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Impérialisme et classisme : résistance des peuples d’Afrique

Christian Delarue représentant du MRAP

mercredi 4 mai 2022, par Groupe Afrique

A propos de « Résistances africaines à la domination néocoloniale », livre collectif dirigé par Martine Boudet du Conseil Scientifique d’ATTAC, et publié aux éditions du Croquant en 2021 (1).

Il faut sans doute rappeler que le néocolonialisme comme l’impérialisme est multiforme (politique, économique, militaire, culturel) mais surtout classiste, il est le fait du pouvoir des classes sociales dominantes de France, le peuple-classe étant largement innocent dans l’affaire. En Afrique, la classe dominante des USA pratique un impérialisme « par l’arrière », de vigilance sur l’action des « seconds couteaux » comme la France.
Une précision s’impose car il y a débat sur l’implication populaire. Le peuple-classe de France semble divisé en trois secteurs : un secteur pro-colonial en appui de la classe dominante impérialiste française essentiellement sous le prétexte d’éliminer le terrorisme mais en accord avec le ou les gouvernements africains concernés (et c’est là qu’il y a ignorance), un autre secteur est en opposition franche à toute forme d’impérialisme et se trouve en pro-solidarité entre les peuples-classe, qu’ils soient au Nord ou au Sud et sur des bases d’émancipation sociale et politique. Il s’agit d’une gauche minoritaire. Enfin, une zone intermédiaire s’occupe assez peu de cela et se tait : elle n’approuve sans doute pas la politique néo-coloniale mais elle ne s’y oppose pas explicitement.
Autre point : les gouvernements et classes dominantes des pays africains sont-ils pleinement en défense de leur peuple ? N’y a-t-il pas ce qu’on appelle une bourgeoisie compradore tournée vers les marchés mondiaux et potentiellement ou effectivement en alliance avec les bourgeoisies du Nord ? Sans doute peuvent-elles se distinguer sur tel ou tel point mais leur marge d’autonomie ne va pas bien loin.
Au Nord comme dans les Suds, c’est à chaque peuple-classe d’exprimer sa résistance à l’ordre du monde des firmes multinationales et des oligarchies mondialisées. Et une solidarité est à construire entre les peuples et les secteurs militants mobilisés sur cette cause, notamment, comme développé dans le livre, à l’égard de la monnaie coloniale (le franc CFA) et des opérations extérieures militaires au Sahel (dont l’opération Barkhane) !

Christian Delarue

1) https://editions-croquant.org/actualite-politique-et-sociale/710-resistances-africaines.html
Lire aussi cette recension de Claude Serfati, publiée dans la revue "Les possibles" :
https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-31-printemps-2022/debats/article/recension-de-resistances-africaines-a-la-domination-neo-coloniale