sous la menace de l’invasion prussienne, invente des modalités de gouvernement du peuple par le peuple dont beaucoup de profit peut être tiré aujourd’hui, dans ces lendemains de mobilisation exceptionnelle, huit mois durant, contre la « loi » Travail en France et de l’émergence du mouvement Nuit Debout !
Le 18 mars, le Comité central de la Garde Nationale de Paris lance un Appel à l’élection de la Commune de Paris, avec la volonté d’inaugurer une véritable démocratie communale, fondée sur un système de souveraineté populaire effective. Cet Appel est à relire aujourd’hui, et en le résumant, il dit : « Les hommes que vous choisirez seront des « commis » de confiance, que vous connaissez, vivant comme vous, et souffrant des mêmes maux. Ils devront être résolus, honnêtes, avoir le sens du droit. Ce seront vos mandataires, révocables à tout moment, sous le contrôle et au service de ceux qui les ont désignés ; mais n’élisez pas ceux qui brigueront vos suffrages spontanément. »
Ainsi sont élus le 25 mars 1871 les membres du futur Conseil Municipal de la Commune de Paris. Comme le souligne Florence Gauthier, il ne s’agit pas d’ une « assemblée nationale », mais d’une Chambre nationale de mandataires locaux, venus de communes diverses, et révocables à tout moment par ceux qui, dans cette commune, les ont élus, ce qui suppose une forte organisation communale. La Commune républicaine est une fédération de communes, où le droit de la cité est aussi important que le droit de la nation. Dans une effervescence et avec une inventivité inouïes, les Communards partent de l’existant, la reprise de son pouvoir par le peuple de Paris, et misent sur l’extension du mouvement partout sur une base communale.
Comme le souligne également Florence Gauthier, la Commune ne sépare pas l’Etat et la société1. Celui qui décide des lois , le « souverain », est le peuple, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens, et il le fait soit directement par l’insurrection, soit en élisant des mandataires sous contrôle permanent des électeurs. Ces mandataires sous contrôle des électeurs constituent le pouvoir législatif. Le pouvoir législatif détient le primat sur le pouvoir exécutif, et il contrôle en permanence l’exécutif, ce dernier fonctionnant sur la base de commissions de travail2, dont les délégués se réunissent ensuite.
C’est donc un système de démocratie ou de souveraineté populaire effective, à l’opposé de la démocratie dite « représentative » sous laquelle nous vivons encore, dans laquelle les candidats aux élections ne sont pas choisis par le peuple mais par les partis, et sont donc les mandataires de leur parti et non du peuple, et où le peuple n’est « souverain » que le temps des élections... Pour bien attester de ce mode de démocratie, l’article 3 de la Constitution de … édicte : «  La souveraineté nationale appartient au peuple par la voix des élus ou par référendum ». Dans le régime de « démocratie représentative » actuel et dominant, l’Etat est donc séparé de la société. Les exemples deviennent nombreux où l’Etat fait la guerre à la société.

[Mon commentaire :
Le niveau exceptionnel de répression policière et judiciaire atteint par le gouvernement « socialiste » actuel contre toute expression d’opinion, participation à manifestation publique, soutien à une entreprise menacée de fermeture, soutien à des réfugiés, ainsi que la prolongation répétée de l’« état d’urgence », est une bonne illustration de ce détournement de la démocratie et de l’entrée en guerre de l’Etat contre la société.
Par contre, la détermination montrée par une partie du peuple - des classes populaires et moyennes, de la jeunesse - contre cette domination, l’effervescence, la richesse des alternatives au système dominant sous nos yeux en France, en Grèce, en Espagne, en Wallonie, et ailleurs...- ce que Manuel Valls, premier Ministre, nomme « le kyste de la résistance » à propos de la lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes – est la preuve que la résistance reste vivante et se nourrit des avancées réalisées dans chaque mouvement social successif .]

III- Le rôle clé de la guerre pour mater une insurrection du peuple : de 1870 à 1940
Exposé d’Annie Lacroix-Riz à partir d’Henri Guillemin
Nombre d’ouvrages d’Henri Guillemin sont très révélateurs de l’utilisation de la guerre, y compris de l’invasion extérieure et de la capitulation alors négociée, pour mettre fin à l’insurrection du peuple. Comme le développe Annie Lacroix-Riz, ce fut le cas en 1870 comme en 1940. Dans les deux cas, des négociations secrètes sont menées par les généraux représentant les classes dominantes effrayées par l’insurrection populaire de la « canaille », et l’invasion extérieure sert les intérêts des ces classes lorsqu’elle est menée afin de tuer les « passions subversives des couches subalternes de la population ». La « capitulation » est alors négociée sans aucun fondement militaire, des stocks d’armes et de nourriture, des bataillons entiers étant livrés à l’adversaire, afin de «  protéger la société, et contribuer à l’avènement d’un pouvoir régulier et légal »...comme le 10 octobre 18703.
Mais c’est aussi la démonstration que fait en 1918 l’essayiste américain Randolph Bourne en rédigeant le premier chapitre d’un ouvrage resté inachevé suite à sa mort : « La santé de l’Etat, c’est la guerre » (Le Passager Clandestin, 2012). Il y montre comment, par le jeu d’une diplomatie secrète, l’Etat capitaliste prépare la guerre sans aucune consultation populaire, et la justifie après coup par des arguments moraux. Il montre aussi – ce qui là encore est d’une brûlante actualité – que l’Etat recourt à la guerre pour anéantir toute contestation à l’intérieur de ses frontières, au besoin par des lois d’exception.

Exemple :
Appel du 27 novembre 2017 devant les bureaux de vote des primaires de la droite !

Jury Citoyen Debout et les Villes Nuit debout Bayonne, Nantes, Rennes… lancent un appel à l’occupation de l’espace public face aux bureaux de vote des primaires de la droite (mairies…)
le 27 novembre 2016 à partir de 14h. Venez tous : militants des luttes, mouvements citoyens ou simples passants désabusés du système politique actuel. Faites l’action que vous voulez. Mais soyez présents, debout et acteur de votre vie.
Le changement du système ne passera que par un rapport de force entre les citoyens et le monde politique.
Entamons la montée de cette force. Ne laissons plus l’oligarchie nous gouverner. Ne donnons plus notre voix, mais prenons la parole. La politique, c’est vous !

Evelyne Perrin
Contact : evelyne.perrin6@wanadoo.fr
17 novembre 2016