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Fin du Rapport Doing Business (Banque mondiale)

Alo Lemou (Attac Togo)

vendredi 24 septembre 2021, par Groupe Afrique

Des irrégularités profondes auraient définitivement convaincu le groupe de la Banque Mondiale à mettre fin à la publication du Rapport Doing Business.

Cet outil censé être une référence en termes de promotion du climat des affaires dans le monde par des gouvernements, a été une arme de discrimination, d’isolement et de règlement de comptes contre certains pays, souvent insoumis à l’égard des diktats des institutions de Bretton Woods et surtout des poids lourds de la finance internationale.

"...Parce que les rapports internes ont soulevé des questions d’éthique, concernant notamment la conduite d’anciens responsables du Conseil des Administrateurs ainsi que de certains employés actuels et/ou anciens de la Banque, la direction a porté les allégations relatives aux mécanismes internes appropriés de reddition de comptes de la Banque,"
écrit la Banque Mondiale dans un communiqué, où il est décidé de mettre fin à la publication du rapport Doing Business. (https://www.banquemondiale.org/fr/news/statement/2021/09/16/world-bank-group-to-discontinue-doing-business-report )

Eh bien, ce n’est pas trop tôt. Cette affaire de Doing business était devenue une niche pour des anciens décideurs du groupe de la Banque Mondiale comme l’ancien président du FMI Dominique Strauss Kahn, actuel bras droit du dictateur togolais Faure Gnassingbé. Pendant que ce dernier était secoué par des manifestations contre sa gouvernance en 2017, Dominique Strauss Kahn et ses compères européens, dont le britannique Tony Blair, sont venus proposer leur expérience des affaires internationales et leurs carnets d’adresses au jeune despote togolais, l’aidant ainsi à se mettre la communauté internationale dans la poche, malgré les enfants tués par son armée et ses miliciens. Des médias internationaux ont touché de gros contrats pour un travail de propagande sur le climat des affaires au Togo, au mépris de profondes violations des Droits de l’Homme, de conditions sociales exécrables (pas d’hôpitaux, privatisation intempestive de sociétés d’État via des contrats opaques, confiscation subtile de terres et de l’agriculture familiale à travers la mise en place d’agropoles et de mécanismes de financements de cultures d’exportation au détriment des productions localement consommées etc.).

Pendant que le prix de tout a presque doublé au Togo et que les populations crèvent la faim, les super conseillers économiques de Faure Gnassingbé ne proposent aucune stratégie, aucun lobby concret, aucun carnet d’adresse permettant d’ouvrir les frontières terrestres qui sont fermées depuis mars 2020. Pendant qu’en Europe et dans l’espace Schengen d’où ils viennent, on a vite fait de trouver des alternatives pour la libre circulation des personnes et des biens malgré la pandémie.

Quant à la Banque Mondiale, elle prévoit à l’avenir, " d’élaborer une nouvelle approche pour évaluer le climat des affaires et de l’investissement."

Pourquoi ne pas évaluer plutôt les Etats du monde qui sont capables de vivre à la sueur de leur front, sans piller les ressources des pays du Sud ? N’est-ce pas ça faire du business d’égal à égal dans le respect ?

Alo LEMOU
Attac-Togo