Accueil > Groupe Afrique > Non au racisme d’Etat ! (contribution au contre-sommet Afrique-France)

Non au racisme d’Etat ! (contribution au contre-sommet Afrique-France)

mercredi 4 décembre 2013, par Groupe Afrique

Non au racisme d’Etat à l’encontre des citoyens et des peuples du Sud !
Pour une politique de migration et de coopération respectueuse des droits démocratiques...

Faisant suite aux manifestations lycéennes qui demandent l’arrêt des expulsions des jeunes migrants scolarisés, la mobilisation anti-raciste est à la mesure du danger que fait courir la xénophobie au système démocratique. Le MRAP, membre fondateur d’Attac France, a pris ses responsabilités en portant plainte successivement à l’encontre des propos racistes du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls au sujet des populations Roms, et du journal Minute injuriant la garde des Sceaux, Christiane Taubira .

Les pouvoirs publics, de gauche comme de droite, mènent depuis trop longtemps une chasse systématique aux migrants et recourent trop souvent à la désignation de l’Islam comme une menace, la persécution des Roms amplifiant ces dérives. Cette politique, qui légitime les idées de l’extrême droite, vise à détourner l’attention de la crise socio-économique et des véritables causes de l’insécurité. Les humiliations et préjudices causés aux populations et citoyens discriminés ont des effets délétères sur la possibilité de "vivre ensemble ici".

S’il est vrai que le vote d’extrême-droite cristallise en Europe l’amertume de ceux qui subissent la violence du système néo-libéral, il résulte aussi en France d’une histoire coloniale pas encore assumée et close. Cinq décennies après les indépendances, le néo-colonialisme francophone poursuit l’exploitation des richesses des anciennes colonies, au mépris des aspirations maintes fois exprimées par les peuples au développement culturel, politique et socio-économique. Dans le cadre de l’Union européenne, aux côtés des institutions monopolisées par les puissances occidentales (FMI, Banque mondiale) et avec la complicité des dirigeants de l’ONU, la « Coopération » continue à jouer son rôle de flic du continent africain. Son interventionnisme s’amplifie au fur et à mesure de la crise des Etats post-coloniaux, sous l’effet de politiques ultra-libérales et de stratégies de division ethnique relayées par la maffia françafricaine aux commandes : au Rwanda en 1994 (opération Turquoise), en Côte d’Ivoire depuis 2002 (opération Licorne) , en Lybie en 2012 (opération Harmattan), au Mali en 2013 (opération Serval), bientôt en Centrafrique… Dans ce pays, la base militaire est depuis un an en défaut avéré de protection de peuple en danger ; même chose en Côte d’Ivoire avec la force Licorne, au moment des massacres de populations civiles. L’intervention programmée pour le 19 décembre, une nouvelle fois sans vote du parlement, s’effectuera alors que la destruction des infrastructures étatiques est largement consommée. Pour finalement tirer les marrons du feu ? Comme l’écrit Survie, membre fondateur d’Attac France, « la loi de programmation militaire pour la période 2014-2019 (…) réaffirme dangereusement les visées néocoloniales de la politique étrangère française, qui s’exercera prioritairement, selon le Livre Blanc, à l’encontre des pays d’Afrique subsaharienne ».

Les résultats, on les connaît : génocide, guerres civiles meurtrières, démantèlement des acquis démocratiques et des souverainetés nationales, essor du terrorisme intégriste et du nombre des otages français…. C’est sur la base du pourrissement de la situation que se développe la composante djihadiste, à l’aide d’une économie de traffics (armes, narco-traffics...) ; ainsi, la menace d’imposition obscurantiste ou de celle des chefs de guerre est confirmée dans de nombreux pays ou régions, Lybie, Côte d’Ivoire, nord du Nigéria et du Cameroun, Centrafrique, Niger... Dans le même temps, l’UE avec le soutien de la France a lancé un ultimatum aux pays ACP pour mi janvier 2014, pour signer les nouveaux accords APE qui renforcent ses diktats commerciaux.

A tous ces titres, la tenue à Paris du sommet Afrique-France sur le thème de la sécurité (6-7 décembre 2013) relève d’une manipulation intéressée au maintien de l’ordre ancien. Le combat du terrorisme et de ses bases arrières, si légitime soit-il, ne peut servir de diversion. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la démocratisation des relations Afrique-France-monde et des institutions nationales qui sont sous leur dépendance, c’est le développement d’une culture de paix qui remobilise les peuples pour la restauration de leur intégrité géo-politique.

Il est temps que l’opinion française soit informée de la politique extérieure menée en son nom : le racisme d’Etat, qu’il nuise aux citoyens non européens ou les peuples du Sud, est inacceptable. La progression de l’extrême-droite et de ses idées, y compris dans une partie de la gauche de gouvernement, n’est pas une fatalité. La rupture avec les diktats des marchés financiers et avec l’austérité passe par la mise en place d’une autre politique de Coopération et de migration, notamment avec les anciennes colonies. Un co-développement équitable, le rééquilibrage des termes de l’échange Nord-Sud, du prix des matières premières, en particulier dans le cadre des accords ACP, sont des nécessités pour remédier aux migrations de la misère.

Pour échapper à la guerre de tous contre tous, à laquelle conduisent inéluctablement les politiques néolibérales et sécuritaires, c’est cet horizon enfin décolonisé et altermondialiste que nous sommes invités à construire . Mobilisons-nous pour les manifestations anti-racistes des 30 novembre et du 7 décembre , ainsi que pour celles du contre-sommet Afrique-France, les 4 et 5 décembre.
annulation du sommet
• fin du soutien diplomatique, économique, militaire, policier et des ventes d’armes aux régimes répressifs
• suppression des bases militaires françaises en Afrique, contrôle par le Parlement des OPEX (opérations militaires)
• négociation d’accords APE dans le respect de l’intégrité géo-politique et commerciale des pays du Sud


Documents de référence

http://www.mrap.fr/contre-le-racisme-sous-toutes-ses-formes/racisme-ordinaire/le-mrap-depose-plainte-contre-manuel-valls

http://www.mrap.fr/contre-le-racisme-sous-toutes-ses-formes/lutte-contre-lextreme-droite/la-ab-une-bb-de-minute-stop-a-cette-surenchere-raciste-nauseeuse-et-abjecte

http://www.assembleenationale.fr/14/propositions/pion0131.asp (2012)
http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion3647.asp (2011)

Survie : Non à une loi de programmation militaire qui consacre l’ingérence, l’opacité et l’impunité
http://survie.org/francafrique/article/ingerence-opacite-impunite-une-loi-4578

http://frantzfanonfoundation-fondationfrantzfanon.com/article2201.html

http://www.mrap.fr/contre-le-racisme-sous-toutes-ses-formes/marchons-contre-le-racisme-le-30-novembre-2013-a-paris-en-france-et-dans-les-dom-com

http://survie.org/francafrique/article/la-paix-en-afrique-ne-doit-pas-se-4577

http://franceressaisistoi.wesign.it/fr

http://www.stop-racisme.licra.org/p/racisme

http://www.change.org/fr/pétitions/combien-de-bananes-faudra-t-il-appel-pour-un-plan-d-action-contre-le-racisme?share_id=uLSQRrdpVB&utm_campaign=signature_receipt&utm_medium=email&utm_source=share_petition