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Côte d’Ivoire : halte à la criminalisation de l’opposition

Communiqué du Comité pour la libération des prisonniers politiques ivoiriens (Paris le 29 Août 2012

mardi 4 septembre 2012, par Groupe Afrique

LIBERATION IMMEDIATE DE LAURENT AKOUN ET DES PRISONNIERS POLITIQUES IVOIRIENS !

HALTE A LA LA CRIMINALISATION DE L’OPPOSITION, AUX ARRESTATIONS ET EXECUTIONS ARBITRAIRES, AUX DISPARITIONS DE CIVILS POUR DES MOTIFS ETHNIQUES ET DES PRESUPPOSES POLITIQUES ! HALTE A L’ATTEINTE CONTRE LA LIBERTE DE LA PRESSE, ET A UNE JUSTICE DE FAÇADE ! POUR UNE VERITABLE RECONCILIATION NATIONALE AVEC TOUS LES ACTEURS POLITIQUES ET CITOYENS IVOIRIENS.

Alors que plus cent prisonniers politiques continuent à croupir en détention au Nord du pays, dans des conditions scandaleuses qui portent atteinte à leur santé et aux plus élémentaires des droits humains, que le régime Ouattara refuse le transfert humanitaire du franco-ivoirien Michel Gbagbo et la libération de l’universitaire Aké N’gbo Gilbert, de nouvelles interpellations d’anciens hauts responsables du gouvernement Gbagbo et du FPI ont eu lieu à quelques jours d’intervalle.

Le docteur Alphonse Douati, ancien ministre et secrétaire général adjoint du FPI a ainsi été arrêté le 18 août par la DST, avec des proches qui ont été relaxés. Détenu à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, il est accusé « d’atteinte à la sûreté de l’État », pour son lien présumé avec des attaques contre les FRCI. Aucun contact avec ses avocats ne lui a été autorisé. Le dimanche 26 août 2012, M. Laurent Akoun , Secrétaire Général et Porte-parole du FPI , a été interpellé par les FRCI, alors qu’il avait fini d’animer un meeting politique dans la région d’Adzopé et se préparait à participer à une seconde réunion publique.

Il a été transféré à Abidjan puis conduit au camp d’Agban, et à la MACA (maison d’arrêt d’Abidjan), où la visite de son avocat lui a été refusée.

Laurent Akoun a été placé sous mandat de dépôt et doit être jugé pour « trouble à l`ordre public » ce vendredi 31 août.

Par ailleurs, le gouvernement Ouattara a engagé une bataille judiciaire avec les autorités ghanéennes, en vue d’obtenir l’extradition de Justin Koné Katinan, (ministre et porte parole de Laurent Gbagbo), en exil au Ghana. Ce dernier bénéficie du statut de réfugié politique sur le sol ghanéen. Une audience doit également avoir lieu ce vendredi 31 Aout.

Nous condamnons avec force ces « coups de filet » qui marquent la volonté très claire du régime d’Alassane Ouattara de s’attaquer au principal parti d’opposition à travers ses représentants à l’extérieur et à l’intérieur du pays.

Par ailleurs, de graves violations des droits humains ont lieu quotidiennement :

 Enlèvement d’une centaine de jeunes hommes à Yopougon ( Abidjan) le 23 Aout

 Descente des milices Frci dans les villages, maltraitance des populations (jeunes et vieillards) , voire exécutions sommaires ( Guiberoua, Iboguhé,Sahuyé, Dabou), disparitions.

 Viols, pillages, rackets

 Tortures dans des camps de concentration dont l’existence est connue de tous, y compris de l’ONU

Les enlèvements touchent aussi des enfants.

La zone de non droit qui prévaut à l’Ouest du pays se déplace au Sud du pays, avec l’assentiment du régime Outtara.

Les Ivoiriens ne sont plus considérés comme des citoyens mais comme des pro-Gbagbo par un gouvernement qui semble aux abois.

On peut craindre que le parti unique soit de retour, par le biais de la violence comme mode de gouvernance, avec la volonté d’éradiquer l’appareil politique du FPI et de mater toute voix dissidente ou supposée telle . Le siège du FPI a d’ailleurs été saccagé par les nervis ouattaristes.

Enfin de graves atteintes à la liberté d’informer ont eu lieu, avec le pillage du siège du journal « Le Temps », journal de la « presse bleue » (proche de Laurent Gbagbo) . Son directeur de publication est également embastillé depuis le mois de mars.

Nous en appelons à la mission fondamentale des organisations des droits de l’homme et de protection de la liberté de la presse, si promptes à dénoncer les exactions de l’ancien régime, plongées dans un mutisme complice et incompréhensible à l’heure où la Côte d’Ivoire connaît une des pages les pus sombres de son histoire, jusqu’à voir sortir de son immobilisme le président de la CDVR, Commission Nationale Dialogue, Vérité et Réconciliation.

Devant cette épuration politique et sociale, nous interpellons aussi ici François Hollande, Président de la République française, et Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, qui doivent se rendre au sommet de la francophonie ce vendredi 31 Août afin qu’ils prennent leurs responsabilités devant l’histoire, face à une dictature que la France, à travers le régime chiraquien, puis le régime sarkoziste, a contribué à installer- et que Ouattara a dupé en prétendant, durant ses derniers entretiens à Paris, « normaliser » la situation des prisonniers politiques !

Nous demandons la protection des civils qui ont droit à la sécurité, dénonçons la mise en place d’une véritable dictature et exigeons la libération des prisonniers politiques, le transfert humanitaire du franco-ivoirien Michel Gbagbo, la relaxe de Laurent Akoun et Alphonse Douati , ainsi que de tous les anonymes enlevés arbitrairement et tenus au secret dans des lieux connus et inconnus.

Paris le 29 Août 2012

COMITE POUR LA LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES IVOIRIENS