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M. Hollande, ne cautionnez pas la dictature gabonaise en recevant Ali Bongo ! (pétition de Survie)

jeudi 28 juin 2012, par Groupe Afrique

Depuis 1967, le soutien politique et militaire français a permis à Omar Bongo de se maintenir en échange de l’accès au pétrole et à l’uranium du pays et du financement des partis politiques français de tous bords, comme le révéla la célèbre Affaire Elf. Il fut un dictateur brutal qui détourna une part importante des revenus pétroliers du pays. Son fils Ali Bongo, mis en cause en France dans l’affaire des biens mal acquis et arrivé au pouvoir en 2009 à la suite d’élections truquées et de violences, suit le même chemin. La répression et les emprisonnements à l’encontre des étudiants et des membres des partis d’opposition et de la société civile au début du mois de juin en témoignent une nouvelle fois.

Le Parti Socialiste français a dénoncé le soutien français à Ali Bongo depuis 2009. En campagne, François Hollande lança « je veux que le 6 mai soit une bonne nouvelle pour les démocrates et une terrible nouvelle pour les dictateurs » et s’est engagé à mettre fin à la Françafrique. Pourtant, contre toute attente, il a prévu de recevoir le dictateur gabonais le 5 juillet.

Pour concrétiser la République irréprochable qu’il a promise et pour apporter un réel soutien aux démocrates gabonais qui se mobilisent pacifiquement au Gabon, François Hollande ne doit pas apporter de caution diplomatique au régime dictatorial gabonais. Ne pas recevoir Ali Bongo, c’est un acte simple et sans ingérence qui envoie un signal fort pour la démocratie et un premier pas vers la fin de la Françafrique.

http://www.avaaz.org/fr/petition/M_Hollande_ne_cautionnez_pas_la_dictature_gabonaise_en_recevant_Ali_Bongo/?cEkwbbb


Les étudiants dans les geôles du pouvoir gabonais (15 juin 2012)

http://mygab.tv/profiles/blogs/les-etudiants-des-les-geoles-du-pouvoir-gabonais

Depuis lundi dernier, une vingtaine d’étudiants grévistes de l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville sont enfermés dans une cellule exiguë de la gendarmerie pour avoir tenu tête aux forces de l’ordre lors d’un rassemblement. Profitant de leur incurie, ils ont réussi à faire sortir une vidéo et des photos de leurs conditions de détention, simplement sordides.

C’est au cours d’une assemblée générale tenue le 11 juin pour sensibiliser leurs camarades à leurs revendications syndicales que 21 étudiants grévistes de l’UOB ont été interpellés par la gendarmerie. Refusant de mettre un terme à leur réunion, les frondeurs se sont alignés devant les forces de l’ordre, préférant se constituer prisonniers plutôt que de renoncer à leur mouvement. Embarqués dans une fourgonnette au siège de la Direction générale des recherches (DGR), un service de la gendarmerie, les jeunes sont, depuis, détenus dans une étroite et sombre cellule en attendant d’être présentés au procureur. Deux d’entre eux, dont notre Observateur, ont été libérés. Selon eux, leur état de santé aurait inquiété les gendarmes.

Les étudiants ont réussi malgré les fouilles à garder un téléphone portable avec lequel ils se sont filmés et pris en photo entassés torse nu dans leur cellule, où ils ont entamés une grève de la faim. Sortis des murs, les clichés circulent depuis mardi sur Facebook, suscitant une vague d’indignation. Aux yeux de l’abbé Bruno Ondo Mintsa, un leader de la société civile gabonaise joint par FRANCE 24, elles dévoilent les "méthodes dictatoriales" du régime : "Ce qui est inadmissible, c’est qu’ils ont été arrêtés pour troubles à l’ordre public, alors qu’ils étaient à l’intérieur du campus". Selon lui, les jeunes toujours incarcérés ont été torturés par les gendarmes à la suite de la diffusion de ces images.

[Nous cherchons à joindre la gendarmerie et le ministère de la Défense à Libreville. Nous publierons leur déclaration une fois que nous aurons une réponse].

À l’origine de la révolte étudiante, une réforme du système universitaire votée en 2010 mais que beaucoup n’acceptent pas. Les étudiants en grève demandent, notamment, la suppression de la limitation d’âge pour l’accès aux bourses (27 ans) et une harmonisation du système LMD (Licence-master-doctorat). Depuis janvier, de nombreux accrochages entre jeunes grévistes et forces de l’ordre ont éclaté, si bien qu’à la demande du recteur, des unités anti-émeutes ont été déployées à l’intérieur du campus.

http://www.youtube.com/watch?v=ttlrmrzN9gM&feature=player_embedded

"Il y avait de la chiure et de l’urine sur les murs, une cellule où même les criminels ne méritent pas d’être jetés"
Edvine Ballack Obama, 22 ans, est étudiant à l’Université Omar Bongo. Il fait partie des 21 grévistes arrêtés lundi et détenus à la DGR. Il est sorti de la cellule mercredi après-midi.

Quand nous sommes arrivés à la DGR, ils nous ont demandé de nous déshabiller. Moi, j’ai d’abord refusé, alors j’ai été giflé et j’ai reçu un gros coup à l’oreille. Quand on leur disait que la Constitution interdisait ce genre de mauvais traitements, les hommes répondaient par des gifles. Puis, ils nous ont emmenés dans un trou noir, une cellule où il y avait de la chiure et de l’urine sur les murs, et énormément de moustiques.

Deux étudiants étaient asthmatiques. Or, dans le cachot, il n’y avait pas de fenêtre, donc pas d’air. Ils ont réussi à négocier avec les hommes de la DGR de ne pas passer la nuit en cellule. Ils pouvaient donc rentrer au campus pour dormir mais étaient contraints de revenir le matin pour passer la journée au cachot. Dès le deuxième jour, on leur a donné les photos que l’on avait prises avec nos portables pour qu’ils les mettent sur Internet et alertent l’extérieur de la situation.

"On nous a demandé : ‘De quelle ethnie êtes-vous ? Qui est derrière vous ?’"

Chacun de nous a été interrogé individuellement. Ils ont posé à chaque fois les mêmes questions : ’De quelle ethnie êtes vous ?’, ’Qui est derrière vous ?’. Ils voulaient savoir si on était fang, parce qu’ils pensent que nous sommes soutenus par André Mba Obame [figure de l’opposition gabonaise depuis la mort d’Omar Bongo et candidat malheureux à la présidentielle de 2009. Il est fang, l’ethnie majoritaire du Gabon que le pouvoir associe à l’opposition, NDLR]. Nous, on répondait qu’on voulait simplement revendiquer nos droits d’étudiants. Ils nous ont aussi demandé de signer un procès-verbal disant qu’on mettait fin à notre mouvement à l’université. Aucun d’entre nous n’a signé.

Mardi après-midi, j’ai commencé à me sentir très mal. Je n’arrivais pas à respirer, les mauvaises odeurs et les piqûres de moustiques m’ont fait faire un malaise [un premier étudiant avait été libéré quelques heures plus tôt souffrant, selon Edvine, de problèmes respiratoires, NDLR]. Les autres ont frappé à la porte pour qu’on vienne me chercher. Les agents m’ont sorti de là mais ils m’ont ensuite abandonné par terre pendant près d’une heure. Finalement, on m’a transporté dans une infirmerie de Gros-Bouquet [quartier de Libreville] où on m’a fait une perfusion pendant une heure et ensuite, l’agent m’a ramené au cachot. Hier, vers 15h, ils sont venus me chercher dans la cellule et m’ont libéré au motif que je devais aller me faire soigner. Mais moi, je n’ai pas d’argent pour aller à l’hôpital, je suis donc retourné au campus.

Depuis que je suis sorti, les agents de la DGR n’arrêtent pas de m’appeler sur mon portable. Ils me demandent de revenir en cellule, ils doivent avoir peur que je raconte des choses. Je ne réponds plus maintenant, mais j’ai peur qu’ils viennent me chercher à l’université.

Ce billet a été rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à FRANCE 24.