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Démocratie, gouvernement, agir politique

Evelyne Perrin membre du CS

vendredi 22 juillet 2016, par Groupe Société-Cultures

Démocratie, gouvernement, agir politique
Dimanche 10 juillet de 13H à 14H30
Forum-Débats de Notre-Dame-des-Landes 9 et 10 juillet 2016
animé par Evelyne Perrin (CS d’ATTAC)
[thème 1.1. Démocratie représentative axe I « Institutions et démocratie »]

ATELIER "DEMOCRATIE, Gouvernement, Nouvel agir politique"
autour des questions suivantes :
 Qu’est devenue notre soi-disant « démocratie » ou gouvernement du peuple par le peuple ?
 Crise du système représentatif et des partis, crise du concept de projet
 Des alternatives territorialisées, concrètes, ici et maintenant, en redéfinition permanente
 Une autre conception de l’institution et retour du commun
 De nouveaux modes d’action politique, en théorie et en actes


Intervenants sollicités :
 Chercheurs :Alain Brossat, Fabien Escalona, Pierre Dardot, Christian Laval, Pascal Nicolas Le Strat, Josep Rafanell I Orra , Jean-Louis Sagot-Duvauroux
 Citoyens : « zadistes » de Bure, d’EuropaCity, de Sivens...collectif Mauvaise troupe
 ________________________________________________________________
Quelques remarques introductives :

Nous sommes tous conscients de l’enjeu énorme attaché à ces rencontres
et à l’importance pour nous de voir aboutir notre combat commun contre l’aéroport et son monde et voir s’ouvrir cette fenêtre, cette brêche donnant l’exemple d’une autre vie.

Nous savons tous que, sur la ZAD de NDDL comme dans d’autres lieux autogérés et réappropriés - que ce soient des usines transformées en SCOP comme les Fralib - 1336 SCOP-TI et d’autres, ou des zones à défendre contre de grands projets de ces multinationales en collusion étroite avec la grande majorité de nos élus hélas, et comme ce qui se passe chaque jour et soir dans les Nuit Debout ! de Paris et d’ailleurs depuis le 31 mars nous le montre :
il naît une nouvelle génération et un autre style d’agir politique dans des Lieux ou des Terriroires précis, et s’inscrivant dans des luttes concrètes qui créent du commun et de la solidarité par l’échange, l’autogestion, la lente confrontation d’intérêts et d’idées.
(Cf Miguel Benasayag : "De l’engagement dans une époque obscure", avec Angélique Del Rey, Paris, Le Passager clandestin, 2011).

Notre jeunesse a parfaitement compris, dès le lycée, plusieurs des traits caractéristiques de notre époque, semble-t-il avec un train d’avance sur notre classe politique et même sur une partie des syndicats , que :
 Ce monde est pourri et va à la catastrophe sociale et écologique, et au final humaine. En attendant, Ce système de profitabilité sans limite et de domination ne fera place qu’à une infime minorité d’entre eux - au prix de faire du boulot de merde, destructeur des hommes, des animaux, des terres, des mers... juste pour plus de fric pour les 10 % qui nous dominent... si nous le consentons -
 Nos institutions héritées du 19è siècle, nommées « république » et « démocratie », sont fondées sur la délégation de pouvoir par l’élection, sur la représentation sans contrepartie ni garantie. Ce système créé contre le reigne de la monarchie et par et pour la bourgeoisie, n’est plus adapté au monde actuel de domination planétaire de la finance et du capital ; il est corrompu, contaminé et définitivement condamné par l’invasion de la puissance capitaliste mondialisée ; son mode apparent de gestion, fondé sur le système des partis politiques hérité du 19è siècle, est profondément archaïque et dépassé face à la transformation hallucinante de l’économie, du travail, de la vie qui nous est laissée.
 Le travail, ou ce qu’il reste de l’ « emploi », sont dès lors dirigés par les principes de précarisation/numérisation/ubérisation/robotisation/santé démolie ; les ex-"travailleurs", actuels ou futurs esclaves modernes, et en attendant les robots, sont donc des "surnuméraires".

Déjà nous sommes soumis à un contrôle bio-politique sans limite de toute notre vie ou ce qu’il en reste, et ce contrôle ne cesse de s’accroître....
- Quelque chose ne va plus dans ce que nous appelons encore l’ETAT,
avec cette vaste arnaque électorale (de la primaire à la présidentielle) dont se détourne ou se moque plus de la moitié de notre jeunessese, avec ce que les pouvoirs en place, indifféremment, ont fait de nos voix, des référendums comme celui de 2005 contre l’Europe du fric, ou celui lancé par Siriza l’été dernier contre l’étranglement des Grecs par la finance, avec la suite que l’on connaît...
Il nous faut donc, même à regret, nous poser la question de l’ETAT, du GOUVERNEMENT, de la délégation de pouvoir comme mode de gestion de la collectivité, à quelque échelle que ce soit. Autant en effet, cette soumission volontaire pouvait encore passer quand nos dirigeants nationaux avaient quelque pouvoir sur l’économie, quand nous avions encore un tissu productif « national »- aujourd’hui vendu à la Chine, sauf le nucléaire mais ça vient - , quand existaient ces services publics créés par nos combats, ou des droits sociaux … pour les citoyens « nationaux » , droits arrachés sous la poussée des luttes nationales... Aujourd’hui c’est fini, le pouvoir est ailleurs, nos élus ’ »nationaux » ou même européens sont au service exclusif du capital, qui ne leur laisse que l’usage des forces armées pour mieux nous juguler... jusqu’à tuer ceux qui luttent pacifiquelent (Rémy Fraisse) , et le temps nous manque pour éviter les catastrophes qui viennent...

1. Quand on pose cette question : « par qui et comment nous gouverner ?  », force nous est de regarder dans l’histoire du monde les très nombreux exemples de vie sans Etat (Cf "La Société sans Etat" de Pierre CLASTRES), moins meurtriers que d’autres semble-t-il, avec des assemblées de village, des chefs de village rotatifs, des juges de la coimmunuaté, comme cela existait et existe encore dans des endroits de la planète non encore conquis, mis à genoux, par le capital, zones montagneuses, îles (Cf Edouard Glissant), déserts, coins d el’Afrique, Chiapas, Tibet résistant, ex-Yougoslavie, ce que j’ai connu à 18 ans chez les Amérindiens Navajos, Zunis, Hopis, Cheyennes, Apaches.. et n’ai jamais oublié.

De même peut-on encore raisonner en termes de NATION...notion inventée quand cela avait encore un sens, avec des circuits de production et de circulation de monnaie et de marchandise nationaux.. . et qui veut dire quoi face à un capital mondialisé plus fort et insaisissable que jamais
sauf à faire rêver les désespérés, le pénistes ou djihadistes ? Qu’est-ce aujourd"hui qu’une ’"nation" sinon l’exécutant docile du capital, à qui il confie encore , en démocratie, le bras armé de son pouvoir - dans les autres pays, plus besoin, les mafias font leur loi.

Cette nouvelle génération en politique a compris que rien ne sert de rédiger des constitutions, des cahiers de doléances ( rappelez vous le sort fait aux milliers de doléances rassemblées par ACLEFEU après la révolte de 2005 et dont les représentants du pouvoir ne voulurent pas !), ni de se borner à manifester gentiment les WE ou de 15 jours en 15 jours pour se faire "entendre" ou "écouter", car Sarkozy l’avait avoué : « ils » s’en moquent (on le vit clairement et pour la première fois lors du mouvement des retraites en 2010, où malgré des milliers et millions de manifestants, seules les grèves, occupations d’usines ou entreprises et blocages des flux matériels ou immatériels du capital les ont fait trembler...)

En effet pendant que les syndicats comptent leurs troupes bien étiquetées et désunies dans les cortèges, pendant que l’on passe son temps à rédiger des PROPOSITIONS, ou à élaborer en abstrait, comme paradigme pour le futur, ce fameux et introuvable PROJET pour des lendemains de prise de pouvoir qui - l’histoire nous l’a montré - n’ont jamais chanté..., eh bien pendant ce temps là-haut ils rigolent bien de nous, tant que le capital circule lui librement et s’accumule.

2. Or diverses alternatives de vie existent et se bâtissent ici et maintenant sous nos yeux.
Nos jeunes ont compris - même pour ceux jamais allés à NDDL mais qui ont quand même croisé des squatteurs libres, des autonomes, bref cette sacrée mouvance appelée "kyste" par notre cher Vallseur de Roms.. ou qui ont lu "A nos amis",du Comité Invisible, ou "Défendre la ZAD" et « Contrées » du Collectif Mauvaise Troupe
que dès maintenant on peut faire un pas de côté, s"installer ici ou là, planter, cultiver, enseigner, bâtir, faire du pain bio, échanger des outils, des semences, se soigner par les plantes, créer des liens de solidarité... bref, revivre, pas seulement s’imaginer ou préparer un autre avenir... pour demain, après le « Grand soir », mais le vivre là, au présent, cet autre monde, oui certes à une échelle territoriale que d’aucuns diront trop limitée ou trop locale, mais dès à présent entre deux attaques répressives, car ces éexpéreinces sont ce qui dérange le plus le pouvoir politico-financier qui nous domine.. Oui..échapper à leur domination marchande et à leur sujétion volontaire, asservissante, ...

Ces expériences alternatives immédiates - quelques unes si belles décrites par le film de Yannis Youlountas "Je lutte donc je suis", mais aussi par le film sur la ZAD de NDDL projeté et entr’aperçu hier soir le 20 avril place de la République devant des dizaines et peut-être des centaines de gens venus se ressourcer et se redonner confiance à Nuit Debout ! - nous montrent la voie, ni unique, ni préformatée, mais bâtie jour après jour par tous, en tâtonnant et en affrontant nos divergences, avec cette solidarité, ce respect mutuel, dûs à de la puissance partagée, espoir, souci de l’environnement, justice sociale, ouverture à l’autre... tout le contraire de confier son pouvoir et son destin aux mains d’apprentis sorciers de la catastrophe, juste animés du sens aigu de leurs propres intérêts, et prêts à à peu près tout pour le garder (état d’ « urgence »militaro-policier mais pas sociale, suppression de nos rares libertés d’expression, de manifestation, de désobéissance, de grève..., « déchéance » etc..., tout pour emprisonner les récalcitrants, légion dans nos prisons pour les minorités visibles, enfants de nos colonisés...)

3 C’est ce NOUVEL AGIR POLITIQUE que je voudrais faire décrire dans l’atelier à plusieurs voix, tant par des intellectuels organiques, des chercheurs que par nos concitoyens entrés en résistance et en création d’alternatives , car il fait appel à de nouveaux concepts et à de nouveaux outils :
4 - il se passe des chefs et des leaders
5 - il n’a plus besoin des partis, ni de leurs prétendues idéologies fermées, et concurrentes
6 - il crée ses structures, ses outils de gestion commune, au fur et à mesure des besoins et des conflits, sans s’enfermer dans des préceptes immuables tels que les enseigne encore le marxisme pur et dur (trahissant la richesse d ela pensée de Marx), car il invente des « agencements collectifs d’institution » tels que les nomme Pascal Nicolas Le Strat dans son livre juste paru « Le travail du commun », s’inspirant lui-même de Deleuze, Guattari, etc
7 - il élabore, remanie si besoin, sous contrôle collectif, des modes de gestion des biens communs (eau, air, terre, arbres, animaux, énergie, alimentation et agriculture, services collectifs...)
Cf . Les travaux d’auteurs comme : Bernard Aspe ( « Les mots et les actes » ou « Horizon inverse »), Alain Brossat (« La démocratie »), Pierre Dardot et Christian Laval sur les Communs, Josep Rafanell I Orra ( « En finir avec le capitalisme thérapeutique. Soin, politique et communauté »), Pascal Nicolas-Le Strat (« Le travail du commun »), Collectif Mauvaise Troupe (« Constellations » 2014 et « Contrées » 2016) , le Comité invisible (« A nos amis »), Benoît Borrits « Coopératives contre capitalisme » , etc

Voilà l’esprit de l’atelier que je vous propose de coordonner avec d’autres.

Evelyne Perrin, membre de la LDH, cofondatrice des réseaux ouverts d’information et de soutien aux luttes contre la précarité et la souffrance au travail STOP PRECARITE en 2001 (cours gratuits de droit du travail) et STOP STRESS MANAGEMENT en 2011, de l’association SANG POUR SANS en 2012 spécialisée dans le soutien des exclus et sans droits...sans nom et sans place..., économiste, et sociologue formée sur le tas, syndicaliste SUD 94. Tel 06 79 72 11 24