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Retour de l’AG de Romeurope Marseille 2021

Christian Delarue représentant du MRAP

dimanche 26 septembre 2021, par Commission Démocratie

Les Roms et Tsiganes qui vivent dans des bidonvilles sont les personnes les plus frappées par la pauvrophobie et le racisme (conjonction fréquente de deux agressions fortes).

Et ce aussi bien en termes d’insultes racistes (« au-dessus de la surface de l’eau » si l’on prend l’image de l’iceberg) que de discriminations structurelles et factuelles répétées (en dessous de la surface, donc moins visibles). L’accès aux droits se transformant systématiquement en portes fermées et en discriminations contre les enfants (pas de scolarité ou scolarité difficile amputée), les adultes (portes fermées).

En effet, une mentalité primaire, destructrice, anti-Rom et anti-pauvres (en termes de pauvrophobie et de classisme (1)) continue de sévir durement en France . Elle est agissante sous de multiples formes allant du stigmate répété à l’attaque collective de camps (2). Les pouvoirs publics sont encore peu efficaces pour combattre ce fléau. Il arrive même que la police et le préfet participent au travail de mort, avec agression des personnes et destruction matérielle des camps et bidonvilles, le tout sans relogement, et donc avec des familles avec enfants mis brutalement à la rue, sans abri. Quelle honte ! Quelle indignité ! Cette inversion du parcours de progrès revient à inscrire l’action de l’Etat dans une logique barbare (« thanatos »). Elle valide aussi l’existence d’une romanophobie d’Etat qui vient renforcer le racisme diffus contre les Roms.

La résorption positive de la vie en bidonville ne peut, selon nous, se réaliser que d’une façon civilisée, c’est à dire d’une part avec un accompagnement social préventif, et d’autre part avec un transfert vers un véritable logement, un habitat correct, salubre, stable (pas un hébergement (3)), et si possible adapté à la structure communautaire quand les familles souhaitent vivre les unes à côté des autres. Promouvoir la civilisation, c’est en effet construire une bonne sortie du bidonville et de la pauvreté.

Notre pays étant très riche, cela ne devrait poser aucun problème : il faudrait juste que l’argent n’aille pas à l’argent, que la finance ne nourrisse pas sans fin la spéculation et le portefeuille ultra-gonflé des gros actionnaires !

Les organisations antiracistes sont évidemment concernées mais, sauf le MRAP ou la LDH, elles sont trop peu actives sur ce champ d’action difficile.

La cause Rom doit remonter dans l’agenda des forces de progrès.

Comme il existe encore socialement une plèbe subissant la pauvrophobie (plus le racisme), il existe aussi géographiquement des territoires bidonvillisés laissés à la misère la plus forte, à l’image de ce qu’on nommait jadis le tiers-monde (je peux en témoigner) ! Ces deux aspects doivent être reliés.

Première chose à ne pas oublier ! Ne pas se laisser distraire ! Seconde chose : relier en théorie et en pratique les aspects marginalisation sociale et économique (pauvrophobie) et raciste (romophobie - anti-tziganisme) et l’aspect marginalisation périphérique dans le mal-logement, voire le sans-abrisme.

Christian DELARUE

XX

1) Le classisme est une domination des classes dominantes du capitalisme qui frappe largement le peuple-classe (les 98 ou 99%) par imposition de normes ou règles injustes alors que la pauvrophobie frappe durement et uniquement en actes et/ou en stigmates les plus pauvres qui survivent avec très peu de ressources et peu d’accès aux services publics et aux droits sociaux.

2) Nous avons rencontré Claude Rambeau qui était à Romeurop Marseille
lire : « On est rentré et on a tout cassé » à Rosny-sous-Bois, tension maximale autour d’un camp Rom.

Il faut ajouter Montpellier : Passant de l’UEMS de Nantes (Université d’été des Mouvements sociaux) fin août à l’AG de Romeurope à Marseille ces 3, 4 et 5 septembre 2021 à Marseille, j’ai été frappé par cette soudaine politique de « romanophobie d’Etat » à Montpellier qui va à l’encontre de toute politique de civilisation en la matière (qui préexistait dans ce département). Le monde antiraciste est choqué d’une telle violence préfectorale, barbare et honteuse. Il s’agit de lutter contre le racisme anti-Roms, la pauvrophobie et le mal-logement et pas de soutenir le sans-abrisme !

cf communiqué de CNDH Romeurope

3) Il faut distinguer l’hébergement qui est provisoire et hors de chez soi du logement qui relève du « chez soi » (contrat de location avec des droits et obligations).

Retour de l’AG de Romeurope Marseille 2021 (4 et 5 sept)
Christian Delarue représentant le MRAP

http://amitie-entre-les-peuples.org/Retour-de-l-AG-de-Romeurop-Marseille-2021-Christian-Delarue-MRAP